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« La Tunisie dispose d'un potentiel économique important qui demande à être libéré » Entretien avec: Björn Rother, Chef de la mission du FMI pour la Tunisie :
Une mission du Fonds monétaire international (FMI) a effectué, début août dernier, une visite de travail en Tunisie. Les conclusions de la mission sont restées mitigées entre, d'une part, la reprise au niveau de certains secteurs économiques et, d'autre part, la persistance des difficultés économiques structurelles liées à l'augmentation de la masse salariale, à la hausse de l'inflation et au creusement des déficits budgétaire et commercial. Pour Björn Rother, chef de la mission du FMI pour la Tunisie, le renforcement de l'investissement public à travers l'amélioration des revenus fiscaux et la réduction des dépenses courantes est primordial pour stimuler la croissance et la création d'emplois. Un mois est passé depuis votre dernière visite en Tunisie, comment se présente actuellement la situation économique et financière du pays ? Nous apercevons certains signes encourageants, mais aussi des défis additionnels qui se profilent à l'horizon. La croissance semble s'affermir avec, notamment, une bonne performance du secteur minier, de l'agriculture et du tourisme. En revanche, les déficits de la balance commerciale et du budget de l'Etat restent préoccupants et continuent de peser sur un niveau élevé de dettes publique et externe. Présenter un budget, dans le cadre de la loi de finances 2018, qui amorce une consolidation budgétaire tout en donnant plus de place à l'investissement public pour l'année prochaine sera crucial afin de stimuler la croissance et la création d'emplois. Cela permettra également de soulager le fardeau de la dette et ne pourra être envisagé sans une amélioration des revenus fiscaux qui devra être équitable et une réduction graduelle des dépenses courantes, notamment au niveau de la masse salariale. Les ressources ainsi dégagées serviraient à booster les investissements publics. Il serait aussi important de poursuivre le resserrement de la politique monétaire pour mitiger les pressions inflationnistes croissantes. Dans l'état des lieux actuel, pensez-vous que le taux de croissance envisagé de 2,3% en 2017 est réalisable ? Les derniers éléments de conjoncture économique nous amènent à maintenir notre prévision de croissance de 2,3% pour cette année. En plus des bons résultats du tourisme et de l'agriculture qui tendent à se confirmer, une reprise des exportations semble également se profiler grâce, notamment, aux gains de compétitivité issus de la dépréciation du dinar. D'un autre côté, les facteurs baissiers, comme les tensions sociales qui ont pesé sur le secteur extractif, seraient en voie de résorption. Pensez-vous que le gouvernement est en train d'avancer sur les réformes structurelles de l'économie tunisienne et quel impact sur les déséquilibres financiers ? En effet, le nouveau gouvernement entend accélérer les efforts déjà déployés par son prédécesseur dans la mise en œuvre des réformes structurelles. Celles-ci s'inscrivent dans un double objectif : améliorer l'environnement des affaires et soulager les pressions pesant sur les finances publiques. La poursuite de la réforme fiscale, qui est déjà bien avancée, permettra par exemple d'instaurer plus d'équité en matière d'imposition. La réforme de la fonction publique et celle des caisses de sécurité sociale s'inscrivent également dans la logique d'optimisation de l'utilisation des ressources publiques pour avoir un meilleur rendement pour le plus grand nombre de Tunisiens. Par ailleurs, la détermination du gouvernement à lutter contre la corruption sera renforcée par l'opérationalisation de l'Instance constitutionnelle indépendante pour la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption. Ceci envoie un signal fort pour l'amélioration du climat des affaires. Comment se présentent, selon vous, les perspectives économiques et financière de la Tunisie sur le moyen et le long termes ? La Tunisie dispose d'un potentiel économique très important qui ne demande qu'à être libéré. Pour que cela se produise, l'environnement des affaires doit devenir plus attrayant. Cela implique un programme de réforme ambitieux : améliorer l'accès au financement, lutter contre la corruption, moderniser l'administration et optimiser l'utilisation des ressources publiques. Supprimer les obstacles à l'accès aux marchés pour les nouvelles entreprises sera également un élément primordial dans le but d'impulser une nouvelle dynamique économique. La mise en œuvre aujourd'hui de ces réformes permettra d'enclencher un cercle vertueux tiré par l'augmentation des investissements, la création d'emplois et le rehaussement du niveau de vie de tous les Tunisiens. Le secteur privé deviendrait alors le moteur de croissance principal de l'économie.