Faute de moyens, faute de places restantes prévues par les règlements et contrats blindés, les nouveaux dirigeants n'ont pas une grande marge de manœuvre Deux mois presque après la fameuse assemblée générale qui a confirmé la démission et le départ de Slim Riahi et de son comité, les choses ne semblent pas passer au rose. C'est tellement compliqué et flou que l'on a l'impression que ça devient de plus en plus difficile de comprendre tout d'abord ce qui se passe, puis de trouver des solutions. L'héritage lourd «misérable» de Slim Riahi (dettes faramineuses estimées à 20 millions de dinars, contrats béton pour des joueurs moyens et en position de force, entraîneur italien qui a tout raté, sections délaissées et sans soutien financier, contrats de sponsoring flous et pas au tout opérationnels...) explique en grande partie le fait que deux mois après son départ, le comité provisoire peine à se situer et à faire changer les choses. Ce comité qui devait préparer les élections et gérer provisoirement les affaires du club, est au milieu d'une tourmente. Il plonge de plus en plus dans la toile d'araignée laissée au lieu de chercher à améliorer les finances et à atténuer le poids de la crise économique, ce comité provisoire, très grand en taille par rapport à la nature de la mission pour laquelle il est là, plonge dans le labyrinthe des détails, notamment en football. Le CA a besoin en urgence de moyens financiers et d'un fonds de roulement pour commencer à absorber les dettes et pouvoir tenir les engagements envers les joueurs. L'équipe de football est un vrai chantier-piège: les joueurs, juste au-dessus de la moyenne à l'exception d'Opoko, sont en position de force par rapport à leurs dirigeants. Ils ont des contrats blindés et même si certains salaires et avantages ont été révisés, les concessions ont des limites. Hammoudia et ses amis du bureau directeur se sont aperçus de cette position délicate après-coup. Ils ne peuvent pas donc trop sévir vis-à-vis des joueurs qui ont des contrats et des salaires élevés par rapport à leur valeur technique. Si le public réclame sur les réseaux sociaux beaucoup de changements et demande de chasser des joueurs qui ne font qu'empocher des salaires sans apporter le plus, ce public doit savoir que cela ne dépend plus des dirigeants, qui jouent la carte de la négociation pour se séparer des joueurs à gros salaires. Ils ne peuvent pas faire plus, eux qui n'ont pas apporté beaucoup de liquidités, et qui essayent de trouver des solutions à l'amiable pour libérer des joueurs et alléger la masse salariale. L'exemple de Darragi est instructif. Il a été libéré et autorisé à quitter le club sans toucher le moindre sou. En contrepartie, il s'est désisté de ses droits. Reste à trouver des solutions avec Belkhither, Chnihi, Ifa, qui quittent mais à quel prix. Khelifa reste... Côté joueurs de l'équipe, Kamel Kolsi, désigné manager général, n'aura pas la mission facile du tout. Un groupe techniquement moyen, des contrats blindés, et une politique qui doit être la plus souple possible. Kolsi et les dirigeants comptent sur la compréhension des joueurs, mais en même temps, il faudra un minimum de sérieux et de motivation. Comptant sur l'apport financier de Hamadi Bousbï, unique bailleur de fonds en ce moment mais avec des montants qui ne permettent pas de suffire à tous les besoins. Il se trouve seul avec une autorité qu'il a reprise après le départ de S. Riahi, mais les montants à payer chaque mois ne sont pas minces. En même temps, seuls trois renforts peuvent être faits en ce mercato hivernal, et vu la contrainte financière, seuls des ex-joueurs comme Dhaouadi ou Belaïd, ou encore quelques occasions du mercato, sont permis pour les dirigeants du CA. Changer l'effectif, bâtir une équipe qui rivalise avec l'EST et qui brille en Afrique, ça doit être laissé au nouveau comité élu qui peut effacer les contrats dorés et ramener des renforts de qualité. Réellement, ce grand public ne doit pas trop rêver. Faute de bailleurs de fonds (où est ce fameux comité d'anciens présidents qui a prouvé toute son inutilité ?), faute de sponsors lourds, et avec les susceptibilités qu'on trouve dans le comité directeur, il faut y aller doucement et avec réalisme. Et surtout sans sentiments. Garder un joueur comme Khelifa jusqu'à juin est un renfort, bien sûr !