Les constructions pieds dans l'eau qui ont accéléré l'érosion des plages de La Marsa et de Gammarth, l'urbanisation non maîtrisée, la déforestation à Gammarth et les constructions en infraction avec la loi ont fait l'objet d'une table ronde qui a réuni des membres de la société civile de la ville. «La Marsa change» est une initiative citoyenne qui vient d'organiser ce dimanche une conférence suivie d'un débat autour du projet du Plan d'aménagement urbain (PAU) qui fait l'objet de plusieurs critiques émanant des citoyens qui se sont regroupés sous la bannière de cette initiative pour faire front commun contre ce plan. «La Marsa change», oui, mais dans quel sens? La réponse est pourtant bien claire si l'on énumère les impacts négatifs du projet dudit plan et les problèmes majeurs qu'il risque d'engendrer. Dans une citrique frontale, Yadh Zahar, professeur des universités et expert international en développement durable, a révélé que ce projet vise à «urbaniser des zones à risques et régulariser les infractions». Concrétiser la démocratie participative L'initiative «La Marsa change» se muera bientôt en liste électorale apolitique pour entrer en concurrence avec les autres listes dans le cadre des prochaines élections municipales, explique Samir Mehdaoui, membre de cette initiative. La Marsa a grand besoin d'un conseil municipal élu qui reflétera la voix réelle des citoyennes et citoyens de La Marsa, un conseil au service des habitants qui fasse vivre concrètement la démocratie participative. «Notre mouvement n'appartient à aucun parti politique, et notre seul parti c'est La Marsa avec ses riches et ses pauvres, une ville qui compte aujourd'hui environ cent mille habitants», ajoute Samir Mehdaoui. Le projet du plan d'aménagement urbain semble vouloir donner la légitimité aux dépassements précédents et aux spéculations immobilières, ce qui est inadmissible. On veut que le plan d'aménagement urbain soit décidé par un conseil municipal élu et légitime. Le PAU n'est pas du ressort des délégations spéciales, a-t-il fait savoir. Atteintes multiples à l'environnement La dégradation des conditions de vie n'est pas à démontrer, comme en témoignent la multiplication d'atteintes graves aux règles de l'aménagement territorial et urbain, et la dégradation de l'environnement, révèle Yadh Zahar, expert international en développement durable, lors de son intervention. Il pointe du doigt les constructions sur les sites classés et protégés, le délaissement des monuments historiques, la congestion de la circulation, la réduction et la conversion des espaces verts. Yadh Zahar a regretté l'absence de vision et d'un avenir partagé, ainsi que d'une bonne gouvernance et de transparence, citant dans ce contexte les spéculations foncières en zones inondables et non viabilisées, comme c'est le cas à Bhar Lazrag. «Le projet du plan actuel d'aménagement urbain entre dans une logique de spéculation, on veut vendre La Marsa», martèle-t-il. Refus du projet du plan d'aménagement urbain Evoquant la dégradation de la situation environnementale, Yadh Zahar a parlé de l'érosion des plages, des constructions pieds dans l'eau qui ont accéléré cette érosion et a appelé à appliquer la loi, sauvegarder le domaine public maritime et éviter les situations de non-retour du fait d'une urbanisation non maîtrisée. Il a signalé aussi le problème de la déforestation à Gammarth et la spéculation sur des sites classés, les constructions en infraction avec la loi et la non-valorisation du patrimoine historique. La densification en zone urbaine au centre-ville de La Marsa a systématiquement entraîné le dysfonctionnement de la mobilité. «Pour l'entrée de la ville, on ne peut pas faire plus compliqué», ironise-t-il. Quel avenir pour La Marsa, pourrait-on se demander à la fin, d'autant plus qu'il n'y a pas eu concertation autour de ce projet du plan d'aménagement urbain. Un plan qui vise à urbaniser des zones à risques et régulariser les infractions, selon Yadh Zahar qui insiste sur le devoir de concevoir un plan d'avenir avec une participation citoyenne pour relever les défis.