«A chacun son destin»: c'est ainsi que titre Rachid Ayadi son article dans l'édition de La Presse du 13 décembre 2016. En fait, il ne croyait pas si bien dire, car son destin à lui s'appelle la plume et le journal La Presse. Correspondant émérite de La Presse puis d'Assahafa depuis 1967, Rachid Ayadi passe aujourd'hui pour être le doyen des correspondants régionaux du pays. A partir de la capitale du Sud, la ville de Sfax qu'il chérit par dessus tout, il rend compte d'une actualité sportive foisonnante. Comme un porte-bonheur, l'année suivant son arrivée parmi les journalistes de la région, sa ville natale assiste au premier sacre majeur, le championnat de Tunisie remporté par le Sfax Railways Sport. Dans la foulée, en 1969, ce sera le tour de l'ancien Club Tunisien, rebaptisé en 1962 Club Sportif Sfaxien, de faire pareil. Depuis, Ayadi raconte avec sa faconde et sa plume fraîche et pleine de verve, et ce qui ne gâche rien avec un brin de parti pris inévitable, qui sommeille au fond de chaque sportif passionné, les triomphes sfaxiens de l'après-Indépendance. Il a accompagné le parcours de plein de présidents historiques et de joueurs de légende. De Hedi Bouricha, par ailleurs ancien ministre des Sports en 1985-86, et Taoufik Zahaf jusqu'au sulfureux Moncef Khemakhem et son alter ego Moncef Sellami au sein du CSS; de l'imposant Mokhtar Mhiri au SRS jusqu'aux dirigeants cheminots d'aujourd'hui; d'Alaya Sassi, Mongi Dalhoum et Ali Graja jusqu'au CSS de l'ère professionnelle, parvenu jusqu'au sommet de la gloire continentale, de Ezeddine Chakroun, Amor Madhi et Romdhane Toumi du SRS mythique des sixties jusqu'à la cuvée du brusque déclin... Comme au bon vieux temps ! Personnage incontournable et silhouette familière pour tous ceux qui ont appris à fréquenter la tribune de presse du stade Taieb Mhiri de Sfax, Rachid Ayadi poursuit son œuvre d'inlassable conteur des épopées sportives. «Comme au bon vieux temps»: le titre d'un de ses articles paru il y a un an rappelle la nostalgie qui habite ce sportif-né qui a fini par la force des choses par se faire une idole: Hamadi Agrebi auquel il pourrait, comme chaque Sfaxien qui se respecte, dédier un roman d'amour. Cet amour pas d'un seul jour mais pour toujours, il pourrait facilement le narrer avec la même dextérité et un égal bonheur aussi bien dans la langue de Molière que dans celle d'Al Jahiz puisque le bonhomme est parfaitement bilingue même s'il est Prof d'arabe. Dans le cas de figure, ce ne serait pas le fameux «Livre des avares», qu'il s'amuserait à rédiger, mais plutôt celui d'un généreux don de soi. D'un sacerdoce témoignant de liens secrets l'attachant à ses lecteurs. D'heures et heures consacrées à sa vocation qu'il n'abandonna jamais, et qui le lui rend bien en ne le trahissant jamais: celle d'un conteur de l'éphémère. Une passion qui occupe toujours un pan entier de sa vie de journaliste de la Belle époque sur laquelle ni le buzz ou le scoop ni encore moins les artifices contemporains n'ont jamais eu de prise.