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« Je viens d'un pays qui a beaucoup souffert des persécutions et de la torture... »
Rencontre avec le photographe argentin Marcelo Grosman
Publié dans Le Temps le 21 - 12 - 2012

« Un portrait n'est pas une ressemblance. Dès lors qu'une émotion ou qu'un fait est traduit en photo, il cesse d'être un fait pour devenir une opinion. L'inexactitude n'existe pas en photographie, toutes les photos sont exactes. Aucune d'elles n'est la vérité ».
Cette citation de Richard Adams s'applique bien à l'exposition photographique inaugurée le 15 décembre 2012 qui se poursuivra jusqu'au au 30 de ce mois à la galerie municipale des arts de Sidi Bou Said, sous l'égide de l'ambassade de l'Argentine. Intitulant son exposition'' Guilty, l'Accusé'', Marcelo Grosman, rompt avec l'art photographique classique, pour s'inscrire dans la contemporanéité de plain-pied. Architecte et co-curateur de l'exposition ''Collection des photographes du musée d'art moderne de Buenos Aires ‘' entre 1999 et 2004 et bien d'autres biennales en Belgique, au Brésil et récemment à Chicago, Grosman nous a accordé cette interview lors du vernissage de son exposition.
Le Temps : il est connu qu'un artiste avant de se frayer une voie artistique propre à lui, il ne pourra pas échapper à l'impact des grands courants artistiques. Alors, avez-vous subi l'influence d' une prédilection particulière de l'un de ces courants ?
Marcelo Grosman : à vrai dire, je suis ouvert à toutes les sensibilités artistiques. Ceci dit, il est important qu'un artiste au tout début de sa formation professionnelle, ait des connaissances basiques en la matière. Mes études en art photographique moderne et en architecture m'ont été très utiles dans l'exercice de mon métier.
*Le choix d' un intitulé aussi concis qu'expressif ‘'l'Accusé'' détermine- t-il une certaine visée testimoniale de l'art à laquelle vous croyez ?
_En fait, cet intitulé résume le thème générique de toutes les photos exposées. Il a pour objectif de refléter l'histoire de la personne présumée coupable tout en retraçant son itinéraire douloureux d'avant et d'après l'incarcération. Cet intérêt pour la véracité réside, pour moi, dans la technique adoptée dans la production de l'image.
*Pour renouer avec l'idée de l'intérêt quant à la question de l'authenticité de ces photos, en quoi consiste la nouvelle technique de l'art photographique contemporain utilisée dans cette exposition ?
_Bien évidemment, toute l'importance réside dans le travail technique de la photo qui est le résultat d'une transformation photographique suivie de son transfert à travers des supports numériques à maints collaborateurs en art dans plusieurs pays du monde. De même que, l'autre versant technique auquel j'ai recouru est le Diasec qui est un procédé de montage sur résine acrylique d'image.
*Qu'est-ce que vous entendez par transformation photographique ?
_ Au fait, Les photos ne sont pas les miennes, c'est-à-dire, je ne les ai pas prises par un appareil photo. Je fais une recherche personnelle auprès des archives nationales argentines et, plus précisément, dans les postes de police. Une fois que je m'approprie ces photos, je leur fais subir, par la suite, un traitement pour qu'elles soient enclines à l'usage artistique envisagé. Il s'agit donc d'une collecte de photos de personnes prisonnières que je répertorie en fonction de leur tranche d'âge et genre (féminin-masculin). Et ce, pour les superposer en vue d'avoir au final une photo archétypale d'un accusé pour avoir transgressé la loi, commis des crimes ou persécuté pour ses idées.
*Une photo-archétype pour une détenue incarcérée en Argentine, incite à déduire que pour vous, l'art n'est pas une fin en soi ?
_Tout à fait, je viens d'un pays, l'Argentine, qui a beaucoup souffert des persécutions et de la torture. C'est ce qui explique d'ailleurs les traces d'agression et de sang sur les corps des prisonniers photographiés. L'espace carcéral est comparable, à mon sens, à ‘'une usine où on gère les corps humains''. Beaucoup de victimes ont été torturées dans des centres de détention clandestins. D'ailleurs, cela est très répandu dans les pays de l'Amérique du Sud. Prises de l'archive argentine, ces photos n'ont pas perdu de leur valeur authentique mais elles ont été juste l'objet d'une flexibilité transformationnelle pour qu'elles demeurent artistiques à jamais. Autrement dit, la production artistique s'est faite à l'envers, au lieu de créer de nouvelles images reflétant la réalité telle quelle, je procède à instituer celle-ci par des photos qui existent d'ores et déjà sous une allure artistiquement réinventée.
*Y a-t-il une symbolique bien déterminée qui vous amène à créer un contraste de couleurs entre un fond clair, voire gai, et des visages noirs et fort épuisés, laissant voir nettement une morbidité, un air dramatique ?
_ Cette question de couleur répond d'abord à un penchant artistique personnel et également au symbolisme de certaines couleurs, notamment, le noir et le rouge très appréciés en Amérique latine vu leur connotation politique. D'autant plus, le côté dramatique est présent pour mettre, justement, l'accent sur la souffrance des incarcérés.
*Etant donné que les photos exposées laissent entendre qu'il y a bel et bien une histoire réelle derrière, pourrait-on vous inscrire dans la lignée des artistes engagés ?
_Je ne me considère pas comme un artiste engagé. C'est à l'observateur de ces photos de tirer des enseignements et de tisser avec le visage regardé un lien en rapport avec son vécu. Chacun pourrait se retrouver quelque part avec la figure photographiée même si elle est lugubre. Il y a en chacun de nous une part de mélancolie quel que soit le motif qui en est la cause.
‘'L'Accusé'', terme révélateur d'une dimension documentaire d'un témoignage sur un pan de l'histoire en l'Argentine. L'artiste-photographe prend ses distances par rapport aux stéréotypes de la photographie ordinaire car il n'est plus à l'affût d'un moment pendant lequel surgit une image. Il s'assigne le rôle d'un quêteur à la recherche d'une quelconque histoire qui sommeille en tout un chacun, si mélancolique, soit-elle.

Propos recueillis par : Dorsaf Keraâni


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