«Visions», une exposition collective de photographies, issue d'un programme de formation «Vision solidaire», un projet pour former des jeunes aux métiers de l'image, est abritée par la Maison de l'Image à Tunis. Cette exposition est une initiative des jeunes photographes bénéficiaires du projet Vision solidaire. Un projet qui a été lancé depuis le début de l'année 2017 par la Maison de l'Image, avec le soutien de la Fondation Drosos et qui vise à former et encadrer gratuitement, sur 3 ans, 90 jeunes (30 chaque année) âgés de 18 à 28 ans et issus des quartiers populaires du Grand-Tunis. Il s'agira ensuite de les accompagner et de garantir leur insertion dans la vie professionnelle. Les participants ont pu suivre des formations dans les domaines de : la photographie, du webdesign et design interactif, du dessin et l'illustration, de l'infographie et la communication imprimée et de la vidéographie, encadrés par des artistes de renom tels que Hamideddine Bouali (photo), Aymen Soussi (infographie et communication imprimée), Malek Chatta (vidéographie), Seif Eddine Nechi (dessin et illustration), Skander Smaoui (webdesign et dessin interactif) et Ouécym Habachi (vidéographie). «Visions» est donc le fruit de cette expérience qui a réuni six jeunes artistes en herbe en ayant comme commissaire de l'exposition Amine Landoulsi, photoreporter, photographe et collaborateur à de nombreux projets au sein de la Maison de l'Image. Par les photographies exposées, on évoque, ainsi, plusieurs thématiques, exposant diverses visions, riches, différentes, croisées... On expose les mouvements, le repos et même le silence. Un environnement qu'il est nécessaire de revoir de près, d'examiner et de méditer sur son fond et sa forme. Les photographies nous révèlent des fractions de seconde, où l'éphémère rend les espaces temps scintillants. Ils échangent, partagent, résonnent, cheminent dans un temps passé et un autre à venir. Des visions... des histoires Naim Naffati, lui, habite la cité populaire d'Ezzayatine. Son travail tourne autour de sa cité, la nuit, lorsque «les rues sont désertes, seuls quelques jeunes discutent sous un lampadaire ou se réunissent au café». Il avoue que la photographie de nuit est difficile car, selon lui, techniquement, les images sont moins pures que celles réalisées pendant la journée, mais ce sont les gens à photographier qui sont la plus grande contrainte car la cité n'a presque jamais été photographiée ni pendant la journée et encore moins la nuit tombée. Nesrine Maâlem, qui traite le côté urbain dans ses photographies, s'est inspirée de la ville de Sfax pour réaliser son projet intitulé «Un quart d'heure avant»... «Sfax est connue pour être une ville très active, un pôle économique prospère et animé, toutefois une ballade avant huit heures du matin nous révèle une cité photogénique que l'activité humaine escamote d'une certaine manière. Etant intéressée par l'urbanisme, j'ai vu Sfax comme un ensemble de volumes, de surfaces et de lignes ; une leçon d'architecture». D'après Hajer Gharbi, qui participe à cette exposition par divers clichés autour du spectacle Ziara de Sami Ladjmi : «La photographie de scène est une spécialité qui ne manque pas de difficulté, car il faut d'une part bien exploiter la photogénie des costumes, la chorégraphie du spectacle et d'autre part contourner les obstacles inhérents à l'organisation et à la sécurité. Ziara fut mon premier spectacle, après j'ai couvert quelques spectacles du festival "Juste pour rire", ces exercices m'ont fait aimer cette spécialité», affirme-t-elle. Sarra Khammouma, elle, a trouvé matière dans un vécu personnel, où les émotions sont vraies, intenses et sincères. «Quand on a un parent qui subit une opération chirurgicale, l'attente est toujours angoissante. Avant l'intervention et tout de suite après l'éveil de l'anesthésie j'ai meublé le temps en prenant des photographies des détails qui m'ont fascinée. Un hôpital est un monde tout en blanc comme un écran de cinéma sur lequel on projette toutes ses peurs», confie-t-elle Quant à Noureddine Ahmed, l'idée de son sujet a commencé comme tous les dimanches par un «express» dans son café habituel à quelques pas de chez lui. Mais ce dimanche-là, vers 10h00 du matin, une crise de migraine intense a bouleversé son programme et il a décidé de vaincre cette douleur intense par des prises de vues dont le sujet est justement ce malaise. C'est alors que le jeune photographe réalise sa série «Migraine vs photographie» De son côté, Mohamed Chermiti, s'interroge : «Qui n'a pas été attiré par les scènes vues sur le chemin d'une excursion ? A travers les fenêtres du bus, en allant pour une randonnée au nord-est de la Tunisie, j'ai vu des gens, adultes et enfants, vendant des fruits, allant à l'école ou rentrant des champs... une Tunisie loin de l'actualité. C'est leur regard qui m'a le plus impressionné». Le travail du jeune photographe tourne autour de ce qui l'a interpellé «Sur sa route». Il l'a capté, l'a immortalisé au grand plaisir du spectateur. Un beau travail, en somme. Il témoigne de l'émergence d'une génération de jeunes photographes prometteurs !