Avant-hier on n'avait d'yeux que pour le match de Nouakchott entre l'ASA Concorde et l'EST qui s'est soldé par un score de parité (1-1) juste pour savoir comment l'Espérance allait réagir après son élimination en Coupe de Tunisie et quel sera son nouveau visage à l'issue du remplacement du coach Mondher Kbaier par Khaled Ben Yahia. Ce n'est pas une élimination précoce de la Coupe de Tunisie qui va avoir raison de la grande Espérance Sportive de Tunis en l'exposant à une ébranlante crise en pleine période cruciale de la saison. C'est du moins ce qui s'est vérifié avant-hier à Nouakchott face à l'ASA Concorde dans le cadre du match aller du premier tour de la Champions League de l'édition 2018. Il est vrai que l'EST ne tourne pas à son plein régime depuis quelque temps et que ses derniers résultats ont semé le doute auprès des supporters et des spécialistes, mais son sursaut d'orgueil et sa belle réaction en Mauritanie prouvent, encore une fois, que les grands trébuchent parfois, mais se remettent rapidement debout. D'aucuns pensaient que cette vérification allait avoir lieu jeudi prochain à l'occasion du classico EST-ESS à Radès car on donnait la novice ASA Concorde pour une victime expiatoire qui n'avait pas grand-chose à opposer à l'Espérance. Seulement, ce premier duel continental était un vrai test pour l'EST après son élimination en coupe de Tunisie dimanche dernier à Metlaoui (0-1). C'est que le représentant mauritanien n'était pas du tout facile à manier. Ses joueurs ont fait preuve d'un très bon positionnement sur le terrain et d'une maîtrise technique indéniable ajoutés à un engagement physique remarquable. Du coup, la bonne réplique qu'ils sont parvenus à donner à l'Espérance ponctuée d'un score de parité (1-1) a constitué un vrai test de la réaction des «sang et or» dont on parle. Ben Yahia allume la mèche Et malgré le niveau respectable de l'ASA Concorde, l'Espérance était plus déterminée à avoir le dernier mot et à imposer son style. Sa domination était nette au milieu de terrain et en attaque avec une certaine fébrilité en défense. En effet, les coéquipiers de Haïthem Jouini ont retrouvé leur rage de vaincre qu'ils ont perdue ces derniers temps. L'explication se trouve dans l'apport de Khaled Ben Yahia qui, durant toute la rencontre, n'a pas arrêté de diriger son équipe à partir de la ligne de touche sans tolérer le moindre relâchement de l'un de ses joueurs ni la moindre fausse note. Comme au bon vieux temps quand il était joueur, Ben Yahia joue parfaitement bien son rôle de meneur capable d'allumer la mèche et de motiver ses protégés pour se surpasser et jouer pour la victoire. C'est le premier acquis non négligeable réalisé après l'appel à la rescousse de Khaled Ben Yahia en plus du fait que la qualité du jeu affiche déjà une amélioration palpable. C'est donc de bon augure pour l'équipe de Bab Souika appelée désormais à passer la vitesse supérieure tant en championnat national qu'en Champions League. Toutefois, Khaled Ben Yahia aura du pain sur la planche quant au chapitre de la défense qui donne de vrais soucis en raison de sa perméabilité devenue récurrente, notamment au niveau de l'axe. Des solutions urgentes et efficaces se doivent d'être trouvées afin que l'équipe recouvre toute sa verve et son panache collectifs. Par ailleurs, on va pouvoir occulter le problème de l'inefficacité offensive et le manque de concrétisation du nombre incalculable d'occasions de but créées à chaque rencontre. Et au lieu de stigmatiser, on peut, au contraire, prédire une très prochaine explosion de la ligne d'attaque de l'Espérance grâce au regain de forme de Haïthem Jouini, au retour de Taha Yassine Khénissi et Maher Ben Sghaïer ainsi qu'avec le grand plus qui sera certainement donné par Youssef Blaïli aux côtés de Anis Badri. Ce ne seront donc par les solutions qui manqueront pour Ben Yahia. Bguir se rachète magistralement A l'issue de ce premier match de l'Espérance de Khaled Ben Yahia, plusieurs autres enseignements positifs se sont révélés. Il y a d'abord l'animation de jeu devenue très vivace et très prometteuse du flanc droit de l'équipe qui, grâce à la générosité et au métier de Sameh Derbali, est redevenu le point fort à peaufiner davantage à l'avenir. Les montées de Derbali en attaque (ajoutées à son efficacité en défense) étaient à l'origine de plusieurs actions offensives dangereuses et d'occasions de buts franches dont celle du but égalisateur signé par Haïthem Jouini à la 67'. Mais le fait saillant de la rencontre reste le formidable rendement de Saâd Bguir qui a été incontestablement l'homme du match. Et c'est sur l'une de ses orchestrations offensives qu'il a généreusement conduites tout au long du match que Haythem Jouini est parvenu à scorer. Sur ce point, on applaudit le courage et le soutien moral qui lui ont été apportés par Khaled Ben Yahia qui ne l'a pas largué. Après le ratage de son deuxième penalty, survenu dimanche dernier à Métlaoui, le pauvre Saâd Bguir a failli être «lynché» par quelques énergumènes et pseudo-supporters de l'équipe de Bab Souika à la reprise des entraînements. Bguir, qui s'était effondré en larmes après cet incident, a été remis en confiance par Ben Yahia à l'occasion de cette première sortie africaine au cours de laquelle il a tout simplement été impérial. Loin des yeux, loin de la «rancœur» des intransigeants supporters, Saâd Bguir a démontré à tous ses détracteurs qu'il est plus qu'une pièce maîtresse au sein de l'équipe «sang et or». Il en est même l'homme à tout faire, le patron. Inspiré, concentré et déterminé, il était en défense, en attaque, à gauche, à droite. Et ce sont surtout ses passes lumineuses qui, s'il continue à jouer de cette façon, feront de lui ce régisseur de métier que l'EST n'a pas déniché jusque-là. S'il confirmait devant l'ESS et le CA, il prendra sa revanche sur ses dénigreurs qui, à l'avenir, ne jureront que par son nom comme ils le faisaient jadis avec Ayadi Hamrouni ou Tarek Dhiab.