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Au royaume des maîtres-artisans
Reportage - Le village de l'artisanat de Denden
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 09 - 2017

Les frais d'exportation coûtent cher, ce qui influe sur la rentabilité du produit, surtout qu'il est important qu'il soit livré dans les meilleures conditions, compétitivité oblige...
Le village de l'artisanat de Denden peut être qualifié de pilote dans la mesure où il a été créé en premier pour rassembler un groupement d'artisans sous la coupole d'une institution de référence, à savoir l'ONA. Un échantillon représentatif de 48 artisans spécialisés dans près de 75 métiers occupe l'espace. Chaque boutique est empreinte d'une touche singulière, celle d'un métier qui se distingue des autres, tant par ses matières premières que par ses couleurs, ses odeurs et son essence. Chaque atelier nous appelle à entrer, de plain-pied, dans un monde unique, où l'artisan règne en maître de céans tout en s'appliquant, tel un apprenti qui cherche à faire ses preuves pour créer un produit, — son produit — lequel serait à la fois, sa source de fierté et de revenu.
Une fois le seuil du village de l'artisanat franchi, le visiteur s'apprête à faire la découverte, non sans émerveillement, ni surprise, d'une multitude de métiers aux techniques diverses et uniques. Le calme règne sur les lieux. Manifestement, le groupement des artisans de Denden ne ressemble aucunement à celui des souks de la Médina. Ici, l'on n'interpelle nullement les passants pour les inciter — quitte à les harceler — à acheter les produits exposés. Ici, les artisans s'appliquent avec minutie à leurs créations tout en étant prêts et ravis à recevoir des clients avisés. En effet, seuls les clients informés et convaincus de l'originalité et de la valeur sûre des produits de l'artisanat de luxe prennent la peine de s'y rendre.
Pour l'amour du métier !
Nos pas nous guident vers l'un des ateliers implantés dans ce village pas comme les autres. Les narines détectent l'odeur de la peinture. La nuque courbée, le regard précis, Hadi Arfaoui s'applique à la finition de porte-serviettes en bois, peints en blanc et décorés de points bleus. Artisan de carrière, il se présente parmi les rares qui ont tenu à faire perdurer la fabrication des cages typiques de Sidi Bou Saïd. «Nous étions une vingtaine à exercer ce métier. Finalement, je suis probablement le seul à n'avoir pas baissé les bras malgré les difficultés relatives tant à ce savoir-faire qu'à la commercialisation du produit», avoue-t-il. Grâce à sa patience, à sa persévérance et à la passion qu'il voue à son travail, Hadi a su se frayer un chemin vers le succès : un succès qui se traduit par un bon rendement matériel mais aussi par cette autosatisfaction salvatrice qui se lit sur son visage. «Pour réussir mon entreprise, j'ai décidé de ne pas trop regarder la montre. Je ne m'aperçois pas des heures que je passe, absorbé que je suis par mon travail. Ce dernier me le rend si bien. D'ailleurs, toutes les commandes reçues pour les mois de juillet et août ont été livrées à temps», indique-t-il, réjoui. Les fameuses cages typiques du village de Sidi Bou Saïd s'affichent telles des colombes de la paix. Leurs formats varient du plus petit ( soit 13 centimètre sur 7) au plus grand (soit 2,9 mètres sur 1,2). Leurs prix oscillent entre cinq dinars et deux mille dinars. Hadi n'a pas hésité à revisiter ce créneau, donnant naissance à de nouveaux produits tout aussi prisés.
S'inspirant desdites cages, il crée en effet des porte-serviettes qu'il vend à 12 dinars ; des plateaux qu'il propose à 40, 60 et 80 dinars ; des bonbonnières et des veilleuses. Les produits de Hadi, sont certes, sollicités à l'étranger. Mais certains facteurs entravent la promotion de leur exportation. «Les frais d'exportation coûtent cher, ce qui influe sur la rentabilité du produit. D'autant plus qu'il est important que ce produit puisse être livré dans les meilleures conditions. Pour ce, un emballage en bois s'impose, ce qui est à la fois coûteux et encombrant», explique-t-il. Il saisit l'occasion pour appeler à la création d'une institution susceptible de remplacer la Socopa et d'aider ainsi les artisans à vendre leurs produits en bon état.
Elle fuit l'exportation, tétanisée par une demande croissante !
