Illustre inconnu, Slim Riahi apparaît soudainement sur la scène politique, économique et sportive, au lendemain de la révolution de 2011. Tout le monde se souvient du spot publicitaire et du slogan "Tawa" diffusé sur toutes les chaînes de télévision (avant l'interdiction de la publicité politique), qui marque l'apparition d'un tout nouveau parti: l'Union patriotique libre. Raillée par les partis d'opposition classique (PDP, Ettakattol et autres), l'UPL échoue lors des élections de la constituante en 2011. Mené par l'homme d'affaires, l'UPL récidive en 2014, avec, cette fois, un succès fulgurant qui fait de lui la 3e force politique, alors que les partis du centre sont laminés. Dès lors l'homme d'affaires et son parti deviennent incontournables dans l'équation politique, participent aux deux premiers gouvernements, mais ne parviennent pas à se faire une place dans le gouvernement dit d'union nationale, formé par Youssef Chahed. Pourtant, signataire du Document de Carthage, le président de l'UPL annonce son retrait. Peu après, ses ennuis judiciaires commencent. La justice le soupçonne de blanchiment d'argent et décide de geler l'ensemble de ses avoirs. Slim Riahi accuse alors le chef du gouvernement de chercher à régler des comptes politiques. Dès lors, l'homme d'affaires entame un désengagement de la scène publique. Il démissionne d'abord de la présidence du Club Africain, et, jeudi, contre toute attente, il annonce sa démission de la présidence de l'UPL. Sa décision est d'autant plus incompréhensible que sur le plan politique, les choses semblaient revenir à la normale. En effet, il y a seulement quelques semaines, il annonçait son retour au Document de Carthage et s'affichait même avec Hafedh Caïd Essebsi, le directeur exécutif de Nida Tounès, et avec Rached Ghannouchi, président du parti Ennahdha. Pour les médias, ils formeraient "la nouvelle Troïka". Mais ce retrait de Slim Riahi du parti pourrait sonner le glas de l'UPL. A moins que l'homme d'affaires ne continue à diriger le parti en sous-main, l'UPL pourrait être privée du soutien financier de Slim Riahi. Présidente par intérim, Samira Chaouachi aura la lourde tâche de gérer la crise jusqu'à la tenue d'un congrès électif. S'ils ne s'expriment pas sur le sujet, les dirigeants de l'UPL ne semblent pas affectés par cette annonce, ce qui laisse penser que la décision a été mûrement réfléchie et prise en concertation avec les cadres du parti.