Le Pakistan entend mettre le cap sur l'Afrique. La Tunisie pourrait à cet égard être un puissant relais De notre envoyé spécial à Karachi, Kamel Ferchichi Le rideau est, enfin, tombé sur l'Expo-Pakistan, tenue dans sa 10e édition du 9 au 12 de ce mois à Karachi. Pourtant, elle n'a pas encore révélé tous ses secrets. Reste que le bilan de la participation de la Tunisie semble peu reluisant, étant donné que la représentation sectorielle n'était pas à la hauteur de l'événement. En revanche, l'on ressent, manifestement, des prémices d'échange et de partenariat à plusieurs niveaux. Même si le textile et le cuir et chaussure ont eu, a priori, l'apanage des premiers contacts d'affaires. Leurs chances d'avoir une place sur un marché émergent aux mille opportunités d'investissement ne sont pas à négliger. Dattes, huile d'olive, agrumes, agroalimentaire, tourisme, artisanat et bien d'autres produits locaux pourront, si volonté il y a, fidéliser plus de 200 millions de consommateurs dont plus de 20 millions habitent Karachi, une des plus grandes villes du Pakistan, aujourd'hui capitale de la province du Sind. La 10e édition de cette foire annuelle, qualifiée d'exceptionnelle, vient aborder une nouvelle étape économique dans la région sud asiatique, avec pour objectif de faire du Pakistan un pôle d'attraction multisectorielle. Et si plus de 750 délégués, de tous bords — tous domaines confondus— avaient, ces jours-ci, les yeux rivés sur les réelles potentialités de ce pays, l'on doit se rendre compte de sa taille sur la carte mondiale. Son économie classée, chiffres à l'appui, 25e à l'échelle internationale. Avec un taux de croissance dépassant 5%, une immense superficie de plus de 796 mille km2, une importante infrastructure routière de base, un développement allant crescendo. Et le taux de pauvreté, estime-t-on, sera revu à la baisse, ces dernières années. Le Pakistan a les moyens de sa promotion, se fixant trois objectifs-clés: « Se faire une image de marque de plus en plus rayonnante, donner une impulsion aux jeunes compétences et ériger le pays en destination d'affaires privilégiée ». Cela dit, le pays aura encore besoin d'investissements et de partenariats. Raison pour laquelle l'Expo-Pakistan incarne une tendance à s'ouvrir largement. Désormais, il veut mettre le cap sur l'Afrique, dont la Tunisie constitue, à vrai dire, un portail de taille. Ainsi s'exprimait notre ambassadeur à Islamabad, M. Adel Elarbi. Cet intérêt tout particulier porté sur ce continent fut immédiatement traduit dans un forum « Regards sur l'Afrique », tenu en marge du salon, auquel ont pris part presque tous les corps diplomatiques africains accrédités au Pakistan. « J'ai bien profité de l'occasion pour mettre en valeur nos atouts économiques, tout en faisant valoir la position stratégique de la Tunisie par rapport aux marchés africains. Elle donne aussi sur l'Europe », nous rapporte M. Elarbi. Sans pour autant perdre de vue la disposition du pays à avoir une place sur l'orbite sud-asiatique. Le marché pakistanais demeure, selon lui, si prometteur que nos investisseurs pourraient en tirer le meilleur parti. «De son côté, le gouvernement tunisien fait de son mieux pour encourager les hommes d'affaires pakistanais à venir investir sous nos cieux, mettant à leur disposition les différents avantages fiscaux et douaniers y afférents », nous répond, humblement, l'ambassadeur. Nouveau code d'investissement déjà communiqué à toute la sphère économique de la région. En outre, il a eu à faire campagne auprès des chambres de commerce pakistanaises. Prochainement, une commission mixte Surtout que le Pakistan est un pays importateur d'agroalimentaire, de textile, d'engrais fertilisants et autres produits chimiques. Il s'agit, pour nous, des segments économiques qui s'exportent bien sur ce marché encore vierge, où la Tunisie peut s'imposer comme partenaire à part entière, aux côtés de la Chine, de l'Indonésie et d'autres pays du Golfe (Koweït, Arabie Saoudite, EAU). Elle pourra, en échange, établir avec lui un partenariat fructueux dans les matières premières du textile et habillement, minerais et autres équipements sportifs. « Le Pakistan est reconnu pour être grand exportateur, notamment du textile et des services», lit-on dans un document distribué aux médias présents à la foire. On y importe, d'ailleurs, du coton. Et M. Elarbi d'ajouter que le pays semble, actuellement, mettre le paquet pour devenir une destination économique régionale et internationale. Ainsi, « Emerging Pakistan » ou Pakistan en progression, se veut, alors, une vaste campagne de marketing haute en couleur. Son gouvernement compte lui donner une suite favorable. « Pour notre part, nous avons aussi tenu à faire fonctionner les mécanismes de notre diplomatie économique, les mettant au service du climat d'investissement en Tunisie», réagit-il, parallèlement. Donc, il y a, à l'en croire, une perception positive à l'égard du marché tunisien. Mais, il faut manifester du sérieux à ce niveau. Une délégation économique s'apprête, prochainement, à visiter la Tunisie, le but étant de jeter, le cas échéant, les bases d'un partenariat gagnant-gagnant. Ce rendez-vous a été, officiellement, confirmé par Son Excellence Zaheer Pervaiz Khan, ambassadeur du Pakistan à Tunis : «Il pourrait avoir lieu d'ici février prochain à Tunis ». Sinon, une haute commission mixte tuniso-pakistanaise se réunira, afin d'explorer les potentialités de coopération bilatérale. L'homme a été accueillant et généreux, au point d'accorder aux médias tunisiens présents à l'événement tout l'intérêt requis. Pour lui, les médias sont un relais important au service des relations des deux pays.