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Des rivières sous-marines pour soulager le centre et le sud du pays
La Tunisie a soif
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 01 - 2011

La Tunisie a soif. Selon des études scientifiques, notre pays souffre d'un stress hydrique et d'une pénurie en eau dans certaines régions notamment au Centre et au Sud. Or, et d'après le Dr Raoudha Gafrej, professeur universitaire à l'Institut Supérieur des sciences biologiques appliquées de Tunis (Issbat), spécialiste en eau, la Tunisie dispose de ressources en eau excédentaires dans le Nord. D'où la possibilité d'employer de nouvelles techniques pour transférer de l'eau conventionnelle ou non conventionnelle du Nord vers le Centre ou le Sud, de côte à côte à l'image du concept rivières sous-marines. Gros plan sur ce projet.
En 1992, le sommet de Rio de Janeiro soulignait en avant la pénurie d'eau qui guettait, à l'horizon 2025, 50 pays dans lesquels vivent 40 % de la population mondiale. Selon les prévisions, il y aurait, en 2025, davantage de pays en situation de stress hydrique (quand la consommation en eau dans une région dépasse la quantité réellement disponible). Or, selon les dernières études publiées par l'ONU, le manque d'eau est structurel dans le vaste triangle qui s'étend de la Tunisie au Soudan et au Pakistan, c'est-à-dire dans plus de 20 pays d'Afrique du Nord et du Proche-Orient: chaque habitant y dispose en moyenne de moins de 1.000 m3 d'eau douce par an, une situation dite de « pénurie chronique ». Il existe également des inégalités au sein d'un même pays : par exemple, en Tunisie, les régions de Centre et du Sud consomment en moyenne moins de 470 m3/personne/an. Pour faire face à ce constat, de nouvelles solutions technologiques existent pour répondre à des tensions structurelles et conjoncturelles, telles que la technique du dessalement, la réutilisation des eaux une fois traitées ou le transfert des eaux par le biais de tuyaux flexibles sous-marins des régions excédentaires en eau douce vers les régions déficitaires.
Certes, la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Mena) est de loin la plus pauvre en eau dans le monde, avec 1 % des ressources en eau douce au niveau mondial pour 5 % de la population mondiale. La gestion des ressources en eau y est d'autant plus difficile que 60 % des cours d'eau de la région traversent plusieurs pays. Faisant partie de cette logique hydrogéologique, les 3/4 du territoire tunisien sont à la merci d'un climat aride ou semi-aride. Ainsi, pour faire face à l'ogre de la pénurie d'eau et le malaise du stress hydrique qui menacent plus de 75% de la Tunisie, plusieurs projets, avant le fleurissement de notre révolution des Jasmins, étaient en cours d'étude ou de réalisation comme l'installation d'usines de dessalement d'eau de mer dans le Sud et le Centre (un projet proposé par l'oligarque et gendre de «Zinochet», Sakhr El Materi).
«Pourquoi produire de l'eau nouvelle alors qu'il suffirait de transporter l'eau disponible ailleurs dans notre pays?»
En revanche, selon le Dr Raoudha Gafrej, professeur universitaire à l'Institut Supérieur des Sciences Biologiques Appliquées de Tunis (Issbat), une question se pose : «Pourquoi produire de l'eau nouvelle alors qu'il suffirait de transporter l'eau disponible ailleurs dans notre pays ?». En effet, selon cette spécialiste en eau, la Tunisie dispose de ressources en eau excédentaires dans le Nord. D'où la possibilité d'employer de nouvelles techniques pour transférer de l'eau conventionnelle ou non conventionnelle du Nord vers le Centre ou le Sud, de côte à côte.
Le Dr Gafrej nous a déclaré : «Une société française «Via Marina» a breveté un système de transport d'eau en grande quantité et sur de longues distances par tuyau flexible sous-marin, système qu'elle nomme «submariver». Ce système peut s'appliquer à la Tunisie pour soulager le centre et le sud du pays du stress hydrique». En liaison avec notre experte et dans le cadre de son activité de recherche et de développement, la société française a donc étudié d'une manière pointue le degré de préfaisabilité de deux projets potentiellement applicables en Tunisie comme cela était le cas dans plusieurs pays du bassin méditerranéen qui ont exprimé leur désir de s'équiper de cette innovation pour s'approvisionner en eau. Ces deux études de préfaisabilité, selon le Dr Gafrej, ont été exposées lors de réunions officielles à différents responsables du secteur de l'eau de notre pays, il y a quelques mois, sauf que ces études ont été mises en stand-by pour ne pas dire ignorées pour favoriser le projet de Sakhr El Materi.
