«Je n'écris point car mes encres libérées proposent une autre synergie poétique». Les cimaises de Ghaya Gallery abritent, jusqu'au 28 octobre, les œuvres de l'artiste Kaouther Titch réunies sous le titre «La route de l'encre». Une exposition personnelle qui vient inaugurer cette nouvelle saison avec près de soixante-dix travaux réalisés entre 2015 et 2017. Une veine abstraite certes mais bien plus que cela. Avec pour sève les poèmes qu'elle rédige, les œuvres de Titch sont inclassables. Juriste de formation, poétesse et aujourd'hui artiste autodidacte, Kaouther Titch développe des œuvres au graphisme abstrait sous l'aile de Nja Mahdaoui qu'elle rencontre en 2010. Ensemble, ils ont même réalisé, en 2013, une œuvre commune, des poèmes de sa signature illustrés par le grand calligraphe. Loin de toute classification, l'œuvre de cette autodidacte s'émancipe des identifications habituelles ou de ce que l'on peut nommer ou qualifier de nos jours d'art abstrait. L'artiste trace et signe sa propre route, celle de l'encre qui abreuve ses poèmes et son évolution graphique. Cette route passe par les différents traitements des encres sur grands et petits formats : le noir qui cède l'espace des gradations et autres nuances de gris, de sépias et autres ocres. Elle esthétise les graphies, leur donne une nouvelle représentation, une nouvelle existence. Cela donne lieu à une sorte de simulacres textuels, inscriptions que l'on est tenté de décoder et que Nja Mahdaoui qualifie de «fusion des encres en concrétion». Des signes, des traces d'écriture diluées, estompées dont on peut, dans certaines œuvres, reconnaître la forme et qui dans d'autres disparaissent au gré des expérimentations, du hasard et de l'affranchissement du geste. Ils s'évadent alors et se noient dans des tourbillons de courbes et de cercles, de nuances de lumières ou encore s'agglutinent et se mêlent pour devenir taches. «En art, je vis dans une autre dimension, ici et ailleurs, contemporaine et très ancienne à la fois, à travers mes encres, je rythme mes mots imaginés et tus. Lorsque je peins, mon souffle et mes encres vibrent en écho et en intersignes, ils créent la symbiose entre courbes infinies, lignes saccadées et vagues nuancées. Je n'écris point car mes encres libérées proposent une autre synergie poétique», note Kaouther Titch. A découvrir !