Le secteur touristique, qui déplore d'énormes potentialités galvaudées, amorce sa réhabilitation sous des auspices prometteurs. Que dire, sinon que la promotion du tourisme à Sfax a toujours été négligée aussi bien par les plans de développement que par les investisseurs privés. La priorité était en effet accordée aux secteurs d'activité traditionnels tels que l'industrie, le commerce et l'agroalimentaire, et, à un degré moindre, l'artisanat, considérés plus rentables, moins aléatoires et donc plus sécurisants, jusqu'au jour où les certitudes ont commencé à être ébranlées : industrie chancelant sous l'effet des coups de boutoir de la concurrence déloyale et écrasante des produits importés de Chine, commerce frappé de plein fouet par le commerce parallèle et la contrebande, artisanat handicapé par ses prix hors de portée. L'éveil au tourisme Ainsi est née une certaine prise de conscience de l'importance des potentialités que recèle la région : ambiance propice à l'écotourisme particulièrement aux Îles Kerkennah, au tourisme de santé eu égard aux atouts dont elle se prévaut, au tourisme vert en relation avec l'olivier, au tourisme des affaires en tant que centre entrepreneurial de premier ordre, et au tourisme culturel, vu les richesses archéologiques et patrimoniales considérables que ce soit à la médina ou dans les délégations rurales. Outre son riche patrimoine naturel, culturel et archéologique, Sfax se caractérise par un tissu économique important et une infrastructure, base adéquate: autoroutes, aéroport international et ports de commerce et de pêche. «Autant d'atouts susceptibles d'être mis au service du secteur touristique et de créer une destination touristique de qualité, voire unique en son genre offrant une diversité de produits», comme l'affirme TaoufiK, Gaied, le dynamique commissaire régional au tourisme. Du point de vue infrastructure hôtelière et de services dans le domaine touristique, les indicateurs, sans être au top, sont de nature à autoriser des perspectives prometteuses. Le gouvernorat de Sfax compte, en effet, 4.090 lits répartis sur 52 unités touristiques situées à Sfax-ville, aux îles Kerkennah , à Mahrès, Skhira et Bir Ali Ben Khlifa. Ces unités se déclinent en 36 hôtels classés ayant une capacité d'accueil de 3.415 et 16 hôtels non classés ayant une capacité de 673 lits dont 11 ouverts ayant une capacité d'accueil de 505 lits et cinq fermés ayant une capacité d'accueil de 168 lits. La région compte également 68 agences de voyages dont 28 agences de catégorie A, 18 de catégorie B et 22 sections, en plus de huit restaurants touristiques classés. Par ailleurs, durant la période du 1er janvier au 10 juillet 2017,59 445 personnes ont séjourné dans la région. Il est à signaler à ce propos que la région a enregistré un accroissement important au niveau du marché algérien sachant que le nombre de nuitées passées par les visiteurs algériens a connu une hausse de 5,8 % en comparaison avec la même période de l'année 2016. Les projets touristiques Le nombre de projets touristiques dans le gouvernorat de Sfax est de 37 : soit 26 hôtels dont trois sont encore au niveau des intentions d'investissement, trois autres ont obtenu l'accord de principe, quatorze font l'objet d'études techniques et quatre sont en cours de réalisation. Concernant les restaurants touristiques, le nombre de projets s'élève à huit dont trois font l'objet d'études techniques, tandis que les cinq restants sont encore au stade des intentions d'investissement. D'autre part, cinq projets d'agences de voyages passent actuellement par la phase d'études techniques. Les nouvelles créations En 2016, il y a eu l'ouverture d'une maison d'hôtes «Dar Selma», située route de Gremda, d'un hôtel à cachet exceptionnel, ainsi que «Dar Beya», située à la médina. Durant la même année, l'hôtel « Le Palmier » a entrepris des opérations d'agrandissement ayant consisté en l'ajout de 10 chambres ainsi qu'une salle de congrès. Il y a lieu de mentionner également l'ouverture de la maison d'hôtes «Manarat Kerkennah», située à Ouled Bourous, l'aménagement et l'agrandissement du restaurant «Latourouta», à l'hôtel Borj Dhiafa, l'ouverture et la mise en service de l'hôtel «Dar El Hana», classé deux étoiles. Pour sa part, le secteur des agences de voyages a enregistré l'ouverture de deux agences catégorie A, trois agences catégorie B et de trois sections, soit au total 8 agences, en 2016. Au cours du premier semestre de l'année 2017, on a enregistré la création et l'ouverture de quatre agences de voyages catégorie A, quatre agences catégorie B et 9 sections, soit au total 17 établissements. À signaler également l'ouverture, il y a quelques semaines, du nouvel hôtel «Plazza» catégorie cinq étoiles avec une capacité d'accueil de 212 lits, sachant que le coût global du projet a dépassé les 32 millions de dinars. Cette nouvelle unité confirme une dynamique importante dans le secteur touristique en vue de préparer le terrain pour une destination touristique nouvelle. Obstacles à surmonter Toutes ces données ont été présentées lors de la journée consacrée au secteur touristique sur le thème : « Le tourisme à Sfax, état des lieux et perspectives », à laquelle ont pris part les différents acteurs du domaine, qui ont évoqué les obstacles qui se dressent devant la promotion escomptée du tourisme dans la région. L'accent a été mis, à ce propos, sur l'état lamentable de l'infrastructure routière, la malpropreté de la ville, depuis la révolution, la pollution qui hypothèque sérieusement les chances d'un réel décollage du secteur, les problèmes de transport entre les îles Kerkennah et le continent, accentués par les blocages à répétition du trafic maritime, pour des raisons futiles et par des gens hors-la-loi qui n'hésitent pas à prendre en otage les paisibles voyageurs, le retard dans la réalisation du projet Taparura, la non-dépollution du littoral sud et le manque sensible d'unités hôtelières, manque qui se fait ressentir à l'occasion des grandes manifestations économiques comme Médibat ou certains salons spécialisés d'envergure.