« L'été 2017 n'a pas été si violent. En revanche, on risque de passer un hiver assez chaud », déclare, en conclusion sommaire, le sociologue Abdessattar Sahbani, chargé de l'Observatoire social tunisien (OST), au terme d'une présentation détaillée des rapports des quatre derniers mois sur l'état des lieux des mouvements sociaux dans le a. Leur taux a relativement baissé, mais la grogne des frondeurs couve encore sous la cendre. Lors d'une conférence de presse, tenue hier matin au siège du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes), à Tunis, il a relevé que cette régression notable est due essentiellement au mois de ramadan, suivi par les vacances scolaires et la saison des congés annuels. En fait, l'on a enregistré en juin dernier 569 mouvements individuels et collectifs, avec une légère hausse au cours du mois suivant (630) pour retomber, en août, à moins de ala moitié, avec seulement 283 protestations. En quelque sorte, l'effet de la chaleur n'a pas laissé la colère prendre d'autres tournures. Mais, cet élan protestataire, ajoute-t-il, s'est particulièrement intensifié à Sidi Bouzid, Kairouan, Gafsa et à Kasserine. Des régions reconnues comme l'épicentre des mouvements sociaux dont le rythme évolue en dents de scie. L'hiver s'annonce chaud Au cours de l'été dernier, les revendications citoyennes recensées étaient principalement à cause de la pénurie de l'eau potable et l‘état dégradant de l'environnement. Leur reprise fortement remarquée au cours du mois écoulé a provoqué plus de 400 mouvements, coïncidant avec une rentrée scolaire en deçà des attentes. Et de rappeler que le débat houleux sur la controversée réconciliation administrative n'a pas manqué d'exacerber les tensions. Toujours selon les mêmes rapports avancés, les cas de suicide ont atteint leur pic en septembre dernier, avec 52 cas et tentatives de suicide. Un chiffre inquiétant par rapport au bilan des trois mois précédents, soit 13 en juin et 17 en août. Ce phénomène a largement touché des enseignants suppléants qui n'avaient pas eu la chance d'être recrutés. De même, une recrudescence de la violence a été également observée, des actes d'agressions qui se sont particulièrement produits au sein des familles. S'y ajoute une forme de violence à caractère sexuel. Cette accalmie enregistrée semble n'aller pas trop durer. Le président du Ftdes, Messaoud Romdhani a mis en garde contre la politique de fuite en avant du gouvernement Chahed. «Un gouvernement qui n'en fait qu'à sa tête. Cette nonchalance est de nature à attiser la colère dans les régions. La loi de finances 2018, la promulgation de la loi sur la réconciliation administrative, la cherté de la vie, ainsi que d'autres mesures surprises risquent de favoriser le terrain à de nouvelles vagues de protestations. L'hiver 2018 s'annonce aussi chaud», dit-il.