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Rochdi, Tim et Anne Teresa
Dream city
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 10 - 2017

Quelques jours sont passés depuis la fin de Dream City 2017, une déambulation citadine et citoyenne qui crée une belle et émouvante synergie artistique et créative avec la population de la Médina et les différents espaces de son tissu urbain. Quelques œuvres ont marqué cette dernière édition : Maison de Trolls de Tim Zulauf, Violin Phase d'Anne Teresa de Keersmaeker et Arous Ouslet de Rochdi Belguesmi... retour sur ces œuvres...
Rendez-vous à 14h00, place du Génaral Hassine, Bab Mnara, le patio de l'Institut national du patrimoine avec sa belle architecture mauresque était prêt pour accueillir le travail de Anne Teresa De Keersmaeker. Cette chorégraphe belge, qui explore avec exigence et prolixité, à partir de ces œuvres fondatrices, les relations entre danse et musique, était présente pour présenter son solo «Violin phase», la première œuvre d'un corpus de spectacles qui s'affrontent aux structures musicales et aux partitions de toutes les époques, de la musique ancienne à la musique contemporaine en passant par les expressions populaires.
Le tapis de danse était tapissé de sable fin, la silhouette de Anne Teresa De Keersmaeker commence par se placer au centre, au premier mouvement, le son ou musique de Steve Reich pionnier de la musique répétitive (ou «minimaliste») américaine. Mouvements répétitifs, traces de pas sur le sable, masque neutre et regard qui fixe un point lointain, De Keersmaeker soulève le corps cherchant un rythme qui revient en boucle, à chaque boucle, un mouvement vient se fixer à la chorégraphie initiale. C'est un langage qui se construit au fur et à mesure que la structure musicale se développe. La gestuelle se confronte à la musique, construit avec elle un schéma visuel sans s'affronter. De la synchronisation, on bascule vers le décalé avec de légers glissements, des infimes variations, qui se mettent à donner naissance à un miroitement complexe de formes et de motifs en perpétuelle mutation. De Keersmaeker se déplace en mouvements circulaires, répétant strictement le même enchaînesment, en tordant ainsi un phrasé qui joue brillamment avec le formalisme et l'aspect dramatique de la musique.
Sorti perplexe de l'univers si particulier de Anne Teresa De Keersmaeker, sans tout à fait réaliser qu'on vient réellement d'assister à un solo de monument vivant, on continue notre promenade artistique vers un monde aussi bien étourdissant, celui de Rochdi Belguesmi et sa performance Arous Ouslet.
Danse, débauche et sexualité
Depuis ses premières tentatives chorégraphiques, Rochdi Belguesmi suit une seule et unique trajectoire... Entraîné sur cette piste par la chorégraphe Malek Sebai et la grande dame de la danse traditionnelle et populaire Khira Oubeidallah, il y a de cela déjà quelques années avec le duo Khira et Rochdi, artiste précis et consciencieux, explore les contours de cet univers de la danse traditionnelle avec tabous. Déjà, son spectacle Oueld Jallaba, personnage déniché dans le monde la nuit et des cafés chantants des années 20, il n'y va pas avec le dos de la cuillère, et pousse les limites entre le donner à voir et les tourments d'un homme qui s'habille en femme pour ses numéros de danse.
Pour sa nouvelle performance «Arous ouslet», Rochdi nous a entraînés dans un voyage dans le temps.
Dejà le choix du lieu de représentation, un ancien hammam abandonné de Bab Mnara est tellement chargé d'histoires, d'odeurs de corps, d'humidité pour nous raconter son personnage. Fils de prostituée, tenancière d'une maison close, il reprend l'affaire et offre ses services et se donne en spectacle. Rochdi danse sur le fil du rasoir dans ce monde caché où l'interdit devient monnaie courante. La danse et la sexualité se côtoient, la violence et la sensualité et la débauche y font bon ménage. Le danseur chorégraphe fouine dans les zones d'ombre de l'être humain et dans les histoires murmurées, les chuchotements... ce hammam est son règne où les fantasmes se dévoilent, le désir s'exprime, l'attirance et les rejets sont violents. Un monde d'hommes où féminité et virilité ne tiennent qu'à un fil. C'est dans cette brèche que Rochdi trouve son compte, son inspiration vient du non-dit et du refoulé...
L'étrange monde de Tim
Bienvenue à la Maison de Trolls ! Quatre cyber-activistes, entrepreneurs et créateurs culturels appellent à rejoindre un congrès intercontinental dont l'objectif est l'émancipation dans le domaine digital. Cet appel a lieu, alors qu'une des organisatrices manque de perdre la vie dans une attaque de bots (agent logiciel qui interagit avec des serveurs informatiques) sur ses appareils électroménagers. Mais les structures commerciales n'empêchent-elles pas les activités prospectives dans l'usage d'internet — surtout concernant l'écart de pouvoir entre le Nord et le Sud ? Quels types de résistance subversive seraient imaginables entre une mobilisation digitale et des protestations dans l'espace soi-disant réel ? Comment pourrait-on développer de nouveaux codes et des façons alternatives de parler ensemble ?
C'est dans cet univers-là que nous place Tim Zulauf avec son team composé entre autres de deux comédiens tunisiens Najoua Zouhair et Riadh Hamdi et du musicien Jihed Khémiri. Il est difficile de considérer «Maison de Trolls» comme une pièce conventionnelle, parce qu'elle ne l'est pas.
D'ailleurs, on assiste, dans ces lieux (Dar Lasram) à une forme très contemporaine de mise en scène qui se positionne entre l'installation et une approche très cérébrale qui se «permet» de théâtraliser des thématiques spécifiques aux congrès, débats ou autre forme de rencontres professionnelles.
La Maison de Trolls, c'est comme si on assistait à ce congrès, c'est une transposition dans un espace artistique de cette conférence-rencontre des cyber activistes, où on est en présence d'une forme de documentaire théâtral. Avec les comédiens, on essaye de suivre les propos, l'échange, on oublie que c'est un jeu théâtral et on commence très vite à vouloir saisir les particularités du thème abordé.
La Maison de Trolls qui s'est jouée en boucle près de 3 fois par journée, est une pièce sans début et sans fin. C'est comme si on entrait dans une salle et on arrivait au beau milieu d'une réunion. Tim Zulauf réussit, avec cette démarche, à sensibiliser un public par forcément averti, en ramenant au théâtre une approche ultra-réaliste peu commune.


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