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«De l'exclusion politique à l'exclusion culturelle»
ENTRETIEN DU LUNDI AVEC Hassouna Mosbahi — Ecrivain
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 10 - 2017

Hassouna Mosbahi est l'un des écrivains tunisiens les plus prolifiques. Auteur de plus d'une trentaine de livres, il vient de publier un nouveau roman «A la recherche du bonheur». A cette occasion, nous l'avons rencontré.
Vous venez de publier un nouveau roman «A la recherche du bonheur» qui raconte votre vie et votre voyage avec les livres dans le village de Dhibet (Kairouan). Pourquoi ce retour à l'âge de l'adolescence ?
J'ai vécu dans un village où il n'y avait pas de livres, c'est le constat qui ouvre ce roman et je clos le livre avec le retour au village où je construis une petite maison pour la remplir de livres. Ça sera la première bibliothèque dans ce village pauvre et presque coupé du monde où je suis né et où j'ai vécu une bonne partie de ma vie. La découverte du livre pour moi dans un village (où il n'y avait que des conteurs qui m'ont beaucoup marqué et pour lesquels j'éprouve un grand respect) m'a permis de surmonter plusieurs obstacles dans ma vie. Pendant ma jeunesse lorsque j'ai fait de la politique (c'étaient les rêveries de la jeunesse) et que j'étais emprisonné, c'était la lecture des livres qui m'a permis de sortir du bourbier politique. Dostoïevski, Sartre, Camus et même les auteurs américains m'ont ouvert des perspectives.
C'était quoi comme perspective ?
Au départ comme tout adolescent fougueux je croyais que j'allais changer le monde, la lecture m'a permis de comprendre que je devais d'abord changer moi-même... mon être en quelque sorte !
Dans ce roman vous vous posez la question essentielle de l'écriture...
Au début, je lisais pour mon propre plaisir mais l'auteur qui m'a poussé à poser la question essentielle de l'écriture c'était l'Irlandais James Joyce. A l'époque j'ai lu «Le portrait de l'artiste en jeune homme», un roman formidable mal traduit en arabe d'ailleurs et je me suis posé la question : comment être artiste ? Et j'ai découvert que pour être artiste il faut découvrir la ville et ses entrailles, son passé, son patrimoine et tout comprendre de son histoire. J'ai décidé alors de découvrir Tunis. Cela me rappelle Béchir Khraïef qui est né à Nefta et puis il s'est déplacé à Tunis et il avait en lui ces deux mondes : celui du désert et celui de la ville de Tunis. C'est pour cela que dans le roman il y a tout un chapitre qui parle de l'histoire de Tunis. En découvrant l'histoire de la ville de Tunis, j'ai compris que je pouvais être artiste. Un artiste doit avant tout être enraciné dans l'histoire de son pays.
Que vous a apporté l'exil ?
J'ai été contraint à l'exil parce qu'on m'a chassé de mon emploi pour des raisons politiques et j'ai été au chômage pendant sept ans. Au départ j'ai fait le voyage au Moyen-Orient et je suis revenu avec une grande déception. Il y avait Beaucoup de paroles mais il n'y avait rien sur le plan culturel et politique. A l'époque, la Tunisie de Bourguiba était mieux que tout le Moyen-Orient avec ses régimes pseudo-révolutionnaires. C'est Paris qui m'a donné l'envie de partir réellement. Je n'oublierai pas non plus mon voyage au Maroc qui m'a donné des ailes. Je suis vraiment tombé amoureux du Maroc et je le suis encore. J'ai découvert qu'un pays arabe pouvait avoir de grands artistes comme Mohamed Chokri, Mohamed Zefzef, Mohamed Bennis, Abdelkabir Alkhatibi entre autres. Je me suis senti vraiment très proche du Maroc artistiquement que du Moyen-Orient. Puis j'ai fini par m'installer à Munich pendant 20 ans. C'est là-bas que je suis devenu écrivain...
Votre regard sur la culture aujourd'hui en Tunisie ?
Sur le plan culturel, la Tunisie va de mal en pis !. Avant la chute du régime de Ben Ali, c'était la culture officielle mais on peut au moins se démarquer parce qu'il y avait quelques îlots où on pouvait respirer mais maintenant il y a des groupes qui contrôlent les activités culturelles dans le pays; si on ne fait pas partie de ces groupes on est exclu carrément de la vie culturelle tunisienne. Personnellement je me trouve dans le lot de ceux qu'on écarte et qu'on n'invite même pas dans les colloques sur le roman arabe et tunisien. Auparavant il y avait une exclusion politique, aujourd'hui il y a une exclusion culturelle. Il y a des auteurs tunisiens qui n'ont jamais et invités dans les universités pour parler de leurs livres. Je produis chaque année au moins deux livres et je me trouve exclu de la scène culturelle. Le travail me permet de fuir cette âpre réalité et de garder le moral.
Vous avez une position particulière envers les universitaires...
Effectivement, je trouve que le fait qu'ils soient dans des postes de décision dans la culture ne peut que nuire à la culture. Indépendamment du fait qu'ils sont rémunérés par les deux ministères des Affaires culturelles et de l'Enseignement supérieur alors qu'il y a des artistes qui sont dans le besoin, ils forment une sorte de lobbies qui contrôlent la littérature. Pour eux, tous ceux qui ne sont pas universitaires ne sont pas des écrivains .La tragédie de la culture tunisienne c'est qu'elle est dirigée par des universitaires . Toutes les institutions culturelles sont contrôlées par des universitaires. Je ne sais pas pourquoi l'un d'entre eux fait la pluie et le beau temps quand il s'agit d'un prix national. Ce sont des gens qui, à part leurs conférences, n'ont pas publié un livre de création depuis des années... Un auteur n'a que quatre livres à l'âge de 80 ans ! Comment voulez-vous que ces gens jugent ceux qui sont tous les jours dans l'argile de la création.
Cela même après la révolution ?
C'est une révolution populiste, cela ne peut donner que cela ! Cela crée des gens qui ont peur de la culture et des idées. On a vu aussi l'apparition de petits groupes qui veulent contrôler la vie culturelle à leur façon.
On croit savoir que vous avez trois livres en préparation...
Je prépare un livre sur la culture tunisienne au vingtième siècle avec tous ses symboles. Je fais le portrait des hommes qui ont fait la gloire de la culture tunisienne : de Abdelaziz Thaâlbi à Farhat Hached en passant par Tahar Haddad et les deux Khraief et Aboulkacem Kerrou. Le livre porte le titre de «Les illuminations de la culture tunisienne». Un autre livre est également en préparation où il y a toute la correspondance que j'ai entretenue avec feu Aouled Ahmed. Le livre porte le titre de «Les illusions perdues de Aouled Ahmed». C'est la première fois où on découvre Aouled Ahmed à travers ses lettres. En préparation également un livre sur Afif Lakhdar, un grand penseur méconnu en Tunisie. Le quatrième livre est sur Heidegger».


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