Le président de l'Organisation tunisienne pour informer le consommateur (Otic) accuse les spéculateurs d'être responsables de la hausse des prix de certains produits de base écoulés sur les marchés et dans les grandes surfaces et pointe du doigt les organes de contrôle qui laissent faire «Ce ne sont pas seulement les tomates et les pommes de terre qui sont en cause mais une foule d'autres produits. Savez-vous, par exemple, que le kilo de câpre est écoulé à 48 dinars, le poivre a atteint 65 dt, le laurier est commercialisé à 59 dt le kg et la verveine à 104 dt... ? Et la liste est encore longue. Le couffin du consommateur revient ainsi à 210 dinars au moins par mois», avertit Lotfi Riahi, président de l'Organisation tunisienne pour informer le consommateur (Otic). «Le couffin du consommateur est notre principal souci. Nous suivons le marché de façon quotidienne avec des visites sur le terrain, le recueil de témoignages, l'analyse des évolutions et nous appelons périodiquement le Conseil de la concurrence à mettre fin à cette hémorragie car il s'agit de la plus haute autorité attachée au ministère du Commerce à pouvoir intervenir. Nous n'appelons pas seulement le Conseil de la concurrence et les autres organes officiels de contrôle via les médias ; en plus, nous leur envoyons des courriers avec décharge pour les informer et essayer de les mobiliser. Leur réaction est la même : les prix sont libres mais ceci dit de manière quasi informelle puisque nous n'avons jamais reçu de réponse écrite de leur part», ajoute-t-il. Pour informer le consommateur sur ses droits et devoirs, l'Otic a créé une application gratuite «Reclamy» via laquelle il peut transmettre ses doléances, en plus d'un centre d'appel où il peut recevoir 200 appels en même temps. «C'est là que nous avons constaté le degré de spéculation, mais il ne s'agit pas de la seule pression permanente sur le couffin du consommateur. Les grandes surfaces sont également impliquées car elles font pratiquement du 100% de gain. Elles chargent d'abord tout produit qu'elles acquièrent de leur marge de 30% puis de 18% de TVA et aussi de 20% de marge arrière», poursuit-il. Riahi nous explique que cette «marge arrière» est une ristourne exprimée en % du prix de vente initial qui est obtenue auprès d'un fournisseur sur un produit. La pratique des marges arrière se fait dans l'univers de la grande distribution entre les grandes enseignes et leurs fournisseurs. Il est généralement estimé que les marges arrière peuvent représenter de 30 à 40% du prix facturé initialement. Les pratiques de marges arrière sont juridiquement limitées et encadrées pour limiter le pouvoir de domination des grands distributeurs sur leurs fournisseurs. «C'est du vrai gré à gré, et pas d'impôt là-dessus, tout se joue ici», commente Riahi. Lancement d'une campagne de sensibilisation Reste le problème des produits turcs. ‘'Nous avons lancé les campagnes «Si tu vends cher, je n'achète pas'' et ‘'Si tu es Tunisien, achète tunisien» notamment contre les produits turcs qui dépassent les 400 et dont nous n'avons pas vraiment besoin puisque leurs équivalents sont produits en Tunisie. Pour donner une comparaison frappante : alors que pas moins de 2.800 entreprises européennes investissent en Tunisie, très peu d'entreprises turques sont présentes sur le territoire Pour tout dire, les études montrent que 100 mille emplois sont menacés dans le textile-habillement à cause des produits turcs», regrette notre interlocuteur. Et c'est là qu'intervient Foued Ajroudi pour nous annoncer le lancement de la prochaine campagne de l'Otic qui vise à sensibiliser les consommateurs sur les risques que peuvent présenter pour leur santé la plupart des produits importés. L'organisation prévoit de publier la liste des produits mis en cause. «Nous sommes ici au cœur de notre mission : sensibiliser le consommateur sur le fait que tous ces produits étrangers se font un marché de plus de 2.000 milliards. Ils ont fini par noyer notre propre marché local », conclut le présidant de l'Otic.