Un footballeur a droit à une couverture sociale comme tous les citoyens. Le sport ne doit pas constituer un no man's land en matière de dignité de l'homme Quand on entend dire que, plongés dans une crise financière sans précédent, les clubs peinent à verser les cotisations au régime général de sécurité sociale, on a peine à croire qu'ils mesurent parfaitement l'importance de cette couverture pour leurs pensionnaires. En effet, c'est une composante essentielle de la dignité humaine. Elle devient plus urgente et vitale quand on sait que la carrière d'un footballeur, salarié ou travailleur indépendant, est éphémère, qu'elle dure à peine une dizaine ou une quinzaine d'années au meilleur des cas. Elle peut même être broyée dès le début par une grave blessure qui obligerait le joueur à raccrocher très tôt. Le régime professionnel, malgré toutes les lacunes de sa pratique dans notre pays, reste néanmoins un garant d'une couverture sociale du footballeur identique à celle du commun des citoyens. Par rapport à ce qui se faisait par le passé, il y a des avancées incontestables qui mettent le sportif à l'abri de scènes humiliantes pour lui et pour le statut qu'il avait longtemps assumé, celui d'une vedette qui apportait du bonheur aux spectateurs. La liste des anciens joueurs qui ont terminé leur vie dans le dénuement et la dégradation constitue une honte pour une activité pourtant source de bonheur et de plaisir, sauf dans ces cas précis pour les «oubliés» du sport. Un terreau des SDF ? On parle dans l'absolu de spécificité du football tout en oubliant que dans le cas de notre pays, il a été longtemps régi par l'Etat et qu'il continue de l'être. Les clubs, qui ont toujours bénéficié d'une exonération fiscale n'ont jamais eu le souci, dans un régime amateur de prendre en charge la couverture sociale des joueurs qui n'étaient pas en fait des employés au sein de ces mêmes clubs. Aujourd'hui que la donne a changé, ils sont tenus de s'acquitter de cette charge afin de ne pas générer une classe sociale non couverte socialement et qui va se retrouver un jour ou l'autre à la frontière de la précarité. Verra-t-on un jour chez nous tous les sportifs salariés et jouissant d'un contrat de travail bénéficier d'un régime de protection sociale ordinaire comprenant les prestations servies en matière d'accident de travail et maladies professionnelles, d'assurances sociales et de prestations familiales ? Le sport ne doit pas ressembler à un terreau des SDF.