Auteur d'un des tout premiers buts de l'histoire de la Tunisie en Coupe du monde, le 2 juin à Rosario, en Argentine, devant le Mexique (victoire des nôtres 3-1), Mokhtar Dhouib a inscrit son nom en lettres d'or au palmarès des Aigles de Carthage. Aujourd'hui très actif au sein de l'Association des anciens footballeurs où il fait figure de cheville ouvrière, l'ancien latéral droit du Club Sportif Sfaxien se veut optimiste à quelques heures de l'entrée en lice de la Tunisie au tour décisif des éliminatoires de la Coupe du monde «Russie-2018». Mokhtar Dhouib, à votre avis, la génération argentine a-t-elle jamais été égalée ? Non, je ne le pense pas. Notre équipe a exprimé en son temps une qualité de jeu qui ne se répétera jamais. L'esprit de conquête qui l'animait aussi. Cette cuvée de surdoués était triée sur le volet. Elle était confiée à un grand timonier, Abdelmajid Chetali, qui a fait œuvre de précurseur. En 1978, notre sélection a ébahi le monde du foot. Elle a été le digne ambassadeur du football africain. La sélection nationale actuelle peut-elle suivre vos pas et aller en Coupe du monde ? Oui, elle est sur la bonne voie. Elle est consciente des lourdes responsabilités qui lui incombent. Tout un pays attend qu'elle réponde présent, qu'elle soit là, parmi les meilleures équipes du monde après une absence de deux éditions. C'est très long au goût d'un football aussi ambitieux et performant que le nôtre. Et puis, Henry Kasperczak a remédié à certaines lacunes comme on a pu s'en apercevoir le 4 septembre dernier dans le match-couperet contre le Liberia. Les progrès accomplis ce jour-là ne peuvent qu'inciter à l'optimisme. En 1977, vous avez rencontré la Guinée à quatre reprises : deux aux éliminatoires de la Coupe d'Afrique des nations, et deux autres aux éliminatoires de la Coupe du monde. C'est quel genre d'adversaire ? Je ne tarirai jamais assez d'éloges sur le compte du Syli national. En notre temps, déjà, il pratiquait un football spectaculaire. Truffée de grandes vedettes (Papa Camara, Cherif Souleymane, Petit Sorry...), la Guinée nous a posé beaucoup de problèmes. Certes, nous l'avions éliminée sur les deux fronts, mais elle a constitué un des rivaux les plus difficiles sur notre chemin. Ses grosses individualités savaient se mettre au service du collectif. Ce sont des gens qui aiment le jeu, qui éprouvent du plaisir à le faire. Ils ont beaucoup de talent et d'imagination. Quelle sera la clef du succès tout à l'heure ? Mettre beaucoup de pression et de rythme d'entrée, et marquer un but dans les dix premières minutes. Cela risque d'ôter aux Guinéens beaucoup de confiance. Dans un tel cas de figure, ils vont se poser des questions, ce dont peuvent profiter encore mieux les copains d'Aymen Abdennour. La sélection actuelle vous inspire-t-elle confiance ? Oui, et ce d'autant plus qu'une chance unique s'offre à elle pour aller en Russie. Jouer la Coupe du monde n'est pas donné à tout le monde. Les joueurs le savent parfaitement. Certes, le meilleur attaquant de l'heure, Yassine Khenissi, est blessé, mais il faut faire confiance à Harbaoui et Akaïchi. Lahmar peut aussi réussir un exploit. «L'arme des balles arrêtées» Une contre-performance ce soir écartera-t-elle définitivement la Tunisie de la course au Mondial ? Certes, dans ce genre d'épreuves, il ne faut jamais rater des points à domicile. Pourtant, dans un système de championnat, l'occasion du rachat existe. On peut toujours se rattraper. C'est ce que l'équipe de Chetali avait réussi. On a commencé le dernier tour, une poule à trois, par concéder le nul (0-0) à El Menzah devant le Nigeria. Mais on a su rattraper ce retard à l'allumage, en allant nous imposer, un peu à la surprise générale dans l'enfer du Surulere, à Lagos, devant le Nigeria (1-0). Non, rien n'est irrémédiable en football. Quel sera l'adversaire le plus dangereux pour la Tunisie dans ce groupe A ? La République Démocratique du Congo. Elle dégage une impression de force physique qui peut gêner les Aigles. Quant à la Libye, dans le contexte actuel du voisin du Sud, il ne faut pas s'attendre à une grosse résistance. Là-bas, la guerre semble faire beaucoup de mal au football qui fonctionne au ralenti. Enfin, un pronostic pour tout à l'heure ? Une victoire de la Tunisie 2-0. Les buteurs ? Hamdi Harbaoui, et Hamza Lahmar sur coup franc. En fait, il ne faut pas négliger les balles arrêtées. C'est une arme qui peut se révéler décisive.