69 cas de suicides et de tentatives de suicide enregistrés au cours du mois de septembre Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) a présenté, hier, les conclusions du dernier rapport sur les mouvements de protestations individuels et collectifs et les tentatives de suicide. Plusieurs mouvements de prostestations de diverses natures ont eu lieu au cours du mois de septembre: mouvement de grève des transporteurs, mouvement de protestation contre le projet de loi de la réconciliation économique, tentative de suicide collectif d'un groupe d'ouvriers de l'entreprise «Fastralia», mouvement de grève de la faim d'anciens détenus dans les gouvernorats de Tunis et Mahdia...Ces mouvements de colère de plus en plus nombreux ont connu une hausse de 45% par rapport aux mois de juillet et d'août, a souligné Abdessatar Sahbani, membre du FTDES et sociologue. La majorité de ces mouvements n'ont aucun lien avec la politique et se caractérisent par une forte connotation sociale. Spontanés, anarchiques, non organisés, ils sont le fruit d'un ras-le-bol et d'une réaction de frustration et de révolte face à des conditions sociales catastrophiques et à une précarité devenue insupportable: absence d'eau potable, de routes, absence d'infrastructures sanitaires de base, chômage, absence de recrutements, pollution de l'environnement. Au total, 398 mouvements de protestations individuelles et collectives ont été enregistrés au cours du mois de septembre contre 275 au mois d'août et 272 au mois de juillet. C'est dans les gouvernorats de Tunis, Kairouan, Bizerte et Gafsa que le plus grand nombre de mouvements de protestations a été observé, alors qu'ils ont régressé dans les gouvernorats de Sfax, Sousse, Monastir, Ben Arous, Gabès, Jendouba, Kébili, Mahdia et Ariana. Trois enfants se suicident Six mouvements de protestations individuelles ont été, par ailleurs, observés au cours du mois de novembre. Deux anciens détenus originaires de Tunis et de Mahdia sont entrés en grève de la faim pour dénoncer leurs conditions sociales désastreuses, un autre détenu s'est cousu les lèvres et a observé une grève de la faim pour dénoncer la lourdeur de sa sentence et clamer son innocence et un jeune chômeur de Gafsa a adressé au représentant d'un parti politique une lettre de 100 pages et de 40 m de long afin de sensibiliser l'opinion publique sur le calvaire quotidien des chômeurs, pour qui la recherche d'un emploi, s'apparente au parcours du combattant. «Les mouvements sociaux risquent de devenir de plus en plus violents s'ils ne sont pas encadrés, a observé Abdessatar Sahbani. Or, dans tous les mouvements sociaux, nous avons pu remarquer l'absence des partis politiques et du tissu associatif qui n'exercent plus d'influence sur la rue». Le nombre de cas et de tentatives de suicide a également enregistré une hausse considérable au cours du mois de septembre, a, par ailleurs, observé le sociologue. En effet, 69 cas de suicides et de tentatives de suicide ont été enregistrés au cours du mois de septembre contre 17 cas pendant le mois d'août. Trois enfants se sont suicidés pendant la période de la rentrée scolaire et deux personnes âgées de plus de 75 ans ont mis un terme à leur vie car, vivant dans une grande précarité, ils n'arrivaient plus à satisfaire leurs besoins de base. «Il faut entourer les personnes âgées vulnérables et leur apporter le soutien dont elles ont besoin pour éviter les tentatives de suicide», a relevé, à ce propos, M. Sahbani. C'est dans la tranche d'âge comprise entre 26 et 35 ans que le nombre de suicide et de tentatives de suicide est le plus élevé. En outre, les hommes se suicident davantage que les femmes. Alors que jusqu'ici Kairouan détenait la palme du nombre le plus élevé de suicides, elle a été détrônée par la ville de Bizerte où le nombre de suicides enregistré au cours du mois de septembre a atteint 31 cas contre 3 cas de suicides en août. Prenant à son tour la parole, Massoud Romdhani, membre du FTDES, a observé qu'il fallait améliorer la situation professionnelle des agents temporaires âgés vivant dans une grande précarité. S'exprimant également sur la nomination des 80 délégués régionaux, M. Romdhani a mis l'accent sur la nécessité d'informer les citoyens sur le parcours professionnel et politique de ces derniers., accusés par certains d'être d'anciens «RCDistes».