La Tunisie a vécu deux scénarios totalement différents en passant successivement d'un volume produit qui compte parmi les plus faibles à un record de production au cours des trois dernières décennies. Les conditions de la campagne oléicole 2015/2016 ont été nettement moins favorables que celles de 2014/15 avec une production locale de 140 mille tonnes d'huile soit près de 60% de moins par rapport à la campagne précédente. Les prix de vente des olives à huile ont enregistré une tendance plutôt haussière variant de 1.400 à 2.000 DT en février 2016 contre respectivement 0.900 et 1.300 DT durant la même période de 2015. Le souk municipal de Gremda a fermé ses portes à la mi- février soit deux mois plus tôt que la campagne écoulée. Les quantités d'olives qui y ont transité ont diminué de 69% passant de 22 mille tonnes en 2015 à 6.8 mille tonnes jusqu'à la date de fermeture du souk. Les prix des olives ont augmenté passant de 1.000 à 1.600 DT pour les prix minimum et de 1.450 à 2.100 DT pour les prix maximum. Concernant le commerce extérieur, on a enregistré le retour de l'Espagne et de l'Italie sur le marché mondial avec des productions respectives de 1.300 mille tonnes et 350 mille tonnes d'huile d'olive. Avec sa production de 140 mille tonnes la Tunisie ne devrait-elle pas focaliser ses efforts sur un marketing fondé sur la différentiation de qualité et la valorisation via des signes officiels de qualité. Dans cette perspective, l'huile d'olive tunisienne serait labélisée, un label qui, selon un cahier des charges strict (Ctaa), garantirait un système de traçabilité complet et fiable. Un plan de développement D'ailleurs, pour une meilleure promotion de l'huile d'olive, le ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche a établi un plan de développement sur la période 2016/2020 qui viserait une production annuelle moyenne de 230 mille tonnes, et un élargissement de l'oliveraie nationale de 100 mille hectares dont 25% en irrigué. A noter que les campagnes 2013/14 et 2014/15 ont été marquantes pour l'oléiculture tunisienne avec des productions respectives de 70 mille tonnes et 340 mille tonnes d'huile d'olive. La Tunisie a, en effet, vécu deux scénarios totalement différents en passant successivement d'un volume produit qui compte parmi les plus faibles à un record de production au cours des trois dernières décennies. Le dernier record en date ayant été jusque-là celui de 1997 avec un niveau de 310 mille tonnes. Les conditions climatiques, principalement la pluviométries qui ont prévalu pendant les principales phases des cycles physiologiques des arbres, ont été à l'origine de ce grand écart entre les deux campagnes. Ce saut à la fois qualitatif et quantitatif de notre produit a coïncidé avec une conjoncture internationale favorable à la commercialisation de l'huile d'olive de Tunisie à l'extérieur du pays. La production mondiale de l'huile d'olive s'est en effet repliée de 25% avec 2.444 mille tonnes en 2015 contre 3.252 mille tonnes en 2014. L'Espagne et l'Italie, respectivement premier et deuxième producteur à l'échelle mondiale ont vu leurs productions baisser de moitié par rapport à celle de 2014. L'Espagne en raison de la sécheresse et l'Italie en raison de la prolifération de la Bactérie «Xylella Fastidiosa» qui a considérablement affecté la production surtout dans la région des Pouilles au Sud du pays. Un quota tarifaire unilatéral La production espagnole est ainsi passée d'un record de 1.781.5 mille tonnes en 2014 à 841.2 mille tonnes en 2015, soit un recul de 53%, celle de l'Italie a chuté de 463.7 mille tonnes en 2014 à 222 mille tonnes en 2015 accusant une baisse de 52%. Cette conjoncture oléicole en 2015 a incité la Commission européenne (CE) à prendre des mesures pour combler le manque de la production de l'Espagne et de l'Italie et à profiter le plus possible de la production record de la Tunisie. Parmi ces mesures, le règlement (UE) 2015 / 153 qui indique l'ajustement du quota mensuel de février, mars et avril 2015 (9.000 tonnes pour chacun de ces mois en 2015 après n'avoir été que de 1.000 tonnes en janvier et en février, 3.000 tonnes en mars, et 8.000 tonnes pour avril et le reste pour chaque année). Aussi, la CE a proposé d'offrir temporairement à la Tunisie jusqu'à fin 2017 un quota tarifaire unilatéral exempté de droits de douane d'un volume annuel de 35.000 tonnes pour les exportations d'huile d'olive, s'ajoutant aux 56.700 tonnes existantes au titre de l'Accord d'association EU-Tunisie. Ce quota supplémentaire sera ouvert une fois que le contingent annuel existant de 56.700 tonnes sera épuisé. De ce fait, malgré son niveau de production incomparable vis-à-vis de ses concurrents, la Tunisie a réussi à exporter durant cette dernière campagne plus de 300 mille tonnes d'huile d'olive, soit un effort d'exportation de l'ordre de 88%, obtenant ainsi le rang de premier exportateur mondial pour la première fois depuis la campagne 2004. Le prix de vente moyen annuel en 2015 a augmenté de 8.2% avec 6.256 DT/ kg contre 5.78 l'année précédente, ce qui lui a garanti un revenu de 1.891.9 millions de dinars, soit plus de 50% du total des exportations agricoles et alimentaires durant cette même campagne. En plus des marchés traditionnels, tels l'Europe et l'Amérique du Nord, les exportations de l'huile d'olive tunisienne ont été récemment diversifiées vers d'autres destinations au Moyen-Orient, en Asie, en Afrique et en Australie.