En 2015, 4,2 millions de lampes avec mercure ont été mises sur le marché. Pour les utilisateurs particuliers, les lampes sont jetées dans les déchets ménagers. N'étant pas recyclées, les quantités de mercure qui y sont présentes constituent un véritable danger pour l'environnement et la santé humaine. Un atelier régional s'est tenu la semaine dernière, au siège du Citet, pour débattre de la gestion du mercure issu des lampes. Etant des éléments chimiques extrêmement polluants et hautement dangereux pour la santé humaine, le mercure et ses composés figurent parmi les dix groupes de produits chimiques préoccupant pour la santé publique selon l'OMS. A cause de la croissante industrialisation, le niveau du mercure rejeté dans l'environnement a considérablement augmenté à travers toute la planète. Selon les données de l'ONU, les émissions du mercure pourraient augmenter davantage à l'avenir dans certains pays en voie de développement à cause de son utilisation dans l'orpaillage, ainsi que dans la combustion du charbon pour la production d'électricité. La majorité des expositions humaines au mercure sont dues à la consommation de poissons contaminés. Se transformant par des bactéries sédimentaires dans les cours d'eau et les lacs en un composé chimique appelé méthylmercure, le mercure s'accumule dans les organismes et se concentre tout au long de la chaîne alimentaire aquatique, notamment chez les poissons et les mammifères marins prédateurs. Ainsi, Il pénètre dans l'organisme, principalement par voie digestive. La voie alimentaire est devenue la principale voie d'exposition au mercure. Attaquant essentiellement le système nerveux central, le mercure possède une affinité particulière au cerveau. L'OMS le classifie comme un élément toxique pour le système nerveux, les reins, le foie et les organes producteurs. Certaines organisations américaines l'ont désormais classé comme un cancérogène possible pour l'homme. Présence de mercure dans les eaux de distribution L'Anpe a réalisé plusieurs études, dans le but d'identifier le risque lié à la présence du mercure, soit dans certaines alimentations, soit dans les eaux. Une première étude réalisée sur une durée de 5 ans qui s'étale de 2012 à 2017, et qui vise à examiner la qualité de l'alimentation totale, a montré que le mercure sous sa forme inorganique, ne présente aucun risque de contamination pour la population adulte tunisienne. Néanmoins, un léger dépassement de la quantité tolérée du mercure a été observé chez les forts consommateurs de poisson. Une deuxième étude réalisée en 2015, et qui a pour objectif d'évaluer la qualité des eaux potables dans les réseaux publics urbains de distribution, a révélé la présence du mercure dans seulement cinq échantillons sur 100, dont deux dépassent légèrement les limites indiquées dans les directives de l'OMS. Quant aux eaux usées traitées à des fins agricoles, l'étude menée sur la période de 2015 à 2017 a démontré que leurs concentrations en mercure est bien au-dessous des valeurs admissibles. Bien que ces études soient plutôt rassurantes qu'inquiétantes, plus d'intérêt au sujet de la prévention de l'environnement aux risques liés au mercure est bien accordé par les autorités tunisiennes. En effet, la Tunisie a signé la convention de Minamata sur le mercure en 2013. Une convention signée par 128 autres pays et qui est entrée en vigueur depuis 2017. Elle vise à protéger la santé humaine et l'environnement contre les émissions et rejets du mercure. Les lampes : une source émettrice de mercure En Tunisie, l'émission du mercure dans l'environnement provient principalement de l'industrie chimique lourde, telle que la production de ciment, de chaux et de phosphates. Aussi de l'extraction et l'utilisation de carburants et de sources d'énergies et de plusieurs produits de consommation, comme les thermomètres, batteries et sources de lumière à mercure. Les systèmes de traitement des eaux usées sont aussi de potentielles sources émettrices des composés de mercure. Le mercure est également utilisé sur une variété de lampes. En 2015, 4,2 millions lampes avec mercure ont été mises sur le marché. Pour les utilisateurs particuliers, les lampes sont jetées dans les déchets ménagers. N'étant pas recyclées, les quantités de mercure qui y sont présentes constituent un véritable danger pour l'environnement et la santé humaine. Un circuit pour la gestion des lampes usées Une stratégie nationale de transition vers un éclairage efficace, dont le coût dépasse les 19 millions de dinars, a été adoptée pour réduire la demande d'électricité, ainsi que les émissions des gaz à effets de serre (GES) associées à travers des technologies d'éclairage énergétiquement efficace. Cette stratégie a permis de mettre en place une filière intégrée de gestion des déchets des équipements électriques et électroniques composée de 12 sociétés autorisées par le ministère de l'Environnement dont, une unité de recyclage et de valorisation des déchets des équipements électriques et électroniques d'une capacité de 24 mille tonnes a été lancée en novembre 2016. Un schéma de collecte, de recyclage et/ou d'élimination des lampes usées est désormais conçu et adopté, après avoir inclus les lampes dans la liste des déchets dangereux à gérer et traiter. Le système national de collecte, recyclage et/ou élimination des produits d'éclairage contenant des matières dangereuses a été également adopté. Les autorités publiques, ainsi que les détaillants et les collecteurs sont formés sur ce système. De surcroît, ce projet national vise l'élimination progressive des lampes à incandescence et privilégie l'usage et l'importation des lampes LED.