La société qui se charge de réaliser le Réseau ferroviaire rapide dit RFR a cru bon organiser une action de promotion et de communication. Son objectif était de tenir l'opinion publique au courant des toutes dernières évolutions. Certes, l'initiative est bonne. Mais, ce qui a retenu l'attention c'est le énième report de la mise en marche de la première ligne. En effet, la nouvelle date annoncée n'est plus octobre 2018 mais avril 2019 (il ne reste qu'à indiquer le jour et l'heure, ironisent quelques-uns). Soit un autre retard de 6 mois supplémentaires. Pourtant, ceux qui ont suivi ce projet depuis son lancement savent qu'il était prévu pour... 2013. A cette échéance, le RFR devait s'étendre jusqu'à la banlieue nord (Bhar Lazreg). Les années passent et rien ne se fait. Les plans établis sont jetés aux oubliettes et d'autres dates apparaissent. Après 2011, tout est chamboulé. Obstacles innombrables Un repère est fixé : juillet 2015 puis un autre en juillet 2016. Les événements vont, alors, se succéder et se multiplier sans que l'on puisse maîtriser tous les volets du projet. Les obstacles de tous genres vont surgir pour compliquer, davantage, une situation, déjà, trop complexe. À chaque étape, les responsables affirmaient que la majorité des problèmes, notamment, fonciers, étaient surmontés et que le rythme des travaux allait reprendre. Entre-temps, la coordination entre les entreprises engagées se faisait de plus en plus difficile et les retards s'accumulaient, causant des pertes. Ainsi, la nouvelle date du mois d'avril 2019 ne signifie plus rien pour les Tunisiens qui attendent la fin de cet interminable feuilleton à rebondissements. La série de reports n'est pas pour rassurer les riverains et les futurs passagers. Bon nombre d'entre eux ne veulent plus croire en ces promesses auxquelles ils se sont habitués et qui ne veulent plus rien dire pour eux. Ils sont échaudés. Ils savent, pertinemment, que derrière ce grand projet se cachent d'énormes intérêts. Il est vrai que certaines parties n'aimeraient pas qu'un tel projet démarre. Aussi bien ceux qui veulent profiter de la manne en faisant du chantage à la Société que ceux qui veulent préserver des services de transport de mauvaise qualité. Le fait que les citoyens continuent de vivre dans les mêmes conditions les arrange d'autant qu'ils ont des affaires qui marchent en lien avec cette situation (transport privé). Bien sûr, ces intérêts sont défendus par des lobbies qui utilisent des arguments divers présentés comme étant la défense des droits des riverains ou le respect de l'environnement ou, encore, le droit à des dédommagements plus que conséquents. Plusieurs responsables qui étaient passés à la tête de cette société ont dénoncé de graves lacunes qui ont causé de lourdes pertes. La Société perdrait chaque année 100 milliards de millimes à cause de ces retards. Il faudrait ajouter à cela les dépenses imprévues en raison des dépassements et des difficultés à appliquer la loi. C'est ainsi que la société s'est vue contrainte de financer la reconstruction d'édifices (mosquée, école...) ou de dédommager, grassement, un épicier ou un «hammass». D'autres obstacles viennent freiner encore plus la progression des travaux, à l'instar des expropriations trop lentes et fort coûteuses. Des doutes Tout ceci fait que les dates annoncées par-ci par-là ne peuvent pas être, facilement, honorées. D'ailleurs, nous avons, déjà, affirmé que la date d'octobre 2018 ne pourrait pas être crédible. C'est à cette évidence que les autorités ont dû se rendre. Le dernier report (avril 2019), lui, non plus, n'est pas envisageable au vu du rythme d'avancement des travaux et de la progression des démarches administratives et de la réalité sur le terrain. Ceux qui suivent de près l'évolution de cet important projet sont sceptiques. Pour eux, la date la plus probable ne peut pas être avant 2020. D'autres, plus pessimistes encore, parlent, même, de 2021. Cette échéance n'est, en fin de compte, qu'approximative puisqu'elle a été fixée comme étant «l'achèvement de toutes les composantes du projet». Or, tout le monde sait, aujourd'hui, que cette date n'a plus aucun sens, étant donné que le réseau bute encore sur la première tranche qui semble s'éterniser et qui n'est pas sur le point de finir. Il ne s'agit, pourtant, que d'une première ligne de 6.5 km. L'ensemble du réseau, nous dit-on, sera long de 86 km et profitera à environ 2 millions de passagers, quotidiennement. D'ici là, les futurs passagers du RFR devront patienter. Ils ne sont pas au bout de leurs peines. La date d'avril 2019 sera-t-elle la bonne, cette fois ? On peut en douter.