Un enjeu socioéconomique de taille à exploiter à condition de purger le secteur et élaborer une réglementation,pour l'heure, totalement obsolète. M. Azouz Bachouche, vice-président de la Fédération tunisienne de l'aéronautique et de l'aéromodélisme (Ftaa) mais aussi pilote, inventeur de drones et ancien président de l'Aéroclub de Tunis ne mâche pas ses mots lorsqu'il s'exprime dans les bureaux de La Presse de Tunisie. Faisant part de son ras-le-bol face au blocage de la situation actuelle sur la mauvaise gestion des activités de l'aviation générale en Tunisie, il estime qu'il est temps de mettre en place « une réglementation qui légifère l'organisation et la pratique de sports aériens à l'instar des pays européens. Elle doit être élaborée afin de mettre fin au monopole injuste de la Fédération tunisienne des Sports aériens et des activités associées (Ftsaa) qui entrave le développement des sports aériens en Tunisie et agit à sa guise». Un message qui a le mérite d'être clair et concis. Rappel historique Dans son rapport à l'adresse de l'Etat tunisien intitulé «La Fédération Tunisienne des sports aériens et des activités associées (Ftsaaa) : grand obstacle pour le développement des sports aériens et de loisirs en Tunisie», il fera un retour aux sources de ces activités sur notre sol et dans nos airs afin de rappeler les circonstances d'une évolution pernicieuse. Celles-ci ont connu leur période de gloire dans les années 70-80; ce fut alors le grand décollage pour des activités telles que l'aéromodélisme, le vol à voile, les ultra légers motorisés (ULM) et plusieurs rallyes aériens internationaux. En 1989, l'ancien régime mettait fin à toutes ces activités passionnantes en détruisant le Centre national de vol à voile à Djebel Ressas. Après la révolution, les choses n'ont que peu évolué, voire pas du tout. Malgré l'éclosion de deux nouvelles fédérations aéronautiques, la Tunisie reste très loin du compte par rapport aux standards internationaux. Les moyens financiers sont maigres, le parrainage financier et en nature se fait absent et la deuxième fédération, la Ftsaaa « officie dans des conditions douteuses depuis sa création et son fondateur a voulu instaurer un monopole sur tout ce qui vole en Tunisie ». Sous d'autres cieux, on peut dénombrer pas moins de cinq fédérations et plus pour chaque domaine sportif aérien. Pour les cerfs-volants, les parachutes, les ULM, l'aviation légère, l'aéromodélisme... Manœuvres de la Ftsaaa Comme si tout cela ne suffisait pas, voilà que la Ftsaaa aurait faussé l'histoire de l'aéronautique en prétextant que le rallye qu'elle a organisé en 2017 fut le premier du genre en Tunisie alors que « le premier rallye ULM a eu lieu dans les années 80, en 1992 et plus tard ». La lettre du Ministère des Transports en date du 3 mai 2016 comporte la liste des événements aéronautiques bloqués par la Ftsaaa et les infractions aux décrets et lois aéronautiques en Tunisie. Pourtant la direction générale de l'aviation civile (Dgac), autorité de tutelle du Ministère du Transport dispose d'ingénieurs aéronautiques qualifiés et agissant selon les règles de l'OACI et les lois tunisiennes. Mais, nuancera notre expert, la «Ftsaaa n'avait pas cessé de s'arracher les prérogatives de la Dgac, utilisant le mot magique sécurité et agissant à ce jour comme un médecin non diplômé». Il poursuivra en évoquant une frilosité des organes de l'Etat dont la Direction Générale de l'Aviation Civile qui est, avec l'Oaca, seule compétente en matière de sécurité aérienne. Une purge est nécessaire Selon les propos de M. Bachouche, une triple action urgente, courageuse et salutaire devrait être prise étant donné que la Ftsaaa ne respecte pas les lois et réglementations de l'aviation civile en Tunisie. Elle prétend de manière fallacieuse, qu'elle est une institution «de l'état garantissant la sécurité de vol, des vies humaines et transfert d'argent». Elle nuit abusivement à l'activité aéronautique et de loisir en Tunisie et freine lourdement son développement. Dans son rapport, il termine en proposant un éventail de solutions qui visent à vaincre la frilosité ambiante pour aller de l'avant et permettre à plus d'un de voler de ses propres ailes. Vous trouverez dans un encadré joint l'intégralité de son message. «Investir dans l'aviation sportive et de loisir vaut mieux que tous les plateaux de TV réunis qui ne rapportent rien à la nouvelle génération, laissée pour compte, et avide de technologie et d'aviation» conclura notre vaillant homme amoureux du ciel et de l'air.