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La parité est-elle inaccessible ?
Femme et leadership politique
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 11 - 2017

L'évaluation du parcours de la femme tunisienne dans le leadership politique dévoile un écart considérable entre la théorie et la pratique, entre le législatif et l'Etat réel
« Le leadership politique féminin : ses atouts et ses limites » est le thème de la conférence organisée, hier à Gammarth, par le Centre des études méditerranéennes et internationales (Cemi), en collaboration avec la Fondation allemande Konrad-Adenauer. Le thème ouvre la voie à une multitude d'interrogations sur la place qu'occupe la femme leader dans le paysage politique tunisien actuel. La promotion de l'implication de la femme dans la vie politique et la volonté pourtant hautement signifiée quant à son engagement dans la prise de décisions cruciales, relatives au devenir de son pays, et ce, sur un pied d'égalité que son partenaire, l'homme, ne cesse de résonner comme un son de cloche sous les voûtes du Parlement. Une cause qui semble réunir à la quasi unanimité les avis des leaders politiques représentant les partis d'influence et autres structures, moins imposantes mais tout aussi investies dans l'intérêt de l'Etat démocratique. Toutefois, et en dépit des textes constitutionnels et législatifs, en dépit des slogans proféministes scandés, la place de la femme tunisienne dans le leadership politique demeure bien en deçà des défis fixés. Le constat, bien qu'avantageux en comparaison notamment avec la situation politique de la femme dans d'autres pays de la région arabo-musulmane et celle, méditerranéenne, s'avère être insatisfaisant, surtout que les efforts proféministes fournis remontent à l'aube de l'Indépendance.
Lors de la séance inaugurale, M. Ahmed Driss, président du (Cemi), a indiqué que le rôle que joue la femme au sein de la société et en faveur du développement économique est loin d'être représenté sur la scène politique. La situation critique du leadership politique féminin se traduit nettement à travers les structures dirigeantes des partis politiques pour qui le principe de la parité reste inaccessible. « La femme dirigeante ne compte que 28% tout au plus des structures de certains partis. Seul le parti Al Massar s'engage dans cette logique. Les autres ménagent tout effort susceptible de soutenir la femme et de l'aider à accéder à des postes de commande. Le décalage entre le texte constitutionnel et sa mise en application est de taille », a-t-il expliqué. Et d'ajouter que si la proportion féminine au sein de l'ARP semble être importante, celle des dirigeantes est faible et a tendance même à s'estomper. « Seule une femme dirige l'un des comités parlementaires », argumente-t-il, s'interrogeant ainsi sur le devenir du principe de parité. Il a appelé, d'ailleurs, à instaurer toute une pédagogie à même de changer les mentalités ; une pédagogie qui devrait être orientée vers les femmes car ce sont les femmes, elles-mêmes, qui forgent les mentalités de l'homme de demain.
La parité : un principe strictement exigé
Prenant la parole à son tour, M. Holger Dix, représentant de la Fondation Konrad-Adenauer à Tunis, a rappelé, non sans satisfaction, que la Fondation compte quatre dirigeants chargés des pays de l'Afrique du Nord, dont deux appartiennent à la gent féminine. « L'Allemagne, a-t-il souligné, est dirigée depuis plus d'une décennie par une femme qui a su gagner la confiance du peuple ». M. Dix a rappelé la mission-clef de la Fondation, à savoir la promotion de la démocratie et l'initiation des peuples à cet effet. « Nous sommes convaincus de la nécessité de soutenir la jeune démocratie tunisienne naissante », a-t-il ajouté. Il a indiqué, par ailleurs, qu'il est possible de booster l'engagement politique des femmes à travers le recours à des démarches systématiques, imposant le principe de la parité. « Il suffit, renchérit-il, qu'un parti exige le principe de parité auprès de ses dirigeants et de ses structures pour contribuer, automatiquement, à la promotion du leadership politique féminin. Il convient aussi de se pencher sur la question de l'éthique politique et d'œuvrer dans l'optique de changer l'image disgracieuse du paysage politique, lequel est jugé dans certaines sociétés comme étant malsain, et ce, afin d'encourager les femmes à s'adonner à ce milieu, confiantes et déterminées ». Le représentant de la Fondation a plaidé, lors de son allocution inaugurale, pour l'insertion de la femme dans la vie politique, laquelle apporterait, sans doute, à l'action politique plus d'efficience, de crédibilité et de confiance.
