Le développement de la petite enfance constitue une préoccupation de premier plan à l'échelle mondiale. Idem pour la Tunisie qui a mis en place les grandes lignes d'une stratégie nationale pour le développement de la petite enfance, qui s'étale sur 8 ans. Le volet de l'apprentissage précoce figure dans le plan d'action de la stratégie. Afin d'assurer le développement socioéconomique, le gouvernement a élaboré une stratégie nationale et multisectorielle de développement de la petite enfance pour mettre en œuvre les services intégrés pour tous les petits enfants, en particulier les pauvres, vulnérables et dévalorisés. En effet, l'approche intégrée du développement de la petite enfance (DPE) repose sur une coordination avec les différents ministères, à savoir les Affaires religieuses, la Santé publique, les Affaires sociales, l'Education, le secteur privé et la société civile. Les travaux d'élaboration de la stratégie ont été lancés en se basant sur une analyse de la situation de la petite enfance en Tunisie. Situation de la petite enfance en Tunisie Un constat a relevé que le pourcentage des enfants âgés de moins de 8 ans en Tunisie représente 12% de l'ensemble de la population alors que le taux de mortalité maternelle est estimé à 45 cas sur 100.000 habitants. La mortalité infantile est estimée à 17 décès sur 1.000 naissances vivantes en 2014. Pour l'apprentissage précoce, on estime la couverture par les crèches à moins de 2% et à 31% pour les jardins d'enfants alors que l'accès à l'apprentissage précoce organisé de 3 à 5 ans est estimé à seulement 45%. Avec un système éducatif souffrant de graves inégalités entre l'urbain et le rural, les faibles ressources allouées, le manque de formation du personnel spécialisé dans le domaine de la petite enfance et de l'éducation parentale et l'insuffisance de coordination entre les différents intervenants, le plan d'action de la stratégie nationale de développement de la petite enfance a identifié sept enjeux stratégiques, dont l'intérêt de l'enfant, la coordination avec plusieurs secteurs et parties prenantes, l'intervention intégrée, le développement holistique de l'enfant, la qualité et pertinence culturelle des activités et des services et l'engagement des parents, des familles... Déroulement de la stratégie La stratégie a pour mission d'appuyer, superviser, coordonner et promouvoir la qualité et les services pour le développement de la petite enfance (DPE) pour les enfants âgés de 0 à 8 ans dans le but d'assurer d'ici les années 2025 à tous les petits enfants et en particulier les pauvres l'accès aux soins à travers un cadre d'action pour le développement holistique. Pour atteindre ces objectifs, cinq niveaux d'action ont été ciblés par la stratégie, à savoir l'enfant qui doit bénéficier d'une attention familiale constructive, le volet familial, les parents doivent être aidés, le niveau institutionnel, le niveau communautaire et l'Etat qui met en œuvre et assure le suivi et l'évaluation de la stratégie. L'objectif principal de la stratégie serait d'assurer, d'ici 2021, à tous les enfants âgés de 0 à 8 ans, ainsi qu'à leur famille une accessibilité élargie aux services intégrés (santé, nutrition, protection, apprentissage précoce...). Cette stratégie sera lancée lors d'une conférence nationale et sera suivie de l'organisation d'ateliers régionaux afin de sensibiliser à l'importance du développement de la petite enfance parmi la population et de diffuser les documents clés aux parties prenantes. Les plans stratégiques prévoient également l'organisation de campagnes et de séminaires de sensibilisation réguliers. «L'élaboration de la stratégie nationale de développement de la petite enfance a été finalisée et sera transmise pour validation lors d'un conseil ministériel prévu dans les deux mois qui viennent», a conclu Lotfi Belazi, directeur de l'animation socio-éducative au ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance.