Après douze ans d'attente, l'équipe de Tunisie signe son come-back en Coupe du monde. Crispée, à l'image de son maître à jouer Msakni, guère inspiré hier, elle s'est compliqué l'existence, mais l'essentiel est là Stade olympique de Radès, temps frais, pelouse en bon état, éclairage satisfaisant, public record (près de 55 mille spectateurs). Arbitrage de Nampiandraza Hamada El Moussa (( Madagascar) assisté par Arsenio Chadreque Marengula (Mozambique) et Yahaya Mahamadou (Nigeria). Avertissements: Ben Amor 71' (Tunisie); Nachnouch 80' (Libye) Tunisie: Mathlouthi, Nagguez, Maâloul (Haddadi 70'), S.Ben Youssef, Meriah, Ben Amor, Chaâlali, Khazri (F. Ben Youssef 70'), Msakni, Badri (Sassi 84'), Khenissi. Libye: Mohamed Nachnouch, Ahmed Moksi, Al Moatassem Sabbou, Ahmed Torbi, Sanad Ouerfelli, Mohamed Tabbal (Taktak 74'), Al Moatassem Mosrati, Ahmed Ben Ali, Hamdou El Houni, Mouayed Ellafi, Mohamed Ghannoudi. Un derby maghrébin pour envoyer les Aigles au paradis mondialiste. Quoi de mieux pour donner à ce baisser de rideau des éliminatoires du groupe A les allures de kermesse et de fête totale dont l'enceinte radésienne fut privée depuis un bail. Les puristes étaient certes restés sur leur faim; ils attendaient en effet une victoire qui aurait donné davantage d'éclat à cette qualification. Mais il faut parfois savoir se contenter d'un nul qui envoie la bande à Maâloul au paradis. Après 1978, 1998, 2002 et 2006, les Aigles prennent rendez-vous avec l'événement planétaire le plus important et le plus suivi, avec les Jeux olympiques. A présent, ils attendent avec impatience le tirage au sort du 1er décembre où ils partiront dans le pot numéro 3. Mais il est clair que cette équipe possède une grosse marge de progression et qu'elle doit beaucoup travailler si elle veut briser un tabou et passer le premier tour, l'été prochain en Russie. En treize rencontres disputées en Tunisie, la Libye a subi douze défaites, décrochant un nul dans le dernier match. La tradition est ainsi nettement favorable aux nôtres qui paient le tribut de la pression terrible malgré une suprématie constante, notamment dans une première période dominée de la tête et des jambes. Ce n'est pas qu'ils doivent gagner coûte que coûte pour assurer la qualification, mais ils veulent donner du plaisir au public record arrivé de bonne heure au stade. Le catenaccio libyen, le piège du hors jeu, mais aussi la précipitation empêchent les Aigles de trouver l'ouverture. Ce but libérateur ne vint jamais, mais il faut avouer que le sélectionneur libyen y est pour quelque chose, puisqu'il musela le point fort du Onze national en mettant constamment deux ou trois joueurs sur Youssef Msakni chaque fois qu'il porte le ballon dans la zone de vérité. De plus, le flanc gauche ne bénéficia pas des raids habituels de Maâloul, nettement moins saignant qu'en d'autres circonstances. Tout comme du reste le côté droit où Nagguez a déçu quelque part. Le suspense a duré jusqu'au dernier moment, mais, finalement, le staff national a décidé de titulariser Ali Maâloul pas vraiment à cent pour cent. Chaâlali est par ailleurs préféré à Sassi, alors que Badri prend le flanc gauche de l'attaque. Le derby maghrébin démarre à cent à l'heure, sans aucun round d'observation. Dès la 3', la reprise de Khenissi servi par un Khazri au four et au moulin est déviée par le keeper libyen. 12': Wahbi Khazri a failli signer son 12e but avec la sélection nationale en tentant un lob des 30 mètres. Il y a un an, il a libéré les siens au stade Bologhine d'Alger, en transformant le penalty qui a donné une précieuse victoire aux hommes de Kasperczak qui était encore aux commandes devant les mêmes Chevaliers de la Méditerranée. Dans la minute qui suit, le même milieu offensif de Rennes croise trop sa frappe à ras de terre. La première occasion libyenne arrive au quart d'heure, Ghannoudi enroule son tir qui donne des frissons à Mathlouthi, et derrière lui à tout le public présent. A la 26', c'est au tour de Ben Amor, qui n'est pas hors jeu de perdre son duel avec Nachnouch. La frappe de Msakni, intelligemment servi en retrait par Khazri, s'en va dans le ciel de Radès (30'). Le même pensionnaire d'Al Duhail ne met pas la force espérée dans son initiative au milieu de trois adversaires (33') avant que Chaâlali ne rate le cadre (38'). A la 39', le gardien visiteur, jusque-là impeccable, a failli donner l'avantage aux Blancs en renvoyant le centre côté gauche de Chaâlali sur Khenissi, mais le ballon passe au-dessus de la transversale. Puis, c'est au tour de Tabbal de rater le cadre au terme d'une superbe action collective. Le premier half se termine sur un spectaculaire arrêt de Nachnouch qui s'illustre en plongeant pour dévier une superbe reprise de volée de Badri. Contrat rempli dans la douleur Au retour des vestiaires, on pensait que la Tunisie allait trouver la solution, mais c'est au contraire Ghannoudi qui sollicite sérieusement Mathlouthi dont la main ferme renvoie le cuir (49'). Six minutes plus tard, Msakni décoche un tir qui rebondit devant le portier des Rouges lequel veille au grain. A la 63', le coup franc enveloppé de Maâloul rate le cadre. Pas de réussite sur les balles arrêtées non plus, donc. A l'image d'un Msakni pas très inspiré, le team national peine à trouver la solution face à des Libyens qui ont l'esprit libéré et sont très bien organisés. Msakni réclame un penalty inexistant (73'). Entre-temps, la République Démocratique du Congo a ouvert le score face à la Guinée, ce qui met davantage de pression sur les Aigles. Au final, les Léopards, restés jusqu'au dernier moment au contact de la Tunisie, vont s'imposer à Kinshasa (3-1). Chaâlali réveille le public radésien de sa torpeur, mais l'excellent Nachnouch est toujours là. Non vraiment, ce n'était pas le soir des Aigles qui rappellent à tout le monde que le chemin de Moscou n'a pas été facile du tout. Et qu'un énorme travail les attend pour honorer le contrat mondialiste et pour tenir le choc face aux ténors de la planète. Sabbou continue de prendre le dessus sur un Nagguez très moyen. Le coach national veut assurer en intégrant un pivot supplémentaire, Sassi au détriment de Badri qui commençait à tirer la langue. La fête est pourtant là. Ce nul (0-0) suffit au bonheur de l'équipe de Tunisie qui composte pour la cinquième fois son billet pour le Mondial. Certes, les copains de Mathlouthi auraient aimé offrir une victoire en guise de bouquet final à leurs fans qui n'ont pas été avares en encouragements. Mais, au bout du compte, toute la Tunisie a dansé et chanté hier soir sur les airs du Kasatchok russe. Klaxons à l'appui, les artères des villes de notre pays ont connu une animation particulière, unissant dans un même élan les citoyens et faisant un moment oublier les profondes fissures quotidiennes.