Monia Nigra prend majestueusement place sur une banquette recouverte de tissage traditionnel. Entourée de ses tapis traditionnels, dont certains sont accrochés au mur, tels des peintures, laissant afficher leur aspect vieilli qui leur confère toute leur splendeur ; d'autres, plus volumineux, sont soigneusement roulés et rangés les uns à côté des autres.
Cette artisane, de vingt ans de carrière, chapeaute un atelier qui lui assure une production régulière. «Nous nous concentrons essentiellement sur le marché national. A vrai dire, j'ai cessé d'exporter, faute de main-d'œuvre à même de me garantir des commandes importantes. Mieux vaut préserver son image de marque que de se hasarder à conclure des marchés sans pour autant être capable d'honorer ses engagements», avoue-t-elle, en toute honnêteté.
La spécialiste des tapis et du tissage traditionnel agrémente sa collection par des produits de luxe, notamment le «bakhnoug», le «bakhnoug baldi», le «gtif» et autres tissages jetés aux oubliettes. «Le bakhnoug baldi est pourtant très demandé à l'échelle internationale, notamment en Allemagne et en Amérique. Hélas, les artisanes qui maîtrisent sa technique de tissage se comptent sur les doigts d'une seule main. D'ailleurs, tous les tissages qui nécessitent plus de temps et de patience sont délaissés», souligne-t-elle, navrée. Monia a la ferme conviction que le tissage traditionnel tunisien est nettement meilleur que le marocain. En tant qu'ex-exportatrice, elle sait de quoi elle parle. Ce qui devrait d'ailleurs inciter les parties concernées à soutenir les artisanes dans la commercialisation de leurs produits sous d'autres cieux.
Les pas sûrs d'un bijoutier
Un peu plus loin, se trouve la boutique de Abdelrazek Bou Haffra, bijoutier spécialisé dans la fabrication des bijoux inspirés de l'artisanat. Ce jeune a commencé sa carrière comme apprenti avant de se décider à suivre une formation académique et décrocher ainsi son diplôme. L'aspect pratique et l'aspect théorique réunis ont largement habilité Abderrazek à monter son projet et à apporter sa touche personnelle aux bijoux de terroir. «La formation académique a complété mon savoir-faire. J'ai appris alors à parfaire le dessin d'art et à maîtriser le mélange des matériaux», souligne-t-il. La boutique du bijoutier présente une panoplie de bijoux en argent et en pierres semi-précieuses. «Je table beaucoup sur les produits à la fois typiques, simplifiés et pratiques à porter. Les boucles d'oreilles sont proposées à des prix allant de 15 à 50 dinars. Les colliers, entre 30 et 400 dinars», ajoute-t-il. Ce bijoutier ne tardera pas à manier l'or, après l'obtention de l'autorisation qui lui permettra de rejoindre la cour des grands.
Créer est sa raison de vivre...
Souad Kabssi fait, elle aussi, partie du groupement d'artisans et artisanes du village de Denden. A 12 ans, elle a été orientée vers la formation professionnelle, laquelle était jadis jugée comme étant l'ultime cartouche des fainéants. Après avoir versé des larmes de déception, elle s'était vouée à sa nouvelle vocation, ou peut-être à sa véritable passion : l'habit traditionnel féminin et masculin. Depuis, son métier s'est converti en une raison de vivre, un oxygène sans lequel elle ne saurait vivre et exceller. «Pour le costume traditionnel, j'opte pour deux solutions : ou bien je choisis un tissu traditionnel et j'y apporte une touche moderne ou vice versa», indique-t-elle.
Ce qui est certain, c'est que Souad veille, à chaque fois, à créer des modèles uniques, authentiques et différents. Le choix des couleurs et des broderies varie, à son sens, selon les régions. Au nord, les goûts sont plus simplistes. Plus l'on avance vers le sud, plus les broderies deviennent imposantes. Cette artisane a choisi, pour ses nouvelles collections, de proposer des panchos garnis de «sedriya adès», laquelle constitue la broderie typique de la région de Rafraf ou de galons brodés et importés.
Elle a aussi, dans une tentative réussie, ressuscité les mules spécial bain-maure dits «kobkab raguabouch», des mules en bois et garnis de tissus traditionnels qui, semble-t-il, font un tabac dans les centres de spa. Les panchos rehaussés de galons sont proposés à des prix allant de 80 à 120 dinars. Le «kobkab» est à 70 dinars. Quant aux robes garnies de broderie de Rafraf, elles sont à 150 dinars, voire plus.


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