Par Jalel Mestiri Chacun a bien sûr son avis. Chacun y va d'ailleurs selon son propre raisonnement. Ce qui est sûr, cependant, c'est qu'au lieu de faire le procès des gardiens, faisons plutôt celui d'un système qui n'est pas adapté au football moderne. Donnons aux gardiens les moyens de se former, d'évoluer et de progresser. L'appréciation sur la sélection peut être bonne puisqu'elle est qualifiée au Mondial et qu'elle renoue ainsi avec une épreuve qui a fortement manqué non seulement au football, mais à tout le peuple tunisien. Mais elle peut être aussi moins bonne: l'irrégularité dans le rendement des gardiens du « temple » n'est point rassurante. La sélection encourt par conséquent des risques certains. Risque d'absence d'assurance défensive, risque de déséquilibre de compartiments, et enfin risque de prétention. En tout cas, l'absence d'unanimité autour du gardien numéro un au Mondial retient l'attention autant qu'elle met en garde. Il faut apporter quelques nuances à la qualification de la sélection à la coupe du monde de Russie. La défense qui reste vulnérable par mégarde et surtout par défection du gardien de but. Ce qui pourrait être, d'une façon ou d'une autre, réducteur. Et là, l'équipe c'est tout le compartiment défensif qui alterne le bon et le moins bon. Chacun a bien sûr son avis à ce sujet. Chacun y va d'ailleurs selon son propre raisonnement. Ce qui est sûr, cependant, c'est qu'au lieu de faire le procès des gardiens, faisons plutôt celui d'un système qui n'est pas adapté au football moderne. Donnons — leur les moyens de se former, d'évoluer et de progresser. Aujourd'hui, le football a évolué sur l'aspect non seulement statutaire, mais aussi physique et technique des gardiens de but. Chez nous, la manière de former ne suit pas. Au-delà des aptitudes et des dispositions des uns et des autres, le travail quotidien et spécifique doit être enrichi plus qu'on ne pourrait l'imaginer. La polémique autour des gardiens actuels et ceux qui sont susceptibles de renforcer la sélection a la même racine que le manque de confirmation de ceux qu'on considérait, à tort ou à raison, numéros un. Même si tous les commentaires et toutes les analyses ne feront jamais le tour ni des réalités ni des contraintes toujours renouvelées au sein d'une arrière-garde solide et indéfectible. La méthode est tirée de l'équilibre entre l'efficacité offensive et la rigueur défensive. Mais tout, ou presque, passe par la présence d'un bon gardien. Si on en manque, tout s'effondre. Le compartiment défensif de la sélection est loin d'inviter à rêver. Il perd de plus en plus de leader. Il n'a plus de fédérateur. Encore moins de modèle sur lequel les différents acteurs peuvent vraiment s'identifier, et de boussole qui indique le chemin à suivre... Le problème est que l'environnement dans lequel évoluent les joueurs de ce compartiment souffre d'un changement artificiel. Ce qui a été entrepris jusque-là en demi-mesure s'est avéré inadapté, dénué, incomplet et dans le meilleur des cas palliatif. Ceux qui ont la responsabilité de faire travailler les gardiens de but, de les faire avancer et progresser ne savent pas toujours que les dispositifs liés à la préparation, aux programmes et aux stratégies ont changé. Ils ne comprennent pas qu'ils n'ont plus la même signification. Ceux qui sont dans le bain depuis longtemps doivent aussi savoir ajuster leurs connaissances en fonction des nouvelles évolutions et d'un monde footballistique nouveau...