Par Abdelhamid Gmati Le nouveau ministre de l'Intérieur a décidé le lancement d'une vaste campagne sécuritaire couvrant toutes les régions et mobilisant plus de 30 mille agents des forces de l'ordre et l'appui logistique et humain de l'armée nationale. C'est que « la guerre est non seulement contre le terrorisme mais aussi contre les comportements criminels dans l'espace public ». Il faut dire que, ces dernières années, les forces de l'ordre et l'armée nationale n'ont pas chômé. Et les résultats de ces interventions continues indiquent une situation inquiétante. Au cours des huit premiers mois de 2017, 27.000 personnes, dont 22.000 recherchées, ont été interpellées. On a, également, enregistré, sur 7 mois, 828 affaires de terrorisme, concernant notamment des réseaux d'envoi des jeunes dans les zones de conflits, et 831 terroristes ont été déférés à la justice. Mais la menace terroriste persiste. Selon Mokhtar Ben Nasr, président du Centre tunisien des études de sécurité intégrale, « les groupes terroristes, qui sont isolés et épuisés, cherchent toujours l'occasion propice pour perpétrer leurs lâches tentatives terroristes ». Il a évoqué, aussi, la possibilité d'attaques terroristes au couteau. Pour lui, «la Tunisie n'est pas à l'abri d'attaques au couteau, comme en Occident, car la doctrine de Daech est axée sur la vengeance étant donné qu'ils sont désormais isolés et épuisés et que leurs chefs ont été éliminés par les forces sécuritaires et militaires tunisiennes». Et suite à l'annonce de l'interception d'un convoi de cinq véhicules armés transportant des terroristes relevant de Daech, au niveau de la localité libyenne de Tijy, les forces armées tunisiennes ont été placées, depuis quelques jours, en état d'alerte maximale, aussi bien au niveau des frontières maritimes qu'au niveau des frontières terrestres. Le convoi intercepté se dirigeait vers la frontière tunisienne et transportait des éléments terroristes tunisiens lourdement armés, qui fuyaient la débâcle de leur organisation terroriste à Sabratha. Mais les interventions des forces de sécurité ne se limitent pas seulement à la traque des terroristes. Elles concernent aussi la délinquance, le banditisme, les agressions. Ainsi, selon le porte-parole de la sûreté nationale, « pas moins de 20.700 braquages ont été enregistrés pendant les neuf premiers mois de 2017 ». Il a ajouté: « la campagne sécuritaire, lancée par le ministre Lotfi Braham, vise à enrayer cette nouvelle vague de criminalité qui s'abat sur le pays depuis près de sept ans ». Il a rappelé que pour les 8 premiers mois de cette année, « les campagnes dans les moyens de transport se sont soldées par l'arrestation de 2.244 personnes recherchées et la saisie de 1.900 motocycles. D'autres campagnes effectuées à proximité des établissements éducatifs ont permis d'interpeller 537 recherchés, de saisir 485 motocycles et 5 voitures et de dresser 400 P.-V. de circulation ». Il y a aussi la lutte contre la contrebande. Ainsi, la Garde nationale a mis en échec 145 opérations de contrebande entre le 2 et le 7 octobre 2017, dans toute la Tunisie. Six armes ont été saisies lors de ces opérations. Selon le communiqué du ministère de l'Intérieur, publié lundi dernier, la valeur des marchandises saisies est estimée à 6 millions de dinars tunisiens. On a saisi également 120 véhicules et arrêté 1.070 personnes dont 10 extrémistes religieux opérant avec les contrebandiers. Ce ne sont là que les dernières opérations. De fait, les douaniers saisissent toutes sortes de marchandises de contrebande ces dernières années : le 6 octobre, les agents de la douane relevant du district de Bizerte ont intercepté une cargaison de trois conteneurs remplis de couscous à destination... d'Israël. L'exportateur, qui entreprenait l'opération a prétendu que la cargaison était destinée à Chypre, mais les agents ont réussi à dévoiler la véritable destination de la cargaison : le port d'Ashdod, dans les territoires occupés. La cargaison a été saisie, et l'exportateur a écopé d'une amende de 84 mille dinars. Le souci de garantir la sécurité du citoyen ne s'arrête pas là. Ainsi, le gouvernement a lancé, mardi dernier, une campagne de contrôle dans les abattoirs municipaux dans toutes les régions. Le ministre de l'Agriculture, Samir Taieb, a affirmé que « l'écrasante majorité des abattoirs dans le pays ne respectent pas les normes requises pour égorger les bêtes et conserver la viande dans les bonnes conditions ». Il a précisé que 23 équipes mixtes des ministères de l'Agriculture, du Commerce, de l'Environnement, épaulées par des unités du ministère de l'Intérieur, effectueront des visites-surprise dans les abattoirs afin de lutter contre le manque d'hygiène et l'insalubrité. D'autres opérations devront suivre et intéresser divers méfaits. Le blocage des routes, des entreprises et des voies ferrées, par exemple, est une atteinte à la liberté de circuler.