L'instabilité de la production au Groupe chimique tunisien (GCT) à cause des sit-inneurs demandant à être embauchés et à la Société tunisienne des industries pneumatiques (Stip) pour arrêt des usines de production, ne fait qu'empirer la situation socioéconomique au sein des deux grandes entreprises mais aussi de l'économie du pays, alors que le secteur pétrolier connaît une crise sans précédent... Le patron d'OMV, le plus grand groupe pétrolier et gazier d'Europe centrale, serait actuellement à Tunis pour des entrevues avec le chef du gouvernement et le secrétaire général de la centrale syndicale, l'Ugtt. C'est d'une grande importance pour la Tunisie puisque l'on sera fixé sur le sort du champ Nawara et de la coopération avec ledit groupe... La situation du secteur pétrolier est inquiétante et le secrétaire général de la Fédération générale de pétrole et des produits chimiques, relevant de l'Ugtt, Hasnaoui Smiri, n'a pas manqué hier de lancer un appel d'urgence pour sauver le secteur. L'appel vient suite à une réunion de la commission administrative sectorielle du secteur pétrolier qui a eu lieu hier au siège de la Fédération générale de pétrole et des produits chimiques en vue d'étudier la situation du secteur pétrolier, du Groupe chimique tunisien, de la Stip et de leurs employés, que le secrétaire général de ladite fédération, Hasnaoui Smiri, qualifie d'inquiétante, voire d'alarmante. Pour ce qui est du Groupe chimique, Smiri a souligné qu'en l'absence des quantités nécessaires de phosphate, les usines ne peuvent pas fonctionner convenablement. C'est qu'actuellement des chômeurs demandant à être employés au sein du Groupe chimique bloquent le ravitaillement de ce dernier en phosphate. «La situation ne s'est pas stabilisée jusqu'à maintenant et la production de phosphate n'a même pas atteint les 30% de son ancien rythme en 2010», a affirmé Hasnaoui Smiri. Production pétrolière en nette baisse ! La Fédération générale de pétrole et des produits chimiques a souligné, après la réunion de sa commission sectorielle, son soutien aux protestations et sit-in légitimes et pacifique sans incidence ni sur les lieux de production ni sur l'économie nationale. «Tous les employés des différents secteurs pétrolier, chimique, pneumatique et autres sont menacés par le chômage ! La situation est alarmante et il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités. Nous soutenons tout mouvement de protestation pacifique mais de la manière dont les choses se déroulent actuellement, les employés des différents secteurs sont sous la menace de voir leurs entreprises mettre la clé sous le paillasson ! », a lancé Smiri suite à la réunion de la commission sectorielle. Et d'ajouter: «La situation des entreprises pétrolières au Sahara et à Kébili frôle la catastrophe. On est passé de 46 mille barils par jour, il y a de cela six mois, à 22 mille actuellement ! On était à 110 mille barils par jour en 2010 dont on consommait localement 60 mille, alors qu'actuellement, on consomme plus de 80 mille à 90 mille barils», a affirmé Hasnaoui Smiri qui considère que la ligne rouge dans le secteur pétrolier a bien été franchie. Smiri s'est alerté quant à la volonté accrue de plusieurs entreprises de quitter le pays. D'après lui, même avec une reprise de la production, un travail de six mois est nécessaire pour pouvoir dégager les pistes dans le Sahara afin que les camions puissent relayer les zones de production de pétrole. La Sitep produisait 700 barils par jour, il y a peu de temps, elle est actuellement à 200 barils. Le pays est actuellement en situation de crise et si cela va continuer, dans quatre mois on ne dépassera pas les 10 mille barils par jour», a-t-il conclu avec un ton angoissé... Grève sectorielle Le secrétaire général de la Fédération générale du pétrole et des produits chimiques a ajouté que cette commission vient d'examiner la situation des employés des deux usines de M'saken et Menzel Bourguiba relevant de la Société tunisienne des industries de pneumatiques. «Au début, le principal actionnaire de l'entreprise prenait comme excuse la baisse de productivité, alors qu'il n'avait pas honoré ses engagements par rapport aux salaires des employés. Puis, il avait bloqué la production dans les deux usines. Dernièrement, il a mis à l'arrêt les deux usines. Les employés sont restés sans salaire durant trois mois, après quoi il a payé les salaires des employés de l'usine de Menzel Bourguiba et ceux du siège social mais ceux de l'usine de M'saken n'ont pas encore reçu leurs salaires !», s'est exclamé le secrétaire général de la Fédération générale du pétrole et des produits chimiques, Hasnaoui Smiri. Il a, dans le même ordre d'idées, souligné l'intérêt que porte l'Ugtt à cette société qu'il considère comme importante dans la région, tout en indiquant que l'Ugtt est prête à négocier de quoi remettre cette société sur les rails. Smiri n'a pas caché son inquiétude du non-respect des accords conclus de la part du propriétaire majoritaire de ladite société, et a indiqué qu'une grève sectorielle sera décrétée notamment dans les entreprises qui ne respectent pas les accords conclus. Il a souligné que la date de cette grève et les procédures seront définies par la centrale syndicale et le bureau de la fédération générale. La Société tunisienne des industries de pneumatiques, qui est une société anonyme fondé en 1980, est le principal fabricant de pneumatiques en Tunisie, produisant 650 mille pneus de marque «Amine» par an, soit 15.100 tonnes, grâce à ses deux usines à M'saken et à Menzel Bourguiba. Une capacité de production qui est extensible à 1 million de pneus par an. Après une introduction en Bourse en début 2002, la société a connu un changement, en octobre 2016, dans le tableau des principaux actionnaires et c'est le groupe «Africa Holding» qui depuis dispose de 70% du capital de la société suite à une acquisition de 54,66% de son capital.