Folie, dépression bipolaire, dépression maniaco-dépressive, troubles affectifs de l'humeur bipolaire, bipolarité. L'appellation a évidemment évolué avec l'évolution de la recherche scientifique. Mais également avec la prise de conscience d'une stigmatisation tant recentrée sur des personnes qui souffrent émotionnellement. L'on parle d'une maladie qui est de plus en plus vulgarisée et médiatisée, ces derniers temps : la bipolarité ou, comme il est indiqué selon l'OMS, le «trouble affectif bipolaire». «Je ne suis pas d'humeur aujourd'hui », « oui, je sens que je suis pleine d'énergie, j'ai plein de trucs à faire », « là, je n'ai envie de rien»... ce sont des expressions communes qu'on se répète tous les jours et qui reflètent nos sautes d'humeur habituelles. Le rythme de vie accéléré, la charge mentale, la rumination, le manque de sommeil ont tous contribué à cette instabilité sur le plan affectif et émotionnel. Cependant, on ne doit pas la confondre avec les troubles affectifs bipolaires, qui sont loin d'être de simples sautes d'humeur. Une mode ? Non plus. Les troubles bipolaires affectifs, communément appelé «bipolarité», est une maladie mentale classée par l'OMS parmi la catégorie des maladies de troubles de l'humeur selon la CIM-10, la Classification internationale des troubles mentaux. Elle touche 60 millions de personnes à travers le monde. Elle figure également parmi les 10 maladies les plus coûteuses à la communauté sur le plan économique et social, à cause des coûts élevés de la prise en charge des malades. Des montagnes russes d'émotions Le professeur français de pharmacologie et psychiatre, Michel Bourin, définit l'humeur comme étant «la manière dont une personne se sent à l'intérieur et comment elle ressent l'expérience de l'émotion. Un trouble de l'humeur se caractérise par une perturbation de cet état d'esprit». Ainsi, la bipolarité exagère le ressenti des émotions. Une personne atteinte du trouble affectif bipolaire manque, alors, d'«amortisseurs» aux émotions. C'est une maladie, extrêmement non homogène, c'est-à-dire que chaque sujet représente un unique vécu. Ce qui fausse généralement le diagnostic et induit les spécialistes en erreur. Toutefois, en cherchant le point commun entre eux, l'on décèle les caractéristiques de la maladie ainsi que ses principaux symptômes. Il est connu qu'un bipolaire vit ce qu'on appelle des montagnes russes d'émotions. Insidieusement et sournoisement commencés, les troubles affectifs bipolaires engendrent chez le sujet des oscillations relativement mineures de l'humeur qui sont généralement de nature dépressive. Le premier épisode maniaque se déclenche avec la manifestation d'une désinhibition patente du sujet, augmentation de l'activité, des pensées fuyantes, etc. Cependant, l'on distingue plusieurs types de bipolarité. La bipolarité de type I se caractérise par la présence d'au moins un épisode maniaque où le bipolaire manifeste une envie constante de communiquer et de parler, une réduction du besoin de sommeil et se livre à des activités inconsidérées. Alors que la bipolarité de type II se distingue par l'association d'un épisode dépressif majeur alterné par des épisodes hypomaniaques spontanés qui durent pendant au moins 4 jours, où l'on remarque une humeur élevée de façon persistante, expansive et irritable chez le sujet. Vulnérabilité génétique La bipolarité, à l'instar de plusieurs maladies mentales, porte un facteur génétique. Selon le psychiatre français Michel Bourin, des études familiales ont montré que si un parent est atteint d'un trouble bipolaire, le risque d'une atteinte d'un trouble de l'humeur chez l'enfant augmenterait de 25 %. La même étude a révélé que 88% des malades bipolaires sujets de l'étude ont des parents atteints de dépression. De surcroît, plus le degré de parenté est loin, plus le risque d'affection s'affaiblit. Alors que le risque est dix fois plus important, si le degré de parenté est de premier ordre. Le traitement de la bipolarité varie d'un sujet à un autre. Seul le médecin spécialiste décide du traitement. Les traitements suivis sont souvent des solutions pour juguler les phases aiguës du trouble de l'humeur. Ce sont pour la plupart des stabilisateurs de l'humeur. Ainsi ces médicaments ne suppriment pas les émotions mais les rendent plus supportables.