Par Jalel MESTIRI La codification est une garantie automatique de réussite, ne pas l'avoir est une source sûre d'échec. Le football est une activité où les clubs évoluent presque comme les autres instances et associations, mais dont le fonds de commerce demeure l'identité sportive. L'évolution du football est liée à une évolution des structures des clubs et doit le rester. L'absence de légitimité et d'unification de statuts, notamment au niveau des règlements intérieurs, ceux qui conditionnent le mode des élections, la durée des mandats, les critères de candidature, rend obligatoirement les clubs moins structurés, et par conséquent moins performants. La codification est une garantie automatique de réussite, ne pas l'avoir est une source sûre d'échec. Contrairement à ceux qui pensent que le football contient une part d'incertitude devant la loi et les règlements, on remarque bien que c'est le manque de textes qui entraîne le plus la confusion dans la gestion des clubs. Dans les grandes nations, l'évolution du football s'est faite en deux temps. Elles ont tout d'abord adopté le statut de Saos (Société anonyme à objet sportif) puis celui de Sasp (Société anonyme sportive professionnelle) dix ans plus tard. C'est cette dernière évolution juridique qui a notamment permis aux clubs d'être cotés en Bourse. On est ainsi passé d'un statut associatif à celui de vraies sociétés commerciales fonctionnant comme des sociétés anonymes. Il est clair que le statut juridique reste le moteur de l'évolution du football. Il s'agit du sport universel le plus regardé, le plus populaire, qui génère de l'argent, qui crée des stars... et c'est alors que l'on rentre dans un cercle de plus en plus impératif : une logique juridique. Ce qui engendre des retombées à la fois sportives et extrasportives, notamment pour ce qui concerne les droits et les devoirs de chaque partie prenante. Jusqu'à aujourd'hui, on ignore qui assure la pérennité et l'équité dans les clubs. Le temps n'est-il pas venu pour édicter les textes susceptibles de responsabiliser et de définir les rôles ? Contrairement à ce que l'on entend très souvent, le football professionnel n'est pas exempt de réglementation et ne sera jamais indépendant face à la loi. Au final, il devrait y avoir des statuts selon lesquels les clubs peuvent fonctionner. Ce qui est immoral, c'est que la plupart des clubs continuent à dépendre des personnes et non pas des textes. Là est le problème et le grand biais de cette évolution contre-nature.... Ce n'est pas, cependant, si simple que cela car on entre vite dans l'aspect affectif et humain du club de football (un nom, des couleurs, un stade, un symbole...) qui peut créer des débats sur le risque de dénaturation. Le débat oscille entre une position cynique et purement juridique selon laquelle ce que l'on considère comme primordial est le fait d'avoir la meilleure réglementation, les meilleurs textes, et une position plus affective qui place l'histoire et les hommes au centre, quitte à refuser l'apport juridique !... Ce débat nous renvoie à la question majeure du rôle social du club de football, et pas seulement à son statut juridique...