Des guides sont en train d'être élaborés pour informer les partenaires et les intervenants sur les différentes composantes du circuit de prise en charge dans chaque secteur pour chaque type de violence et chaque type d'intervenant La mise en œuvre du projet «Appui à la création de mécanismes intersectoriels pour la prise en charge des femmes victimes de violence dans le Grand-Tunis» pour la période 2014/2018 a pour objectif de permettre aux femmes victimes de violence de bénéficier d'une réponse intersectorielle efficace et coordonnée dans le Grand-Tunis grâce à la création de mécanismes de coordination intersectorielle. Pour conférer de l'efficience à ce projet et garantir une coordination efficace entre les parties officielles concernées, cinq ministères ont été impliqués, à savoir les ministères de l'Intérieur, de la Justice, des Affaires sociales, de la Santé et des Affaires de la femme, de la famille et de l'enfance. De 2014 à 2016, la première phase du projet dont les partenaires exécutifs sont le ministère des Affaires de la femme, de la famille et de l'enfance, l'Onfp et l'ONU Femmes, a démarré dans la ville de Ben Arous qui a été choisie pour y entreprendre une première expérience pilote. Plusieurs lacunes La seconde phase a concerné, par la suite, les gouvernorats de La Manouba (Douar Hicher), l'Ariana (Sidi Thabet) et Tunis (Bardo). Après trois ans d'application sur le terrain, une première évaluation de l'efficacité de ce projet, s'articulant autour de deux axes essentiels, vient d'être réalisée par un cabinet privé pour identifier les points forts et les points faibles de ce programme afin de rectifier le tir et d'améliorer les interventions et les actions destinées à améliorer la prise en charge des femmes victimes de violence dans les structures de santé se trouvant dans les gouvernorats ciblés. Il ressort de cette évaluation, qui a été présentée par Asma El Costantini, consultante, coach et formatrice lors d'une table ronde organisée par l'Onfp sur le thème «La prise en charge des femmes victimes de violence dans les espaces appartenant au secteur de santé : Réalité et aspiration», que si ce projet répond globalement aux besoins des femmes victimes de violence, il souffre par contre de plusieurs lacunes qui entravent l'efficience des actions sur le terrain. Nombre insuffisant de structures spécialisées L'une des principales faiblesses relevées concerne le nombre des structures de prise en charge des femmes victimes de violence qui demeure encore assez faible. A cela viennent s'ajouter le manque de formation et d'expérience des personnes chargées d'accompagner les femmes victimes de violence dans ces structures et le réseautage peu opérationnel entre tous les partenaires impliqués dans ce projet. Il reste que des efforts ont été entrepris pour assurer la réussite de ce projet. Certains intervenants ont renforcé leurs connaissances et leurs capacités en matière de prise en charge de femmes victimes de violence (FVV). Quant aux outils qui ont été mis en œuvre pour la prise en charge intersectorielle des FVV dans les structures spécialisées (manuels de procédures, annuaire du réseau de structures de prise en charge des FVV...), ils sont disponibles au sein des structures et utilisés par les prestataires de manière consensuelle et de façon à garantir un accompagnement adéquat aux victimes de violence au sein de ces structures. Plus d'une trentaine d'intervenants au niveau de la première ligne (assistantes sociales, psychologues, centres spécifiques...) ont bénéficié, par ailleurs, d'une formation en psycho-traumatologie en 2015. Mais seules trois sessions de formation ont été organisées sur les 83 qui étaient prévues par le projet. Actuellement des guides sont en train d'être élaborés pour informer les partenaires et les intervenants sur les différentes composantes du circuit de prise en charge dans chaque secteur pour chaque type de violence et chaque type d'intervenant. Ces guides renseignent également sur les bonnes pratiques et les sanctions prévues en cas de non-respect des procédures suivant le cadre législatif en vigueur. Malgré la bonne volonté affichée par les partenaires impliqués dans ce projet, plusieurs objectifs n'ont pas encore été réalisés dont celui de la mise en place d'une base de données électronique, permettant l'enregistrement des cas de femmes victimes de violence, le suivi du circuit emprunté, l'échange d'informations entre les différents intervenants du réseau et l'identification des insuffisances et des bonnes pratiques. Des recommandations ont été émises suite à l'évaluation de ce projet. Il s'agit notamment, selon Mme El Costantini, de «former intensivement tous les intervenants sur les concepts et les notions relatives à la violence dont sont victimes les femmes, d'identifier les bonnes pratiques de prise en charge intersectoriel, de concevoir plus de services spécifiques aux femmes victimes de violence dans les différentes institutions, ministères et structures concernés et d'élaborer une stratégie spécifique à chaque région».