En effet, l'objectif de ces deux projets est d'optimiser les ressources hydrauliques tunisiennes, rapidement, pour le long terme et en grandes quantités avec une consommation énergétique réduite et donc à un prix abordable. Ainsi, le premier projet proposé consiste à transférer des eaux usées traitées (EUT) du Grand-Tunis pour la recharge artificielle des nappes d'El Haouaria au Cap Bon et de la côte orientale du pays. Toujours selon le Dr Gafrej, le transfert s'effectuera vers le Cap Bon sur une longueur de 110 Km, environ 2.5 m3/s d'eaux usées traitées du Grand-Tunis depuis leur lieu de rejet, dans le golfe de Tunis, vers la côte au niveau de Hamam El Ghzaz. Le coût d'investissement, y compris les études préalables, a été estimé à moins de 100 millions d'euros. Le tuyau sous-marin de côte à côte pourrait être posé par une seule barge en environ deux mois. La consommation énergétique de ce transfert serait de moins de 0,1KWh/m3. Le coût complet (amortissement de l'investissement et coût d'exploitation) serait de 0,12 euro le mètre cube, soit environ 228 millimes. Elle ajoute: «Lors de la conférence internationale du 17 février 2009, l'Onas a exposé les principaux résultats de l'étude de faisabilité du transfert des eaux usées traitées des stations d'épuration du Grand-Tunis par voie terrestre classique. Quatre variantes sont envisagées (de la Step de Chotrana vers Kairouan et la nappe de Sisseb, de la Step de Sud Meliane vers la nappe de Grombalia, des Step d'El Attar et Alef vers la zone de Bouficha, des Step d'El Attar et Alef vers la nappe d'El Fahs et la zone de Saouaf). Les coûts d'investissement de ces quatre projets varient de 1,04 à 4,2 dt/m3 à eux seuls, sans compter les coûts d'exploitation. Le transfert maritime serait donc bien plus économique, sans compter ses autres avantages annexes.»
Transférer les eaux excédentaires des barrages Sidi El Barrak et Sidi Salem
Toujours selon le Dr Raoudha Gafreg, le second projet consisterait à transférer les eaux excédentaires et d'excellente qualité (salinité 0,8 g/l) du point de rejet en mer du barrage de Sidi El Barrak à Chat Ezouaraâ vers le Centre, par exemple au niveau de Monastir. Ce transfert sera renforcé au niveau de Kalaât Landalous par les eaux excédentaires du barrage de Sidi Salem, soit un transfert de 5 m3/s en provenance du barrage Sidi El Barrak jusqu'à Kalaat Landalous sur 175 km et de 15 m3/s jusqu'à Monastir sur 250 km. Elle ajoute : « Le coût de l'investissement, y compris les études préalables, a été estimé à moins de 1.300 millions d'euros. Le tuyau sous-marin de côte à côte pourrait être posé par une seule barge en environ une année. La consommation énergétique de ce transfert serait de moins de 0,2 kw h/m3. Le coût complet (amortissement de l'investissement et coût d'exploitation) serait de 0,25 kw h/m3, soit environ 475 millimes. Pour satisfaire les objectifs de la Sonede et sur la base des hypothèses moyennes, les besoins en eau potable du Centre et du Sud à l'horizon 2030 seraient précisément de ces ordres de grandeur. Ce projet pourrait donc alimenter en eau potable tout le Centre et tout le Sud à un coût substantiellement inférieur à celui du dessalement (par exemple, le dessalement de l'eau de mer à Djerba coûtera 1,17 dt/m3 sans intégrer le stockage et le transfert vers les usagers et pour une consommation énergétique plus de 20 fois supérieure, ce qui n'est pas anodin pour un pays comme le nôtre qui n'est pas riche en énergie). Ce transfert via la mer n'a pas d'impact négatif sur l'environnement contrairement au dessalement d'eau de mer. »
En guise de conclusion, cette technologie « verte » mérite donc d'être envisagée comme une alternative pour faire face aux conséquences négatives du changement climatique auxquelles notre pays fait face en valorisant les périodes extrêmes des bassins du Nord (actuellement «perdues » en mer). En plus, ces rivières sous-marines permettraient de mettre en exergue les principes de la solidarité nationale en faveur du Centre et du Sud en allégeant les contraintes sur les eaux souterraines non renouvelables des régions bénéficiaires des transferts envisagés. Voilà deux études à déterrer des abysses de l'oubli. Car un tel projet s'inscrit parfaitement dans le concept d'un développement durable et surtout équitable en faveur des régions telles que Sidi Bouzid et Kasserine qui ont toujours été victimes d'une marginalisation totale de la part du régime déchu.


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