«Il est temps de décortiquer ce problème et d'apporter les solutions nécessaires en vue de lutter contre le fléau de la violence qui gangrène notre sport. C'est un boulet qu'on traîne et c'est pour cette raison qu'on a pensé à mettre en œuvre cette étude avec la participation des parties prenantes. La police à elle seule ne peut gérer ce problème», a affirmé Neji Jalloul, président de l'Ites «C'est une journée pour mettre les bases d'une étude qui sera élaborée par l'Institut tunisien des études stratégiques(Ites) sur un thème d'actualité, celui de la violence dans le sport, et tout particulièrement le football, selon une vision un peu globale. On cherche à la fin à voir des «stades amis», c'est pour cela qu'il faut réfléchir sur différentes pistes à travers lesquelles on peut soutenir un football fair-play et «démocratique», nous a déclaré le sociologue Mohamed Jouili, à l'occasion d'une conférence organisée hier par l'Ites et à laquelle ont pris part plusieurs acteurs du monde sportif en Tunisie, ainsi que des hauts cadres sécuritaires, des représentants du ministère de la Jeunesse et des Sports, des grands clubs du championnat national (EST, ESS, CA, CSS) et des groupes des supporteurs. Un grand chantier Comment faire le lien entre les deux champs démocratique et footballistique. C'est une équipe multidisciplinaire qui va travailler sur cette problématique, a expliqué le sociologue en question. Elle sera composée de juristes, de sécuritaires et de sociologues qui présenteront un «policy paper» contenant des pistes d'éclairage sur ce sujet en vue d'instaurer une nouvelle gouvernance du sport tunisien et assurer la relance du football tunisien en particulier. M. Néji Jalloul, président de l'Ites, a mis en exergue la nécessité de s'attaquer à ce grand chantier surtout sur le plan relationnel entre la police et les jeunes d'aujourd'hui qui fréquentent des stades devenus synonymes de défouloir pour ces derniers. On ne veut pas de solutions importées de l'extérieur, a-t-il préconisé, mais des solutions apportées par les Tunisiens et pour nos jeunes Tunisiens qui sont, malheureusement, en perte de repère. Il est temps de décortiquer ce problème et apporter les solutions nécessaires en vue de lutter contre le fléau de la violence qui gangrène notre sport. C'est un boulet qu'on traîne et c'est pour cette raison qu'on a pensé à mettre en œuvre cette étude avec la participation des parties prenantes .La police à elle seule ne peut gérer ce problème, a-t-il affirmé. Pour une approche globale et participative La violence des groupes dans les stades a pris le football tunisien en otage et risque de ternir l'image du pays. Toutefois, cette violence est un phénomène complexe qui nécessite une approche globale pour la circonscrire. La société tunisienne vit un changement radical depuis la révolution sur fond de transgression des lois, ce qui a contribué à la détérioration de la situation dans les stades, ont insisté les intervenants. La lutte contre le hooliganisme ne requiert pas seulement des mesures sécuritaires, selon les représentants des groupes des supporteurs. Il y a toujours ce sentiment de frustration après la confiscation des banderoles. Cela ne fait que catalyser la haine à l'encontre des policiers et exaspérer les esprits. Il faut arrêter de diaboliser les groupes de supporteurs, a martelé Seïfellah Ben Mesbah, représentant des groupes de l'Espérance Sportive. Et d'ajouter que ces groupes sont indépendants, répondant ainsi aux propos des représentants du ministère de l'Intérieur qui ont souligné le risque et le grave danger de manipulation de ces groupes. Le calvaire des sécuritaires et des arbitres Les sécuritaires ont, à leur tour, mis en valeur les réussites des forces de l'ordre au niveau de l'organisation des manifestations sportives et les grands sacrifices des policiers qui passent plus de 14 heures de travail au stade pour assurer la sécurité dans les stades lors des matchs de football. Toutefois, ce ne sont pas les unités de la police qui souffrent de cette situation et subissent de plein fouet les agressions. Il y a les arbitres aussi. Mokhtar Dabbous (arbitre) était là pour parler de l'incroyable pression exercée sur l'homme en noir, ce qui le contraint à tomber dans l'erreur. Comment se fait-il qu'un arbitre est tenu à se présenter devant la police judiciaire en raison d'une erreur commise lors d'un match de football?, s'est-il demandé. Il a dans ce même contexte pris en exemple la difficile situation par laquelle passe actuellement l'arbitre Karim Khemiri, l'arbitre du match Espérance Sportive de Tunis (EST)-Etoile Sportive du Sahel (ESS). Si on est vivant aujourd'hui, c'est grâce aux efforts des forces de l'ordre, a-t-il conclu. Plusieurs intervenants ont appelé au renforcement de la loi pour faire face à l'hydre de cette violence. Le représentant du ministère de la Jeunesse et des Sports a justement évoqué l'étude actuelle d'un projet de promulgation de la loi n°94-104 du 3 août 1994 portant organisation et développement de l'éducation physique et des activités sportives. Ce projet renforcera le volet de la prévention, a-t-il expliqué. La conférence a été riche en débats et en recommandations de la part des intervenants. L'étude de l'Ites sur la question de la violence dans les stades sera fin prête d'ici une dizaine de jours et remise à la présidence de la République, a confirmé M. Neji Jalloul.