Il n'y a pas eu la grande affluence attendue au spectacle de tango argentin qu'a présenté lundi 12 juillet, l'Ensemble Julio Bocca au Théâtre romain de Carthage. Cela n'a rien enlevé à la prouesse des danseurs, chanteurs et musiciens qui nous ont emballés sur les rythmes d'une danse évoquant l'amour et la séduction, toute en beauté et en sensualité… Le tango, ce genre musical puisé des airs nés sur les rives marécageuses du Rio de la Plata, dans les faubourgs de Buenos Aires, (Argentine), et de Montevideo, (Uruguay), pendant le dernier quart du XIXème siècle, fait toujours fureur partout dans le monde et particulièrement, en Amérique latine et en Europe. Du tango argentin à Carthage, cela ne se produit pas souvent, et pourtant, le rêve est devenu réalité, avec le passage d'une compagnie célèbre, qui a ses repères et ses traditions dans son pays et hors de ses frontières. La troupe de Julio Bocca nous a conviés à un spectacle différent de ce qui est conventionnellement connu sur le tango argentin. Plutôt, une version qui s'éloigne du tango classique avec une danse argentine, plus dans les orientations folk. La performance artistique réside par ailleurs, dans une alternance entre textes et chorégraphies reprenant ainsi l'histoire de cette danse mythique qu'est le tango, depuis ses débuts jusqu'à sa renaissance, en passant par la période de son déclin. Le spectacle passe en revue dans un premier acte, la naissance de ce genre musical vers 1860. Le second, qui se situe entre 1900 et 1920, décrit une période où le tango connaît un essor remarquable dans les faubourgs ; des bals populaires plus ou moins clandestins s'organisent un peu partout dans les sombres cafés que seule illumine, une piste de danse. L'année 1930 marque un boom du tango auprès de la jeunesse de Buenos Aires et tout ce qu'il représente comme marginalité, contestation et rebellions. Le quatrième acte décrit la période entre 1940 et 1970, quand les nouveaux rythmes comme le rock, le twist et le pop, se substituent peu à peu au tango. Considéré comme passé de mode, le tango connaîtra alors, ses premières heures de déclin, jusqu'à l'arrivée du génie Astor Piazzolla qui fut le musicien le plus important de la seconde moitié du XXème siècle pour ce genre musical, et qui a fait danser des générations d'aficionados, adeptes de cet art exigeant. Le dernier acte qui correspond aux années quatre vingt, jusqu'aujourd'hui, est un retour sur les nouvelles performances et les compositions d'une qualité inégalée qui redonnent au tango ses lettres de noblesse, avec son caractère toujours aussi sensuel et des sonorités aussi captivantes. Le tango sous toutes ses coutures, interprété par une pléiade de danseurs étoiles, qui font partie de la Fondation Julio Bocca dont Cécilia Figaredo et Eleonora Cassano ; cette dernière fut depuis 1989, la partenaire de Julio Bocca avec qui elle a dansé sur les scènes les plus prestigieuses au monde et son répertoire inclut des classiques comme « Le lac des cygnes » et « Don Quichotte » et des œuvres de danse contemporaine et de tango. Une soirée qui marquera d'une pierre blanche ces nuits carthaginoises.