Par Jawhar CHATTY Quitter les sentiers battus est aujourd'hui un impératif lucide au moment où nos réserves en devises fondent à vue d'œil et que l'inflation pourrait bien à très court terme passer à deux chiffres. Les municipales focalisent l'attention de tous, sauf celle du peuple. Pour le peuple, la pertinence d'une telle échéance n'est pas claire. Quant à 2019, c'est encore trop loin. Il n'y pense même pas. Il ne sait peut-être même pas ce que cette date a d'important. Il n'a pas le temps de le savoir et d'y penser. Il est plongé dans ses petits soucis quotidiens : le pouvoir d'achat, les prix qui flambent, l'éducation des enfants, la violence à l'école, les menaces de grèves, la santé et les services de santé, le prêt bancaire à rembourser, les fins de mois difficiles et surtout cette grande appréhension de l'avenir. La classe politique est en campagne électorale. Pour les municipales, bien sûr, mais surtout pour après. Le pays semble en état de campagne électorale permanent. Nous avons, il est vrai, pendant très longtemps vécu sans élection de quoi que ce soit et de qui que ce soit, des élections libres et transparentes s'entend, mais une telle cadence d'échéances électorales si rapprochées les unes des autres risque de nous détourner de l'essentiel : l'impérieuse nécessité de la relance économique et sociale, l'obligation des réformes. La cartographie des attentes est immense. Celle des jeunes notamment qui attendent un changement de logiciel qui soit en phase avec leurs réelles aspirations. Ces aspirations dépassent l'enjeu des municipales tel que le pense et l'envisage la classe politique actuelle. Les grandes réformes structurelles semblent être en stand-by. Education, santé, transport, fiscalité, finances, régime des retraites et de sécurité sociale... Les grandes orientations aussi en termes d'investissement dans l'économie du savoir, dans les énergies renouvelables et l'économie verte que d'aucuns estiment être les véritables vecteurs de la croissance de demain et de notre réel et profitable arrimage à la mondialisation. Une grande réflexion devrait à cet égard être engagée, tout comme du reste une réflexion sur notre politique budgétaire et monétaire. Celle-ci a jusque-là été accommodante sans pour autant générer de la croissance ; pis elle a créé de l'inflation. Il y a urgence à agir, surtout que paraît-il pour nos grands partenaires stratégiques, pour le FMI et la Banque mondiale, le temps de l'indulgence est fini.