Le plan d'aménagement de Hammamet a fait l'objet d'un débat organisé par les différentes associations civiles de la ville au centre culturel d'Hammamet. Le document exposé est actuellement en phase de concertation, ses grandes lignes ont été présentées au public. Ce plan comme l'a précisé Raouf Jabnoun le maire d'Hammamet devra d'ailleurs prendre en considération les nouveaux éléments que sont la reconversion de la ville et de prévoir les besoins en matière de logements, de routes, d'espaces verts et d'équipements. Ce futur plan d'aménagement devra inclure l'ensemble du périmètre urbain de la ville. Pour l'ensemble des administrations et collectivités concernées, ce plan devra rendre le travail plus fluide. En effet, au lieu d'avoir plusieurs documents avec autant de nomenclatures différentes, ce plan permettra d'unifier les visions. En plus, la ville pourra enfin se doter d'un outil d'aménagement moderne qui prendra en considération les évolutions récentes en matière de développement de Hammamet. « Ce ne sera pas un document d'urbanisme classique, mais un vrai outil de développement issu de la ville elle-même» précise Ridha Mankai qui recommande d'accélérer la révision du plan d'aménagement, insistant sur la nécessité de parfaire la coordination entre les différentes parties concernées, de manière à garantir la dimension prospective du plan, à faire de la ville de Hammamet un éminent pôle économique, touristique et culturel. Ce plan précise Dr Salem Sahli va permettre la mise en place d'un plan d'intervention, en vue d'assurer la maintenance du tissu urbain ancien et transformer certaines de ses composantes en circuits touristiques dotés des équipements nécessaires. Et là dit –il va falloir faire un diagnostic et dévoiler les pouvoirs occultes qui bloquent la ville et en tirent profit. Il faudra mettre de l'ordre au niveau de la planification urbaine et opter dans ce cadre pour une approche participative, en associant les acteurs de la société civile dans la gestion de la ville» La brique ajoute-il a bouffé les terres agricoles, asphyxiant les poumons verts de la ville. La fièvre du béton n'a jamais été aussi forte à Hammamet. Partout c'est l'effervescence. La ville semble livrée à la surenchère immobilière. Au sud, au centre, comme au nord de la ville, les grues sont à l'œuvre pour ériger des complexes résidentiels, des centres commerciaux, des unités hôtelières...que sais-je encore ? avec pour dénominateur commun une caractéristique : le gigantisme. Et c'est maintenant la mer et ses abords immédiats qui sont visés par les promoteurs de ces « choses », risquant de transformer les rares fenêtres vertes ouvrant sur le golfe d'Hammamet en un immense voile de béton barrant l'horizon. De proche en proche et d'extension en extension, les quelques sites demeurés jusque là intacts sont phagocytés par les constructions, et ce, malgré la grogne d'une partie de l'opinion et de certains conseillers municipaux. Ceux-ci font remarquer que la plupart des constructions hideuses contre lesquelles ils s'insurgent ont pour origine une dérogation à une disposition d'urbanisme. Et ils ajoutent que les dérogations généreusement octroyées aux promoteurs constituent une des techniques juridiques qui a le plus porté atteinte à l'environnement et l'esthétique urbaine de notre ville. Certains projets touristiques n'ont pas respecté les règles d'urbanisme les plus élémentaires. Et là nous devrons faire face au changement de vocation de certaines zones qui de «H» deviennent «H.U » La décision de révision n'a pas manqué de soulever les inquiétudes des acteurs de la société civile, qui appellent aussi à la sauvegarde du patrimoine de la ville « le cœur historique de la ville des jasmins a été défiguré. Le Fort, ce monument historique semble avoir définitivement perdu son âme. Les saletés agressent ce vieux quartier de la ville. Les enseignes lumineuses et autres panneaux publicitaires – véritable hymne à la laideur – finissent par produire chez le visiteur une impression de désordre inesthétique » estime Kamel Bennila. Dalal Bouslama a souligné que Hammamet porte plusieurs enjeux politiques et économiques. C'est ce qui explique ces infractions et le non respect du plan d'aménagement. En tant que société civile, nous ne devrons pas être passifs et nonchalants pour laisser à d'autres le soin de décider à notre place de l'avenir de notre ville ? C'est l'avis de Mohamed Choumakh qui estime que Hammamet tarde à retrouver ses repères « Elle est défigurée. Une dégradation vécue au quotidien par le citoyen qui ne sait plus à quel saint se vouer. Des chantiers laissés à ciel ouvert. Plusieurs travaux sont inachevés, nuisant ainsi au cadre de vie du citoyen. Cependant, c'est à l'intérieur des quartiers que les problèmes d'entretien de la chaussée se posent avec acuité au regard du taux de dégradation constaté sur place. Hammamet est saturé. Le résultat est une véritable anarchie spatiale qui a entraîné la disparition d'une grande partie de la flore endémique de Jbel hammamet. La ville des jasmins a besoin d'oxygène et des centaines d' hectares au cours des vingt prochaines années pour respirer et assurer le logement, équipement sanitaire, voiries. D'autant plus que la construction anarchique constitue une atteinte à l'esthétique de cette station balnéaire et pose de sérieux problèmes écologiques dus au recul continue des vergers d'agrumes qui constituent l'emblème de la région » Chihab Ben Fradj a soulevé le problème des accès à la plage « Saleté, prolifération du commerce informel, squat ces entrées de nos plages, dégradation du cadre de vie des citoyens, tels sont les clichés du quotidien que traverse le citoyen dans ces espaces littoraux . Le plan de développement doit suivre le plan d'aménagement dit-il. Hammamet, ce paradis perdu ne pourra pas continuer de telle façon. Le plan d'aménagement de Hammamet doit transformer Hammamet en une perle de la Méditerranée a affirmé Habib Bouslama hôtelier « Cet aménagement doit tenir compte des spécificités touristiques de la ville » Amor Fayedh estime que le projet de révision du plan d'aménagement s'inscrit dans une vision globale ayant pour but de préserver les caractéristiques économiques, culturelles et écologiques de Hammamet. L'organisme a besoin d'anticorps pour résister aux diverses agressions qui tentent de le déstabiliser. Ils lui permettent également de se restructurer. De même le corps social ne peut résister à ces défaillances. L'histoire de toutes les sociétés est jalonnée de ces anticorps. La transformation de la société exclut l'amateurisme. De même, pour jouer son rôle d'anticorps, la société civile a besoin d'une vision claire et une prise de responsabilité. Nous devrons être tous les gardiens de cette belle cité et comme l ‘a dit Kadhem Mankai un véritable « plan Marshall » s'impose pour sauver Hammamet. « Il faudrait une vision prospective à même de favoriser la définition d'une stratégie locale de l'aménagement du territoire, pour encadrer le développement durable dans cette ville. Cet aménagement répond aux attentes des habitants et concerne des interventions urbaines sur l'espace urbain, lesquelles illustrent un modèle innovant et participatif de planification et de vécu du territoire par l'application d'une charte des espaces publics et d'une nouvelle ‘façon de penser' le territoire. Un comité de réflexion sur le projet de la révision du plan d'aménagement est souhaitable pour aider la municipalité à concevoir un modèle de développement innovant destiné à restructurer, d'une manière progressive mais durable la cité des jasmins. Les compétences ne manquent pas. Pour pouvoir rayonner, Hammamet doit être ancrée dans le regard des hammamettois qui la vivent au jour le jour, et dans la mémoire des visiteurs qui l'emportent dans leurs valises.