La croissance mondiale se porte bien, mais Christine Lagarde, directrice générale du FMI, souligne la nécessité de mieux la partager pour qu'elle soit durable. Vent d'optimisme sur la croissance mondiale. Aujourd'hui, le Fonds monétaire international (FMI) publiera ses nouvelles prévisions de croissance et elles seront bonnes. Après une « reprise solide » annoncée cet été, l'institution multilatérale devrait revoir ses pronostics à la hausse de 0,1 ou 0,2 point. En juillet dernier, elle estimait la croissance à +3,5 % pour 2017 et +3,6 % pour 2018. Sa directrice générale, Christine Lagarde, l'a souligné jeudi dernier dans un discours donné à la prestigieuse université d'Harvard : cela fait bien une décennie que l'on n'avait pas vu cela. Surtout, une accélération généralisée, qui concerne tant les économies avancées que les pays émergents et en développement. Maurice Obstfeld, le chef économiste du Fonds, pourrait notamment insister sur les perspectives favorables en zone euro, le rebond cyclique de certains pays émergents, notamment le Brésil et la Russie, et la réduction des incertitudes sur le plan de relance américain, le tout sur fond de commerce mondial bien orienté. L'Insee, la semaine dernière, attendait une croissance des échanges mondiaux de 5,4 % en 2017. Un ciel qui n'est pas sans nuage Sans dévoiler le détail des prévisions, Christine Lagarde a aussi insisté sur les risques qui pèsent sur la reprise. Risques géopolitiques d'abord, autour de la péninsule coréenne, de l'Iran, ou encore le défi climatique. Sur un terrain plus directement économique, la vitesse d'ajustement des politiques monétaires, après presque une décennie de facilitation d'accès à la liquidité, les incertitudes sur la régulation financière et les risques de résurgence du protectionnisme constituent autant de nuages. Malgré la reprise de la production industrielle, la situation de la Chine continue à interroger. L'impact du Brexit commence également à se faire sentir au Royaume-Uni. Le soleil ne vaut que s'il est partagé par tous Christine Lagarde a probablement surpris son auditoire en pointant de manière détaillée les inégalités dans la répartition des richesses entre les pays, mais aussi en leur sein, et en invitant les dirigeants à ne négliger aucune piste pour consolider la croissance. Y compris en étudiant des notions qu'elle a qualifiées de « non orthodoxes », comme le revenu universel ou l'impôt progressif. Elle a même suggéré, comme une nouvelle analyse du FMI à paraître cette semaine devrait le faire, que certains pays avancés pourraient augmenter l'imposition des plus hauts revenus sans nuire à la croissance... à rebours de l'ambiance actuelle aux Etats-Unis et en France. Les réunions de cette semaine à Washington, à l'occasion des assemblées générales de la Banque mondiale et du FMI, permettront enfin de tester la coopération mondiale sur les thèmes mis en avant par Christine Lagarde : lutte contre la corruption et la fraude fiscale, enjeux climatiques, régulation financière mondiale. Sur ce dernier point, dans une mise en garde à peine voilée au locataire de la Maison-Blanche, Christine Lagarde a exhorté à « préserver les avancées réalisées », alors que Donald Trump s'est fait élire sur la promesse d'alléger les contraintes financières pesant sur les banques américaines.