Les Journées cinématographiques de Carthage, désormais imminentes, sont précédées par les échos de leurs nouveautés. Il n'y en aura pas que pour le 35 mm et les grosses bobines. En marge des journées, un atelier de film numérique, baptisé "L'audace de filmer ", sera animé par le cinéaste tunisien Moncef Dhouib. Son principe est de permettre à une vingtaine de jeunes, initiés ou pas, parmi ceux qui ont déposé leurs candidatures avant le 8 octobre, de réaliser leur premier film sans en avoir forcément les connaissances ni les moyens. Comment y arriver ? La réponse réside, selon Moncef Dhouib, dans le numérique et le film très court (film de moins de trois minutes), fait à partir d'une petite caméra ou même d'un téléphone portable, un genre que beaucoup de jeunes et moins jeunes passionnés par l'image ont adopté, partout dans le monde. Un mouvement est apparu grâce à cette forme de démocratisation de l'acte de filmer. Ce mouvement a déjà atteint la Tunisie en 2008 par le biais du Festival international des très courts, accueilli par le CinémAfricArt. C'est un festival qui a lieu en mai de chaque année, depuis 1998, simultanément en France et dans plusieurs autres pays dans le monde, qui parlent pendant trois jours une seule et même langue, celle du numérique. L'idée de " l'audace de filmer " est aussi née d'un constat émergeant de ce contexte où le numérique se présente comme une nouvelle opportunité et alternative d'expression, à saisir. Moncef Dhouib affirme qu' "étant très présent sur la toile, j'ai commencé à me rendre compte de l'ampleur que prend le phénomène des vidéos que les internautes partagent, voire créent eux-mêmes. En même temps, force est de constater que dans cette révolution du numérique, nous jouons principalement le rôle de consommateurs d'images. Il est grand temps d'en créer à notre tour et de filmer autre chose que les vidéos à scandales que nous voyons sur les réseaux sociaux". C'est ainsi que lui est venue, il y a deux ans, l'idée du concept 1000 et 1 films. Il s'agit d'amener des jeunes gens passionnés par l'image à faire des très courts, destinés à être diffusés sur Internet et à participer à un concours de films web. " Une manière d'aborder l'ère du numérique, celle de l'échange rapide ", comme la décrit le cinéaste. Et d'ajouter : "Vu la difficulté de faire du cinéma industriel en Tunisie, où nous sommes de loin dépassés par ce qui se passe dans le monde, il y a encore un moyen de se rattraper en rejoignant l'ère du numérique ". Des rencontres dans un café de la banlieue, entre Moncef Dhouib et les jeunes, 1000 et 1 films passe à une nouvelle étape. Le concept a séduit la direction des JCC, 2010 étant de plus l'année du cinéma et l'année de la jeunesse. " L'audace de filmer " accueillera des amateurs, des étudiants de cinéma et des journalistes web à qui on va apprendre à bien cadrer, à prendre le son correctement, et toutes les étapes qui les mèneront à faire leurs très courts d'une manière très originale. En effet, le 30 octobre, la veille de la clôture des JCC, un happening viendra couronner cet atelier. Il aura lieu à l'avenue Habib-Bourguiba, qui se transformera en un grand studio de tournage avec les décors, la lumière, etc. Des acteurs se prêteront au jeu et tous ceux qui sont munis d'une caméra ou d'un portable peuvent filmer s'ils le veulent. Dans un second lieu, ils pourront monter leurs films et participer au concours du film web, où le public votera afin de choisir le top 10 des très courts. Pour Moncef Dhouib, c'est une façon de dire que " le cinéma, ce n'est pas seulement la course à la subvention et les salles qui ferment. Le cinéma, c'est l'avenir, c'est une autre manière de voir ! ". Et il ambitionne de diffuser son idée auprès des jeunes dans toutes les régions de la Tunisie.