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Maher Attar (Président de la Fédération tunisienne des sports aéronautiques et des activités associées) : «Rendre notre sport accessible» L'invité du Lundi
Piloter un avion de loisir par monsieur tout-le-monde est encore un rêve. Mais la Fédération tunisienne du sport aéronautique travaille pour le réaliser. Son président est venu nous voir et nous en parler. Interview Si vous vous présentiez, ainsi que votre jeune fédération aux lecteurs? Je suis pilote instructeur de métier, ce qui est à l'origine de ma passion pour l'aviation. Je suis dans le métier depuis 35 ans et j'ai, à mon actif, 6500 heures de vol. Je suis à la tête de la Fédération tunisienne des sports aéronautiques et des activités associées, fondée il y a tout juste deux ans. Le 5 août 2015, la création de notre fédération fut publiée dans le Journal officiel. Notre fédération a pour mission de développer et de diffuser les sports aériens. Tout ce qui vole et qui n'est pas du domaine de l'aviation civile ou militaire. Le sport aérien est un sport de loisir qui consiste à voler à basse altitude. Notre fédération comprend 42 spécialités dont les ULM (Planeur avion ultra-léger motorisé) ainsi que d'autres types d'avions, les acrobaties, l'indoor (l'air modélisme) qui se pratique dans une salle fermée, le cerf-volant, les lanternes lumineuses volantes et les avions papier. Bref, tout engin ne dépassant pas 150 mètres d'altitude. Combien de clubs sont affiliés à ce jour à votre jeune fédération ? Notre fédération compte dans ses rangs une vingtaine d'associations affiliées dont des clubs établis au sein des facultés universitaires. Il y a huit associations publiées sur le JORT, qui sont donc dans une situation régulière. Les autres clubs sont en cours de régularisation de situation. Nous aspirons que cela se fasse d'ici la fin de l'année 2018. En faisant une petite recherche sur le net, nous avons su que le sport aéronautique regroupe plusieurs compétitions : planeurs, moto planeurs et navigateurs entre autres. Quelles sont les compétitions pratiquées dans notre pays ? Vu le jeune âge de notre fédération, nous n'avons pas encore les moyens d'organiser une compétition d'une manière régulière. D'abord, ça coûte cher, mais aussi, il y a toute une mentalité à changer pour que les gens adhèrent au sport aéronautique. Nous sommes dans la toute première phase du développement de notre activité. Nous sommes en train de diffuser l'idée de pratiquer ce sport et de le faire connaître au grand public. Nous avons commencé par la pratique des disciplines qui ne coûtent pas cher, notamment l'indoor, les montgolfières et les avions en papier entre autres. En matière de compétitions, notre fédération commence tout juste par organiser un rallye. Notre fédération est un membre actif dans la Fédération aéronautique internationale et partenaire de la Fédération française de parachutisme. Nous sommes également membres des Unions arabe et africaine. Nous ne pouvons pas nous permettre d'organiser des compétitions régulièrement, car nous manquons de moyens pour le faire. Il nous faut une plateforme riche en moyens humains, matériels et logistiques. Pour ce faire, nous avons établi une stratégie de travail. La première étape consiste à organiser des rallyes en partenariat avec les Français. En avril et mai derniers, nous en avons organisé un qui a fait le tour de huit gouvernorats. 17 avions étrangers y ont pris part et ce fut une première dans l'histoire de notre pays. Le rassemblement avait eu lieu sur une plateforme privée à Zaghouan qui s'étalait sur 1 kilomètre de long et 20 mètres de large. Ce n'est pas le terrain de Sminja qui est un domaine militaire et qui nécessite une autorisation pour l'utiliser. Au fait, c'est un aéroport datant de la Première Guerre mondiale. Nous avons organisé en marge de ce rallye un show pour marquer le démarrage de l'année de l'enfance sous l'égide du ministère de la Femme. L'organisation de ce premier rallye nous a valu les félicitations de nos partenaires français. Grâce à ce rallye, nous faisons désormais partie des meilleures fédérations à l'échelle internationale en matière d'organisation, déroulement de l'événement en lui-même et la sécurité des participants. Nous avons fait le tour de 8 gouvernorats, 150 personnes et 17 avions avec zéro incident. Le rallye a duré 12 jours, sachant que l'organisation de ce genre d'événement nous permet de développer les propres ressources de notre fédération. Par ailleurs, quelle est votre stratégie sur le moyen et long terme pour rendre votre activité accessible, sachant que coûtant très cher, le sport aéronautique est encore élitiste ? Ce n'est pas non plus un sport de richard, même si, comme vous le dites, il faut avoir les moyens pour s'acheter un petit avion et le parquer dans une aérogare. Cela ne nous empêchera pas de rendre ce sport accessible au plus normal des citoyens. Si un citoyen moyen est passionné d'avions et de pilotage, il n'a qu'à adhérer à l'un des clubs affiliés à notre fédération. Pour le faire, il n'a pas besoin d'être le propriétaire de son propre avion. Car c'est le rôle de la fédération de créer la plateforme et de doter l'affilié d'un avion pour apprendre d'abord et s'adonner par la suite à sa passion de voler. Nous avons formé les instructeurs formateurs. Ce qui nous manque encore, ce sont les moyens pour se doter de la logistique nécessaire, sachant qu'un avion ULM d'occasion coûte dans les 240 mille dinars. Le prix d'un avion pendulaire d'occasion tourne autour de 5000 euros. Notre stratégie repose sur l'organisation des rallyes pour développer nos ressources afin de doter nos clubs d'avions et de montgolfières entre autres pour que les passionnés des sports aéronautiques puissent d'adonner à leur passion. L'adhérent a à sa charge les frais du carburant le payement de l'instructeur et à la fédération de procurer le matériel volant. Ça coûte quand même cher... Pas vraiment dans la mesure où le stagiaire disposera au terme de sa formation d'un brevet français qui lui permettra à son tour de devenir instructeur formateur outre qu'il aura l'autorisation de voler partout dans le monde. Avec son brevet français, il peut diriger des sessions de formation en France, ce qui constituera pour lui une source d'argent supplémentaire. Il y a donc en quelque sorte un retour sur investissement. Le mot de la fin... Je tiens à inviter tout le monde à venir assister au trophée du Chott-el-Jérid que nous organiserons du 28 décembre 2017 au 8 janvier 2018. On table sur 50 participants au moins qui prendront part à ce rallye munis de leur propres avions. Un événement gigantesque que nous espérons être une grande réussite pour le bien de notre sport et pour celui de notre tourisme.