Par Abdelhamid GMATI On connaît les conséquences néfastes de la contrebande et du commerce parallèle sur l'économie tunisienne. Et une lutte acharnée est menée contre ce fléau, toléré et plus ou moins contrôlé par la dictature, mais qui a pris de l'ampleur ces dernières années. Régulièrement, les services de la douane, de la garde nationale et même des unités militaires interviennent et saisissent des produits introduits illégalement. Les 124 opérations menées du 15 au 21 octobre ont permis d'arrêter 1.186 individus recherchés, parmi lesquels quatre seraient suspectés d'appartenir à une organisation terroriste et 32 seraient liés à des affaires de terrorisme. Le ministère de l'Intérieur indique, aussi, que 107 véhicules de transport ont été saisis en plus de 2 kilos de cannabis. Les marchandises saisies ont une valeur de 4,5 MD. Cette contrebande se fait pour toutes sortes de produits, entre autres : or, carburants, électroménager et armes. On a même lancé, en février dernier, une «instance de lutte contre la traite des personnes» afin de lutter contre les trafiquants de migrants. Mais ces trafics touchent aussi des produits ayant des conséquences directes et indirectes sur la santé du citoyen. Ainsi, vendredi dernier, un communiqué du ministère de la Santé annonçait qu'un réseau de trafic de médicaments a été découvert à Sfax. On précise qu'une opération de contrôle et d'enquête a été menée par les services d'inspection pharmaceutique en collaboration avec la direction régionale de la Santé à Sfax et les autorités judiciaires et sécuritaires. Cette enquête a été initiée à la suite d'informations faisant état d'une tentative de trafic de médicaments vers un pays voisin. Les résultats des investigations ont révélé que certaines pharmacies et autres fournisseurs de médicaments du secteur privé sont suspectés d'appartenir à un réseau de trafic d'une très grande quantité de médicaments vers ce pays. Samedi dernier, le pôle judiciaire financier convoquait l'employé de l'hôpital régional de Siliana, qui a dérobé des médicaments et des fournitures médicales dont la valeur a été estimée à plus de 60.000 dinars tunisiens (DT). Ce dernier est en état d'arrestation avec un autre complice, tandis que 7 autres suspects sont entendus en état de liberté. Certains pourront être arrêtés. Rappelons que la police avait saisi, mardi, des médicaments et des fournitures médicales et paramédicales au domicile de A. H., infirmier et surveillant chef des salles des opérations. Son fils, qui a été entendu et libéré, hier, est un dirigeant de l'organisation des jeunes du parti islamiste Ennahdha. Selon le directeur régional de la santé à Mahdia, des individus sont entrés par effraction, dans la nuit de vendredi à samedi 21 octobre 2017, à l'hôpital régional de Souassi (Mahdia). Ils ont saccagé les bureaux de l'établissement hospitalier et volé une quantité de médicaments neuroleptiques. Et ce n'est pas la première fois que ce type d'incident se produit dans les hôpitaux publics, surtout en l'absence d'agents de sécurité durant la nuit. En août dernier, on découvrait un réseau spécialisé dans le vol de médicaments dans une clinique affiliée à la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss). On avait arrêté une vingtaine d'agents impliqués. Ce genre de trafics est très dangereux. L'une de ses conséquences est de provoquer une pénurie de médicaments souvent vitaux. D'ailleurs, on signale certaines pénuries non seulement dans les établissements hospitaliers mais aussi dans les pharmacies. Mais il n'y a pas que cela : on découvre régulièrement et on saisit des quantités importantes d'aliments périmés, impropres à la consommation qui sont mis sur le marché. Mercredi dernier, la police a découvert un entrepôt illégal préparant du thon avarié, destiné à la vente à Ras Jebel (Bizerte). La police de Jebel Jelloud a saisi des dizaines de kilos d'aliments périmés stockés dans un entrepôt à la cité Ennour, à Tunis, qui allaient être mis en vente. Selon un communiqué du ministère de l'Intérieur, publié vendredi dernier, le propriétaire de l'entrepôt, arrêté à son domicile, a avoué avoir acheté, à bas prix, ces aliments à des camionneurs chargés de les jeter et de les détruire dans un terrain vague à Borj Chaker. Ses complices n'ont pas encore été arrêtés et une enquête a été ouverte pour mettre la main sur les personnes qui lui ont fourni ces aliments représentant un danger pour la santé du consommateur. Il ne s'agit pas seulement de délits économiques mais de trafics menaçant la santé du citoyen. Et cela doit être puni de manière sévère, dissuasive.