L'interdiction judiciaire des stades et la possibilité de dissoudre les associations et les groupes de supporters seraient-elles des mesures fondatrices pour l'éradication de la violence? A bien des égards, on est aujourd'hui dans un environnement d'excès, de dépassement et de dérèglement. La violence dans les stades a pris une nouvelle tournure, puisque ce sont désormais les groupes de supporters d'une même équipe qui règlent leurs comptes dans les gradins. Ce qui s'est passé lors du dernier match de l'Espérance dans le cadre des éliminatoires de la coupe de la CAF montre que les principaux faits de violence relèvent surtout de délits graves, que la persistance d'incidents de ce genre confirme l'idée que la Tunisie est bien touchée par un hooliganisme de masse. A l'heure où les clubs deviennent de véritables multinationales qui drainent des enjeux financiers et économiques colossaux, il est regrettable de constater que les stades de football ne sont plus peuplés majoritairement de familles joyeuses et paisibles, que le football s'encombre de supporters bruyants, que la dégradation des biens publics s'intensifie, que la violence se transforme en incitation à la haine. La finalité purement préventive de la dissolution des groupes de supporters et des Ultras qui s'assimilent à des groupes de hooligans n'est plus par conséquent contestable. Il va falloir le supporter : la liberté d'association ne doit plus être une liberté particulièrement protégée. Les actes de violence répétés, commis par les supporters d'une même équipe, impliquent des causes, des enjeux et des degrés de gravité variés. Presque à chaque rencontre, on assiste à des actes de violence, de barbarie et de déprédation, avec recours systématique aux excès qui dépassent l'imaginaire et engendrent atteintes physiques et blessures, sans compter les dégâts matériels qui se chiffrent à des millions. Les amendes ne suffisent pas. Elles ne donnent rien, dans la mesure où le phénomène de la violence dans les stades a pris, ces dernières années, une ampleur telle qu'il devient urgent de s'y pencher sérieusement. Il s'agit d'un phénomène de société très grave, qui porte préjudice au développement du pays et à la sécurité des individus. La liste des incidents dans les stades s'étend, elle risque même de s'éterniser. C'est l'occasion de rappeler l'impératif et l'obligation de réprimer et éliminer les «pseudo-supporters» qui gangrènent le football. Il ne s'agit nullement d'une politique du ‘'tout-répressif'', mais de réhabiliter nos stades avec le triptyque ‘'identification-interpellation-sanction''. En Europe, les modèles de l'éradication du phénomène de la violence se poursuivent encore, mais ne se ressemblent pas. En Allemagne, par exemple, si on pense à la prévention et au dialogue avec les supporters, avec en parallèle une politique apaisée et efficace, la répression reste strictement réservée aux actes de violence les plus graves. Il n'en demeure pas moins que le pays connaît le meilleur taux de remplissage des stades et l'une des meilleures ambiances d'Europe. Coïncidence? Violence=hooligans En France et en Angleterre, l'intervention est plutôt basée sur l'éradication pure et simple des éléments perturbateurs. Les graves épisodes de violence engendrent systématiquement un durcissement de la répression envers tous les supporters sans distinction. Une politique qui pose question, mais qui a fini quelque part par payer. Mais de façon générale, les faits de violence répondent aux critères définissant un acte d'une particulière gravité, condition suffisante pour appliquer les décisions nécessaires et en finir avec l'impunité. Au fait, quelles sont les causes qui poussent les supporters d'une seule équipe à recourir à la violence ? Et quelles sont les solutions ? L'inadéquation des infrastructures sportives dans le déclenchement de la violence lors des matches. Cela nous renseigne davantage sur la vision du supporter que sur la situation de nos stades. Mais d'une façon générale, le hooliganisme est essentiellement dû aux problèmes sociaux et économiques, au chômage, au manque de moyens de loisirs et d'évasion. Le stade reste ainsi le seul endroit où les jeunes peuvent s'exprimer et extérioriser leur désarroi. L'interdiction judiciaire des stades et la possibilité de dissoudre les associations et les groupes de supporters seraient-elles par conséquent des mesures fondatrices pour l'éradication de la violence? En somme, dans les propositions susceptibles d'être avancées, on peut dégager deux orientations opposées : l'une intensifie la politique ultra-répressive, l'autre s'éloigne de cette stratégie et revendique la prévention et le dialogue avec les supporters. Mais ici et là, les instances du football et les pouvoirs publics sont plus que jamais dans l'obligation de trancher une fois pour toutes. L' installation de caméras à l'entrée et à l'intérieur des stades afin de surveiller les hooligans, la mise en place de haut-parleurs en vue de communiquer avec le public, l'adaptation des stades aux réalités actuelles, la plupart ont été construits depuis longtemps et n'offrent plus de garanties sécuritaires (portails, démographie, etc.), l'amélioration des sorties en vue de permettre l'évacuation rapide du public, l'adoption d'une loi interdisant ces actes en appliquant des peines sévères, le fichage des supporters sont autant de recommandations susceptibles d'aider à stopper les fauteurs de troubles et de rétablir le caractère familial des matches de football...