Les Rencontres Africa, qui se poursuivent aujourd'hui à Tunis, représentent une grande opportunité à saisir par les entreprises tunisiennes. L'Afrique, grand marché tourné vers l'avenir, suscite aussi l'intérêt des Européens, et en particulier de la France. La Tunisie, de par son positionnement géographique stratégique, offre une plateforme pour la coopération entre l'Europe et l'Afrique. C'est sans doute un événement économique incontournable pour les opérateurs économiques tunisiens. La deuxième édition des Rencontres Africa a démarré hier à Tunis pour se clôturer aujourd'hui et simultanément à Nairobi, après avoir atterri à Abidjan, les 2 et 3 octobre 2017. Ces Rencontres réunissent plus de mille dirigeants africains de trente pays, en plus de 300 entrepreneurs français. Les prévisions tablent sur la participation de plus de 3600 entreprises africaines. Une affluence qui dénote l'intérêt que montre la France à l'Afrique, mais aussi à la Tunisie. En 2016, la première édition s'est déroulée à Paris. À Tunis, ces Rencontres sont tenues sous l'égide des gouvernements tunisien et français et ont été rehaussées par la présence du chef du gouvernement, Youssef Chahed, du Premier ministre français, Edouard Philippe, et aussi du Premier ministre burkinabé, Paul Kaba Thieba, lors de l'ouverture de la manifestation, dans une salle archipleine. «Cette manifestation s'inscrit dans le droit fil de notre stratégie de développement et aussi de renforcement de la coopération entre l'Afrique et la France, qui est notre premier partenaire économique. Nous avons établi, de ce fait, une vision édificatrice de coopération privilégiée avec les pays africains dans des secteurs qui représentent des piliers de développement tels que la santé, l'enseignement supérieur, la formation professionnelle, le tourisme, l'habitat et l'infrastructure, les TIC, l'agriculture...», affirme M. Chahed. Il ajoute que le partenariat édifié en Afrique s'inscrit dans une démarche globale progressive, avec l'ouverture de deux nouvelles représentations diplomatiques et nous aurons l'honneur d'inaugurer notre nouvelle ambassade au Burkina Faso. La Tunisie est actuellement membre observateur de la Comesa. M. Chahed indique que l'Afrique présente des potentialités considérables, vu qu'elle connaît une croissance soutenue sur tous les plans. «Il est de notre responsabilité, en tant qu'Africains, de nous investir davantage dans notre jeunesse. Nous aspirons en tant que Tunisiens et en tant qu'Africains à une Afrique prospère», souligne-t-il. S'adressant aux opérateurs économiques, le chef du gouvernement tunisien a fait remarquer que la responsabilité est commune pour répondre à des attentes légitimes de la jeunesse africaine. Objectifs communs Une vision que partage Edouard Philippe, Premier ministre français, estimant que les Rencontres Africa représentent un bel exemple d'une vision d'ensemble pour la construction d'une nouvelle Afrique. «La Méditerranée est plus qu'une frontière, elle est un fait social, porteur d'héritage et d'avenir. Elle nous impose de penser notre avenir en commun. Nous avons des défis communs qui nous rassemblent: sécuritaires, démographiques et migratoires, dont la seule réponse est le développement économique, la croissance et l'emploi», lance-t-il. Il précise que la France a pris un engagement pour l'éducation et l'accompagnement de la croissance économique pour le secteur privé. Un rôle joué par l'Agence Française de Développement (AFD), qui s'engage à hauteur de 2 milliards d'euros jusqu'à 2020. «La Tunisie a dû relever plusieurs défis dont celui du terrorisme. Elle connaît aussi des pressions sur ses frontières, mais elle a tenu bon et est devenue un acteur régional essentiel pour la stabilisation. Notre coopération est forte et ne peut que se renforcer. Nous encourageons les entreprises tunisiennes, françaises et africaines à entrer dans cette dynamique», ajoute-t-il. Pour Paul Kaba Thieba, Premier ministre burkinabé, les Rencontres Africa sont l'un des plus importants forums d'affaires en Afrique, qui présente une opportunité d'accroître les possibilités d'affaires dans le continent. Il affirme que dans toute stratégie de développement, c'est le secteur privé qui crée la richesse. M. Thieba indique que le Burkina Faso est en train de faire des efforts pour améliorer le milieu des affaires, en révisant son code minier et son code des investissements afin d'attirer plus d'investissements étrangers. La Tunisie, hub régional Du côté du secteur privé, Mme Wided Bouchamaoui, présidente de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica), a souligné que l'organisation patronale accorde une importance de premier plan au dossier africain, estimant que la compétitivité de l'économie relève également de la compétitivité des alliances nouées. Elle affirme que la coopération avec l'Afrique est porteuse dans divers secteurs d'activités comme la mécanique, l'automobile, les TIC, etc. Par ailleurs, Alexandre Maymat, Responsable Région Afrique, Méditerranée, Outre-mer au sein du groupe Société Générale, principal partenaire des Rencontres Africa 2017, a déclaré qu'il existe de fortes possibilités de croissance en Afrique et de transfert de capacités non seulement Nord-Sud mais aussi Sud-Sud. Concernant la Tunisie, il a affirmé qu'elle a fait preuve de résilience, ces dernières années, grâce notamment à sa main-d'œuvre qualifiée, sa culture d'équité dans l'enseignement, son marché de travail de qualité, outre la présence d'une culture de l'entrepreneuriat, son ouverture sur le monde et son marché bancaire diversifié bien que des complications persistent en ce qui concerne l'administration. Les Rencontres Africa, qui se poursuivent aujourd'hui constituent sans doute une opportunité à saisir pour les entreprises tunisiennes. L'Afrique, grand marché tourné vers l'avenir suscite l'intérêt des Européens, qui y voient leur avenir. La Tunisie, de par son positionnement géographique stratégique, offre une plateforme pour la coopération entre l'Europe et l'Afrique. «Il faut se rendre compte que rien qu'en Tunisie, 50 mille étudiants sont inscrits dans les filières des TIC. On mesure mieux ainsi les opportunités qui s'offrent à la Tunisie», estime Bruno Mettling, co-président d'Africa France, ajoutant que l'Europe a autant besoin de l'Afrique. D'ailleurs, le sommet Afrique-Europe, prévu au mois de novembre prochain, sera, selon lui, le rendez-vous clé pour le renforcement de cette coopération.