L'équipe de Tunisie veut chasser toutes les incertitudes et la part de hasard qui subsiste encore en achevant le travail. Elle pourrait signer dès ce soir sa qualification au 5e Mondial de son histoire. C'est le privilège des nantis. Le team national dispose toujours d'un joker dont il espère pourtant pouvoir se passer en s'imposant ce soir à Conakry devant un Syli national déjà éliminé. En effet, il lui restera la rencontre du 6 novembre prochain, à Radès, contre la Libye pour prendre les points qui lui manqueraient en cas de gros malheur ce soir. Il faut toutefois croire que le clan des Aigles de Carthage ne veut pas entendre parler d'un scénario contrariant. Le sélectionneur national Nabil Maâloul ne veut même pas entendre parler de la rengaine de la pression qui risque d'accabler des joueurs qui se sentent tout près de la ligne d'arrivée à Moscou. «Nous avons joué toutes nos rencontres des éliminatoires à fond, comme s'il s'agissait de finales, constate-t-il. Alors, il n'est pas question de caler si près du but. Nous allons essayer de trancher la qualification dès ce soir. Pourtant, la Guinée nous a toujours posé des problèmes. J'ai dit à mes joueurs qu'ils peuvent rater une Ligue des champions, par exemple, mais jamais une Coupe du monde. Elle ne se répète pas tous les jours. Au contraire, une participation leur confère une autre dimension, un nouveau standing. Il y a une génération pour laquelle c'est vraiment la dernière chance». En face, le coach guinéen Lappé Bangoura veut haranguer ses troupes et martèle qu'il faut gagner et qu'il n' y a pas de match sans enjeu. «La Guinée devra encore patienter pour prétendre se qualifier pour la première fois de son histoire à une phase finale de Coupe du monde, d'autant plus qu'elle n'est plus maître de son destin pour l'édition de 2018 en Russie. La victoire est toujours importante pour rester dans la dynamique. On a besoin de gagner ce match pour tous les Guinéens. Il faut également améliorer notre classement Fifa. Il faut surtout garder notre dynamique malgré ce petit faux pas face à la Libye en Tunisie. Il n'y a pas de match qui n'a pas de valeur, peut-être que la qualification est déjà perdue, mais il faut gagner», assure-t-il dans la presse locale. On conviendra que les paroles du coach guinéen sont de circonstance. Bien évidemment, il ne peut pas dire autre chose, alors que le bilan de son équipe à ces éliminatoires est largement déficient. D'ailleurs, on sent qu'au fond un petit air de démobilisation s'installe chez le Syli avec des arrivées tardives de certains joueurs au stage, entamé le week-end dernier, et l'absence de plusieurs piliers (l'attaquant François Kamano, le défenseur central Fodé Camara «Kufour», Florent Pogba, le capitaine Ibrahima Traoré...). Le brassard de capitaine devrait échoir au futur milieu de Liverpool, Naby Keita. En défense centrale, c'est la paire Ibrahima Sory Conté-Losseni Keita qui devrait être alignée. L'énigme Sliti En face, les soucis inhérents aux absences peuvent paraître un jeu d'enfants. L'absence du keeper de l'Espérance Sportive de Tunis, Moez Ben Cherifia (un doigt récalcitrant) n'a aucune incidence, puisque l'inusable Aymen Mathlouthi gardera les bois. Ben Cherifia a certes effectué le déplacement parmi les 25 joueurs retenus. Toutefois, sur la feuille de match, le portier du Club Sportif Sfaxien, Mohamed Hedi Gaâloul sera inscrit en tant que troisième goalkeeper. L'axe défensif serait composé de Yassine Meriah et Rami Bedoui en l'absence de Syam Ben Youssef et Aymen Abdennour, blessés. La véritable énigme a toutefois trait à l'état de santé de Naïm Sliti qui souffre de douleurs au ventre. On connaît tout le rayonnement du meneur de jeu de Dijon dont la rentrée, en seconde période au match précédent à Kinshasa, a totalement transformé l'équipe. D'ailleurs, il traverse une belle période au sein de son club où il s'impose comme l'incontournable guide du jeu d'attaque. Mais de là à voir le staff technique perdre le nord, il y a un pas que personne ne peut franchir d'autant plus que les solutions de rechange, aussi bien au niveau des individualités alignées que de la formule retenue ne manquent guère. Sliti est un joueur fantastique, tout le monde en convient. Mais parmi les 25 joueurs qui ont effectué le safari, il y a bien évidemment d'autres qui piaffent d'impatience pour écrire une page d'histoire et apporter une contribution à une qualification au Mondial qui se fait attendre depuis deux éditions. La clé d'un tel exploit s'appelle solidarité, cran et rigueur. Pas besoin de surmotiver les copains d'Aymen Mathlouthi. Ils le sont suffisamment. Chacun d'eux rêve d'emboîter le pas à la formidable bande argentine qui élimina la Guinée sur le chemin du premier Mondial de l'histoire du foot national. Ce samedi, les fans du Club Tunisie auront donc les yeux rivés sur leur téléviseur, et les oreilles tendues vers de bonnes nouvelles en provenance de Monastir où la République Démocratique du Congo croisera le fer avec la Libye, déjà éliminée. Les copains de Selto voudraient jouer un mauvais tour aux Léopards qui savent que seule une victoire pourrait les maintenir en vie. Ainsi, la Guinée et la Libye joueront le rôle d'arbitres durant les deux dernières journées des éliminatoires du groupe A. Gageons que Youssef Msakni, Mohamed Amine Ben Amor, Yassine Meriah, Ali Maâloul et consorts ne vont pas trembler au moment de conclure. Cette faiblesse-là parfaitement connue des joueurs de tennis au dernier jeu va-t-elle s'emparer au plus mauvais moment de l'équipe de Tunisie, jusque-là invaincue ? En tout cas, la vigilance est de rigueur devant des Guinéens qui n'ont plus rien à perdre. D'ailleurs, le crédit confiance qui habite actuellement les nôtres ne serait pas de trop. Mais exiger d'eux de gagner et en même temps de séduire serait se montrer trop gourmand. Gagnons d'abord le visa pour Moscou d'abord, le reste, on en parlera plus tard.