La Tunisie a réussi sa transition démocratique. Il est temps que la transition énergétique suive En dépit des efforts fournis pour investir dans «la transition énergétique», la Tunisie qui a énormément de potentiel en matière d'énergies renouvelables, notamment la biomasse doit encore persévérer pour passer le cap et tourner définitivement la page de l'énergie polluante. Ce type d'énergie fait l'objet d'une recherche effectuée par des Tunisiens avec la coopération de l'Institut français de Recherche pour le Développement (IRD). L'IRD a fêté les 17 et 18 octobre, ses 60 ans de coopération franco-tunisienne dans le domaine scientifique en Tunisie, à la Cité des sciences à Tunis. A cette occasion, une conférence intitulée «Les bioénergies et la biomasse : quel avenir en Tunisie ?», a été donnée par le chercheur à l'IRD Pierre-Pol Liebgott. «La Tunisie est le meilleur élève au Maghreb en matière de transition énergétique. Elle a signé tous les traités internationaux qui préservent l'environnement contre le changement climatique. Elle a pu réduire l'émission des gaz à effet de serre jusqu'à moins de 43% durant ces dernières décennies. De surcroît, elle promeut la production électrique par l'énergie solaire dont la part s'élève à 30% du total de la production électrique», a-t-il souligné. Il ajoute : «La Tunisie a un potentiel énorme en matière de biomasse. Malheureusement, elle n'arrive pas jusqu'ici à l'exploiter de manière optimale. C'est d'ailleurs l'objet de notre recherche. Cette source d'énergie verra le jour en Tunisie. » Les denrées alimentaires, source d'énergie La biomasse est une matière d'origine animale ou végétale qu'on utilise pour produire de l'énergie. C'est en se basant sur cette définition que le chercheur Liebgott a expliqué que le dihydrogène -une source d'énergie puissante -peut être produit à partir des denrées alimentaires jetées à la poubelle. «Le gaspillage alimentaire est énorme à l'échelle mondiale. Dans le monde le tiers des denrées alimentaires va dans les poubelles quotidiennement. En Tunisie, le marché de gros Tunis Bir Al Kassaa perd à lui seul 25 tonnes d'aliments par jour. » Sacrée quantité qui pourrait servir à produire une quantité très importante d'énergie. Actuellement, le chercheur à l'IRD pilote une équipe de chercheurs tunisiens, pour développer la production d'énergie, en utilisant les micro-algues extraites des milieux marins. Un processus de production qui n'émet pas de CO2, et par conséquent contribue à la lutte contre le réchauffement climatique. Climato-sceptique ? Le chercheur à l'IRD, Pierre-Pol Liebgott, rappelle l'impact néfaste de la production de l'énergie fossile sur le réchauffement climatique de la planète. « 77% des gaz à effet de serre proviennent de la combustion de l'énergie fossile. Le réchauffement climatique actuel s'élève à 1.3°C par rapport à la normale. Ce qui est énorme. Les conséquences attendues pour une augmentation de 2°C sont les suivantes : déglaciation, détérioration du littoral, famine, migration des insectes... etc. Une élévation au-delà de 4°C mènerait la planète vers l'inconnu total», affirme-t-il. Représentant un enjeu international primordial, la gestion de l'énergie a un grand impact sur la géopolitique mondiale. Il a précisé que la survie de la planète est tributaire non seulement d'une transition énergétique réussie mais aussi du changement des mentalités des générations futures.