Le public tunisien, féru de musique authentique a vécu des moments de plaisir, lundi 06 août, à Carthage, avec le grand virtuose irakien du luth, Nacir Chamma accompagné de ses 30 instrumentistes. « C'est le fruit, dit-il, de la Maison Arabe du Oud que j'ai fondée à l'Opéra du Caire. C'était l'un de mes rêves qui vient de se concrétiser en formant cet orchestre, dont les membres sont tous des professeurs de musique, issus ou enseignant dans cette maison... »
Une troupe de musiciens sélectionnés parmi les meilleurs dans le monde, il y avait des Irakiens, des Egyptiens, des Grecs, des Turcs, des Pakistanais, des Tunisiens, un Chinois et un Américain qui manipulaient des instruments essentiellement à cordes et à percussion, dont certains sont exotiques, originaires d'Extrême-Orient. Quoique ces instruments soient différents, ils s'harmonisent et s'homogénéisent tout en préservant leurs particularités, pour enfin produire des mélodies envoûtantes qui vous invitent à un voyage vers de nouveaux horizons. A part le luth ordinaire, employé dans les troupes de musique orientale et dont Nacir Chamma passe pour le maître incontesté, il y avait d'autres espèces d'instruments à cordes hétéroclites. Les instruments de percussion sont également d'une diversité impressionnante, émanant des sons très originaux. Ces trente musiciens ont joué avec un doigté parfait de très beaux morceaux sur des airs orientaux, des maqamet, des taqassim et des compositions musicales puisées dans le patrimoine arabe. Le grand luthiste Nacir Chamma, qui dirigeait cette troupe, avait joué et improvisé en solo des mélodies ensorcelantes. De même, le public a eu droit à des solos exécutés, tour à tour, sur chacun de ces instruments par des musiciens performants. le soir du lundi 06 août, le coup d'envoi fut donné avec une composition musicale orientale. Après quoi, l'orchestre exécuta une distribution musicale intitulée « Massir Wahid » (un destin commun), dédiée aux différentes révolutions arabes. Suivit un morceau en hommage à l'illustre Jalaleddine Erroumi, l'un des plus grands mystiques du soufisme médiéval. (1204-1273). On enchaina avec un autre morceau appelé « Jidariyatou Al Hayet » (Fresque de la vie). Le chef d'orchestre, voulant alimenter sa musique instrumentale avec des chansons vocales, a présenté l'Irakien Annouar Abou Barrar en tant que chanteur qui exécuta deux chansons de la tradition irakienne, dont « Foug Ennakhal ». Nacir Chamma a surpris le public en invitant la chanteuse tunisienne Najet Attaya de le rejoindre sur scène. Cette dernière a interprété un extrait de l'immortelle chanson d'Oum Kalthoum « Anta Omri » Puis, l'orchestre a poursuivi son programme avec une composition « Banafsej » et une autre dédiée au peuple syrien en soutien à sa lutte pour la liberté. Avant de finir avec un morceau intitulé « Khamsa w Khmis Ala Tounès », l'orchestre a exécuté une nouvelle production instrumentale qui porte le nom d'une région irakienne dont le paysage rappelle celui de Aïn Draham », appelée « Chakhaoua ».
Bref, on peut dire que la soirée fut impressionnante sur le plan technique et artistique, l'expérience fut géniale : le public peu habitué à voir toute cette concentration d'instruments à cordes sur une même scène et dans le même concert, est rentré bien satisfait, à en croire les quelques témoignages recueillis à la sortie de l'amphithéâtre !