La soirée « Fabulous » de Yasmine Azaïez du jeudi 17 août au Théâtre romain de Carthage a démontré que les traditions qui ont pourtant la peau dure peuvent être bouleversées. L'instrument musical et sa présence en solo dans nos manifestations culturelles, la formation et la culture de l'instrument musical demeurent des questions centrales dans toutes les réflexions sur l'enseignement musical et la programmation culturelle en Tunisie. L'instrument, roi dans plusieurs pays occidentaux, est relégué aux derniers plans dans nos festivals nationaux et internationaux, et pour cause : le public tunisien a été gavé pendant trop longtemps par des spectacles orientaux et tunisiens où la chanson est l'élément principal et l'instrument n'est qu'un accessoire. Il a été également bercé par des mélodies orientales qui ont occupé la totalité de nos espaces radiophoniques, télévisuels, en plus des lieux de représentations publics et privés. Le résultat est parfois affligeant. Des spectacles de musique symphonique sans public, des instrumentistes de musique classique en quête de reconnaissance, d'autres récupérés par des orchestres européens... La programmation de la violoniste virtuose à la 53e édition du Festival international de Carthage est venue briser cet état de fait et démontrer que l'instrument est, à lui seul, un art total où le soliste est à même d'offrir les plus belles soirées au public. La soirée « Fabulous » de Yasmine Azaïez du jeudi 17 août au Théâtre romain de Carthage a démontré que les traditions qui ont pourtant la peau dure peuvent être bouleversées. Avec grâce et majesté, accompagnée d'un grand orchestre d'instrumentistes tunisiens et étrangers, Yasmine Azaïez a ouvert son spectacle avec Prélude pour Carthage, un morceau composé par l'artiste et offert à Carthage et à son public en signe de révérence. Une très belle entrée avec des sonorités aériennes merveilleusement exécutées par des instrumentistes talentueux, parmi lesquels, Ghofrane Miladi au premier violon, une ex-élève de Yasmine Azaïez et actuelle étudiante à l'International Menuhin Music Academy à Londres. Yasmine Azaïez n'a pas pu retenir son émotion devant des gradins archicombles : «C'est pour moi un grand défi de remplir les gradins de Carthage, car nombreux sont ceux qui m'avaient prédit des gradins vides. Aujourd'hui, je leur démontre que je peux être meilleure que Nancy Ajram et que le travail finit toujours par payer», a-t-elle déclaré avec un large sourire de joie. Yasmine s'est lancée dans un enchaînement de morceaux aussi remarquables les uns que les autres, en visitant ses titres issus de son nouvel album «Fabulous», sur un fond d'images dynamiques projetées sur des écrans LED. Un spectacle moderne au cours duquel l'artiste a joué plusieurs titres puisés dans le patrimoine musical national qu'elle a réarrangés à sa manière jazzy, à l'instar de Djerba de Ridha Kalaï et Taht el Yasmina Fellil de Jouini. Une belle soirée au cours de laquelle l'artiste a chanté en solo, mais aussi avec la célèbre jeune artiste Amal Cherif. Une collaboration qui en dit long sur l'esprit de Yasmine Azaïez, ouverte sur les expériences de tout le monde et généreuse jusqu'au bout des ongles.