L'Association de l'éducation environnementale pour les futures générations (AEEFG) a procédé à la peinture sans plomb d'une salle de classe au collège Taïeb-M'hiri à La Marsa en guise de sensibilisation sur les méfaits de ce minéral. La peinture, dans son aspect le plus rudimentaire, peut-elle être porteuse de message environnemental ? La réponse est affirmative. La substitution des produits de peinture au plomb par d'autres alternatifs sans plomb figure parmi les objectifs établis par l'OMS et le Programme des Nations unies pour le développement. Un objectif qui épouse parfaitement les défis futurs pour une meilleure santé publique à travers le monde. Ces deux partenaires ont choisi la semaine du 22 au 28 octobre pour la baptiser «Semaine internationale de sensibilisation contre la peinture au plomb». L'Association de l'éducation environnementale pour les futures générations ( AEEFG ), en collaboration avec le collège Taïeb-M'hiri à La Marsa vient de célébrer, à sa manière, l'évènement. Il a été procédé, en effet, à la peinture d'une salle de classe et des tables en utilisant une peinture sans plomb, obtenue auprès de l'unique société de production de produits chimiques et de peinture ayant opté pour ce choix pro-environnemental. Le risque zéro n'existe pas ! Les environnementalistes ne cessent de plaider pour l'instauration d'une loi interdisant l'ajout de plomb dans les peintures et sa substitution par des substances biologiques alternatives. «Le plomb est généralement utilisé pour rehausser la couleur. Il est, par contre, fort toxique. Ce minéral est bio cumulable par excellence. Au fil du temps, il agit dangereusement sur le système nerveux, le foie, les poumons, les reins, les dents et sur les os. Présent dans une salle de classe dans laquelle les enfants passent le plus clair de leur temps, il constitue un danger réel pour les enfants et risque même de contribuer indirectement à l'échec scolaire», explique Mme Samia Gharbi, enseignante, environnementaliste et membre de ladite association. Ce que le public ignore sans doute sur les méfaits du plomb sur la santé et sur l'environnement, c'est que ce minéral est classé par l'OMS parmi les dix éléments les plus toxiques. Son degré de nocivité augmente selon l'augmentation de sa concentration dans le sang. Du coup, le danger zéro relatif au plomb n'existe point. Seule la non-exposition à ce matériau est susceptible de garantir la prévention contre ses nuisances. Pour ce, il devient vital de réduire l'exposition au plomb en intervenant dans les domaines de production qui font de lui un élément incontournable. Selon l'OMS, plus de 75% de la consommation mondiale de plomb résultent de la fabrication de batteries plomb-acide pour véhicules. Cela dit, ce minéral dangereux est utilisé aussi dans la fabrication d'autres produits de consommation, notamment la peinture, les produits relatifs à la soudure, les vitraux, la vaisselle en cristal, la céramique, les bijoux, les jouets, les produits cosmétiques et certains médicaments. Encore faut-il souligner qu'une grande partie du plomb auquel nous sommes exposés est issue des produits recyclés. L'impact chimique de ce métal sur la santé est plus que redoutable. Les maîtres-peintres en souffrent plus que les autres. «Le saturnisme est une maladie qui attaque essentiellement les maîtres-peintres qui demeurent les exposés aux peintures à plomb», rappelle Mme Gharbi. Les enfants sont tout aussi exposés au danger du plomb, voire plus que les adultes. Leurs petits organismes absorbent, en effet, jusqu'à cinq fois plus de particules de plomb que les adultes, ce qui affecte significativement leur système nerveux et agit, négativement, sur leur développement psychologique. «Selon l'OMS, renchérit notre environnementaliste, le plomb affecte sensiblement le système nerveux des enfants, fait baisser la capacité de concentration et risque aussi de favoriser l'apparition de comportements antisociaux». Chez l'adulte, il est responsable de l'hypertension artérielle, des lésions rénales et bien d'autres maladies touchant les organes vitaux, les os et la dentition. Stocké dans les dents et dans les os, il contamine le sang et risque de provoquer moult problèmes de santé chez la femme enceinte et son fœtus, dont «les fausses couches, les décès prématurés, le faible poids du bébé à la naissance, ainsi que des malformations mineures chez le nouveau-né». Un objectif mondial Aussi, et vu l'ampleur de ce problème de santé publique, l'OMS et le Programme des Nations unies pour l'environnement ont-ils créé l'Alliance mondiale pour l'élimination des peintures au plomb, et ce, conformément aux exigences mondiales de santé mais aussi aux directives établies au 57e paragraphe du Plan d'application du sommet mondial sur le développement durable et celles de la Résolution 11/4B de l'Approche stratégique de la gestion internationale des produits chimiques. «En Afrique, bon nombre de pays ont déjà opté pour ce choix salvateur, notamment la Tanzanie et le Cameroun. En Tunisie, l'instauration d'une loi interdisant l'utilisation du plomb dans la peinture est hésistante. Seule une société de peinture a opté pour cette ligne directrice de l'OMS, substituant ainsi les peintures au plomb par des peintures alternatives et écologiques», ajoute notre environnementaliste. Les actions de sensibilisation quant à l'interdiction de l'utilisation du plomb dans la production de peinture se multiplient. Après l'action menée au collège Taïeb-M'hiri à La Marsa, ce sera au tour du collège de Khemouda à Kasserine de passer le message.