Si les stations de dessalement représentent une solution au problème de la pénurie d'eau, elles ne permettront pas toutefois de remédier totalement aux pertes de stockage enregistrées au niveau des barrages Face aux changements climatiques caractérisés par une faible pluviométrie ces dernières années, la Tunisie se trouve de plus en plus confrontée à une crise des ressources hydriques qui rend indispensable la mise en œuvre d'une stratégie basée sur le recours aux ressources en eau non conventionnelles afin de continuer à approvisionner le secteur agricole et la population en eau. La réflexion sur la pérennité de l'approvisionnement et de l'alimentation en eau potable et en eau d'irrigation a déjà été entamée depuis plus de deux décennies lorsque le problème de la raréfaction et des pertes en eau a commencé à se poser. Les ressources en eau non conventionnelles se sont logiquement imposées comme l'alternative future de l'approvisionnement en eau potable en Tunisie. Destinée à renforcer le potentiel hydraulique du pays, la politique mise en place est essentiellement axée sur le recyclage des eaux usées (150 millions de m3 en 2030), le transfert des eaux traitées, la recharge artificielle des nappes souterraines et le dessalement des eaux saumâtres. D'ici 2023, cinq stations de dessalement devront fonctionner à plein rendement (Djerba (50.000 m3/jour), Sfax (100.000 m3/jour), Sousse (50.000 m3/jour), Zarrat (50.000 m3/jour) et Kerkennah (7.000 m3/jour) et produire 90 millions de m3 par an. Des stations énergivores Or, si celles-ci apportent indéniablement une solution au problème de la pénurie d'eau, elles ne permettront pas toutefois de remédier totalement aux pertes de stockage enregistrées au niveau des barrages et qui s'élèveront à 150 millions de m3 d'ici 2023. Ces stations présentent, par ailleurs, un autre inconvénient. Elles consomment beaucoup d'énergie sachant que le dessalement de l'eau de mer nécessite 3 à 5 kw/m3. Selon Raoudha Gafrej, enseignante universitaire, l'aménagement de stations de dessalement aurait dû être accompagné par l'adoption d'autres mesures moins coûteuses et moins énergivores. Selon cette experte de la gestion des ressources en eau, une des principales solutions consiste à mettre un frein aux pertes enregistrées au niveau du réseau de distribution et des barrages, ce qui permettrait de limiter le gaspillage de l'eau potable sur tout le territoire. « A titre indicatif, quatre stations de dessalement vont augmenter les besoins en énergie de la Sonede d'au moins 50%, ce qui est énorme, note Raoudha Gafrej. Certes, cette solution est justifiée par le manque en eau, elle aurait dû toutefois être accompagnée par d'autres mesures plus urgentes comme la lutte contre les pertes et le gaspillage de l'eau, et ce, en réhabilitant aussi bien les réseaux de distribution de l'eau potable que ceux de distribution de l'eau d'irrigation. Par ailleurs, je trouve inconcevable le fait de distribuer un jour de l'eau dessalée dont le coût s'élève à environ 3 dinars le m3 et utiliser ensuite cette eau pour les toilettes qui consomment environ 35% de l'eau potable. Je pense qu'il aurait fallu plutôt opter pour l'utilisation des eaux grises comme préalable au dessalement de l'eau de mer, notamment dans les zones touristiques comme Djerba, Sousse, Mahdia.... ». Aujourd'hui, le défi qui se pose pour la Tunisie est de pouvoir trouver des solutions efficaces afin de pouvoir continuer à approvisionner les générations présentes et futures en eau potable, notamment au cours des périodes de sécheresse qui risquent d'être de plus en plus fréquentes.