Par Jamel M'HIRI(*) Pourquoi notre football est-il autant décrié au niveau de ses performances et résultats qu'au niveau de ses ressources et finances? Le diagnostic révèle de multiples carences. C'est aussi l'occasion propice pour les détailler. Nous nous efforçons d'étudier un élément et non le moindre, qui participe lui aussi négativement à la situation actuelle. Il s'agit des législations relatives à nos clubs qui oscillent entre un amateurisme désuet et un professionnalisme non consommé. Le sport tunisien est régi actuellement par la loi 7-11-1959 relative aux associations et la loi organique du 6-2-1991 relative aux structures sportives et les modifications qui ont suivi. D'autres textes épars participent à l'élaboration du tissu législatif actuel. Toutes ces dispositions n'ont pas permis de résoudre les difficultés actuelles, notamment celles à consonance financière assez importante : salaires du personnel administratif, du cadre sportif et primes des joueurs. Tous ont besoin de rétributions qui doivent être honorées à la fin de chaque mois, ou à la fin de chaque saison. Sans oublier le bénévolat qui nécessite une formation et un encadrement appropriés. L'autorité administrative régionale ou nationale, ou les deux à la fois, dont relèvent les associations, doivent leur fournir le financement nécessaire et l'encadrement adéquat tout comme le contrôle strict périodique et rigoureux. Rien de tout cela n'est fait de manière à assurer la durabilité de l'activité et l'équilibre financier. La seule contribution consiste à mettre à leur disposition une infrastructure délabrée et insuffisante et une aide financière faible et qui tarde à venir. Le résultat est toujours le même. Des dirigeants bénévoles à bout de souffle, des conditions de travail lamentables et des résultats sportifs et éducatifs en deçà des objectifs. A un certain moment les instances sportives nationales ont pensé trouver la solution miracle dans le non-amateurisme ou le professionnalisme. Il s'est avéré que ce professionnalisme balance entre un amateurisme sans moyens et un professionnalisme sans ressources et avec un cadre juridique inapproprié. Une professionnalisation sans cadre juridique approprié ! Le premier obstacle rencontré est le cadre juridique inapproprié. Nos clubs continuent de fonctionner dans un cadre législatif associatif, alors qu'il faut instaurer une nouvelle législation s'inspirant de la loi française du 1er/03/2017 visant à préserver l'éthique sportive, à renforcer la régulation et la transparence du sport professionnel et à améliorer la compétitivité des clubs comme du cadre du sport professionnel, afin de permettre une organisation semblable à celle des sociétés commerciales dans lesquelles il y a un capital social, avec des apports et des associés et un patrimoine propre à la société, avec un conseil d'administration et des dirigeants propriétaires aux côtés de dirigeants rémunérés avec l'application des règles strictes de gestion, assurant une transparence totale et un équilibre des comptes avec des sanctions sportives et administratives en cas de rupture des équilibres financiers. Cela nécessite une refonte totale des structures qui veillent à l'organisation de notre football à travers le regroupement des clubs amateurs entre eux et les clubs professionnels entre eux. L'espoir est permis, vu la mission accordée à la commission consultative chargée de la révision du cadre juridique régissant les associations sportives et qui, à ma connaissance, regroupe d'éminents juristes et des dirigeants confirmés. (*)Ancien vice-président au CSS