M. Chafik Sarsar, universitaire et ex-président de l'Isie a traité de la parité comme étant la clef de voute de la participation féminine à la vie politique en Tunisie. Il faut dire que la promotion du rôle politique de la femme remonte à l'aube de l'indépendance. L'année 1957 avait marqué d'une pierre blanche l'instauration du premier texte législatif accordant à la femme le droit de vote. Aujourd'hui, la femme représente 35,19% du parlement contre seulement 27,18% en 2011. Toutefois, l'arbre ne peut cacher la forêt. Des lacunes continuent d'entraver le leadership politique féminin. En effet, en ce qui concerne les listes électorales, les indicateurs montrent que les femmes inscrites excèdent les 46,5%. « Or, qu'en est-il des femmes non inscrites et surtout des femmes — et des hommes — qui ne détiennent pas une CIN. Cette population est estimée à 300 mille personnes. Mais ce ne sont que des estimations. Nous ne détenons pas de chiffres fiables », a-t-il indiqué. M. Sarsar a passé en revue tous les textes constitutionnels et autres, législatifs, exigeant le principe de parité, dont le décret 35, l'article constitutionnel numéro 24, l'article 26 du Conseil supérieur de la magistrature. Mieux encore : l'article 46 met tout électeur dans l'obligation de respecter le principe de la parité sinon son vote sera systématiquement non comptabilisé. Toutes ces lois n'ont, toutefois, pas abouti à imposer la parité comme étant une règle intransigeante. Et pour preuve : seules 9% des femmes chapeautaient les listes électorales en 2014.
M. Sarsar a évoqué la question d'un point de vue organisationnel. En 2011, la femme a été représentée au sein de l'Isie par deux membres, contre 14 membres appartenant à la gent masculine. En 2014, elles étaient trois contre six hommes, soit plus de 35% des membres dirigeants de l'Isie. En 2017, la place de la femme leader au sein de l'Isie a chuté d'un cran pour se limiter à une dirigeante parmi neuf dirigeants. L'orateur a souligné la place qu'avait occupée la femme au sein de l'Isie lors du scrutin de 2014. L'on note 580 agents administratifs dont 202 femmes et 26% des présidents des bureaux de vote.
Mentalité patriarcale et sous-développement humain
Manifestement, l'évaluation du parcours de la femme tunisienne dans le leadership politique dévoile un écart considérable entre le théorique et le pratique, entre le législatif et l'Etat réel. Un écart qui amène l'orateur à s'interroger sur les défaillances à remédier, lesquelles à son sens reviennent au sous-développement humain. « Dans la localité Kef Abed, située à seulement 100 kilomètres de Tunis et dont la population est de 1200 habitants, l'on compte 500 personnes n'ayant pas de CIN. Pour ces Tunisiens, le vote ne figure pas sur la liste des priorités de la vie», a-t-il fait remarquer. Il ajoute : «L'analphabétisme, la mentalité patriarcale récalcitrante, le cumul de tant de décennies d'inégalité de genre, le refus acharné contre tout engagement féminin dans la politique et dans la gouvernance locale mais aussi l'absence d'une discrimination positive en faveur des femmes et de tout encouragement à même de les inciter à aller de l'avant et à mettre le pied à l'étrier politique ; toutes ces lacunes convergent vers le non-aboutissement, jusque-là, de la parité de genre dans le leadership politique. D'ailleurs, la couverture médiatique pro-féministe durant les élections de 2014 était limitée à seulement 5% ».
La femme : au cœur des débats politiques
Mme Hafidha Chekir, universitaire, a axé son intervention sur la femme et l'expérience de la Constituante. En effet, la question féminine était au cœur des débats menés au sein de l'assemblée constituante dans une phase charnière de la politique tunisienne. Des débats qui tournaient, tant directement qu'indirectement, autour de la promotion — ou non — du rôle de la femme tunisienne, du renforcement — ou de l'affaiblissement — de ses acquis. Mme Chekir a passé en revue les grands débats menés au sein de la constituante, dont la réinstauration de la Chariaâ en tant que source de droit, la suprématie des droits universels humains ou encore des spécificités culturelles, lesquelles sont puisées dans l'Islam ; les droits des femmes dans la famille, ce qui place l'environnement social restreint de la femme à un niveau privilégié. L'oratrice a ravivé la mémoire de l'assistance quant à l'article 28 de la Constitution, lequel fait pencher la balance du côté de la complémentarité de genre ; une notion fortement plaidée d'ailleurs par les conservateurs, au détriment du principe de l'égalité entre l'homme et la femme. Il s'agissait d'une réelle menace pour les pro-féministes à laquelle il a été finalement renoncé. « Beaucoup reste à faire afin de garantir l'effectivité de la Constitution. D'où l'impératif, pour les femmes, de poursuivre le plaidoyer pro-féministe », a-t-elle conclu.


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